Les circonscriptions « francophones » dans le Nord en question

Le président de l'AFO, Carol Jolin. Crédit image: Patrick Imbeau

TIMMINS – Les élections provinciales de 2018 en Ontario se dérouleront avec au moins 15 sièges de députés supplémentaires. Les francophones espèrent y trouver leur compte. Dans ces conditions, le possible découpage du comté de Timmins-Baie James dans le Nord en deux circonscriptions est observé de près.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a diffusé un communiqué dans ce sens, jeudi 13 juillet. L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens appuie les premières recommandations de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales du Grand Nord (CDCEGN), dont le rapport rendu public le 10 juillet, privilégie de scinder Timmins-Baie James en deux.

Grosso modo, de cette vaste circonscription de 248 000 km2 pourrait découler un comté nommé Mushkegowuk dans la partie Nord, tandis que le Sud de l’actuelle circonscription serait donné à Timmins.

« Nous appuyons les recommandations, car elles donneraient un nombre de francophones plus élevé à l’Assemblée législative de l’Ontario », croit le président de l’AFO, Carol Jolin.

Éviter une division des francophones

Unique inquiétude pour l’organisme : la capacité de ces recommandations à être validées par le gouvernement. Dans le cas contraire, des obstacles pourraient se dresser contre les Franco-Ontariens. « On ne voudrait  pas que le découpage de la circonscription de Timmins-Baie James s’appuie sur la frontière naturelle de la route 11. Il y a des villages des deux côtés de cette frontière, et cela diviserait les francophones. »

Sous la houlette du député néo-démocrate Gilles Bisson depuis 1999, Timmins-Baie James est, avec ses quelque 24 000 francophones, la cinquième circonscription de l’Ontario en termes de population de Franco-Ontariens.

Autre circonscription passée sous la loupe des cartographes : Kenora-Rainy River, dans le Nord-Ouest de la province.

Là encore, la CDCEGN recommande que ce territoire se transforme en deux circonscriptions. La situation parait ici moins inquiétante, Kenora-Rainy River étant moins marquée par le fait francophone que Timmins-Baie James. C’est d’ailleurs la députée néo-démocrate et anglophone Sarah Campbell qui règne sur ce comté depuis 2014.

Le mauvais souvenir de la Nouvelle-Écosse

Si l’AFO cherche à anticiper d’éventuelles failles dans le découpage, c’est aussi parce que le mot final reviendra bien au gouvernement. Et le sceptre des délimitations en Nouvelle-Écosse plane encore au-dessus des francophones en contexte minoritaire.

En 2012, le gouvernement néo-démocrate de l’époque n’avait pas tenu compte du rapport d’étape d’une commission qui recommandait, entre autres, de maintenir les circonscriptions acadiennes protégées de Clare, Argyle et Richmond et la circonscription afro-néo-écossaise de Preston pour des raisons géographiques et historiques.

Cinq ans après, la question des circonscriptions acadiennes protégées n’est toujours pas réglée. Les Acadiens de Nouvelle-Écosse attendent toujours un geste du gouvernement, dorénavant libéral, pour changer le découpage.

Dans son rapport, la CDCEGN précise que son mandat est « de faire des recommandations à l’Assemblée législative de l’Ontario sur la création d’au moins une et d’au plus deux circonscriptions électorales provinciales supplémentaires dans les zones géographiques actuellement occupées par les CEP de Kenora-Rainy River et de Timmins-Baie James ».

Conformément à son mandat, la CDCEGN a tenu des consultations publiques en mai et juin, et présentera son rapport final au procureur général de l’Ontario le 1er août au plus tard.

Le gouvernement présentera une loi de mise en œuvre des recommandations finales de la Commission, avant le 30 octobre 2017.