OLG : des employés en lock-out hèlent Queen’s Park

Une centaine d’employés en lock-out de l'hippodrome Rideau-Carleton à Ottawa ont demandé l'intervention de Queen’s Park, le 9 mars. François Pierre Dufault

TORONTO – Les employés en lock-out de la Société des loteries et des jeux de l’Ontario, l’OLG, à l’hippodrome Rideau-Carleton à Ottawa demandent au gouvernement libéral de Kathleen Wynne de mettre la pression sur leur employeur pour faire aboutir le conflit de travail qui dure depuis la mi-décembre.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Une centaine d’employés des machines à sous de l’OLG à l’anneau équestre du sud rural d’Ottawa se sont rendus à Queen’s Park pour demander une intervention du gouvernement, mercredi 9 mars.

« Nous disons depuis après les Fêtes que la seule solution, c’est que la première ministre Kathleen Wynne donne une indication claire à l’OLG de résoudre cette dispute », explique Larry Rousseau, de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), le syndicat qui représente les employés en lock-out à Rideau-Carleton. « Il n’y a rien qui bouge », déplore-t-il à #ONfr.

L’OLG a poussé sur le trottoir les 124 employés responsables des machines à sous au casino ottavien à la mi-décembre, après que ceux-ci eurent refusé une offre finale de l’employeur qui prévoyait, entre autres, une hausse salariale de 1,75% dans deux ans et la fin des garanties sur les pensions.

« Les pensions ne devraient pas être sur la table. Surtout si nous suivons la logique de ce gouvernement qui parle toujours de l’importance d’offrir des bonnes pensions », affirme M. Rousseau. « C’est immense », fustige-t-il. « C’est comme (négocier) avec le pistolet sur la tempe. »

Le sort des syndiqués de l’OLG à Rideau-Carleton a aussi été évoqué dans la Législature, le 9 mars.

« Ce gouvernement promet un revenu de retraite sûr grâce à (son projet de régime provincial d’épargne-retraite) pour tous les Ontariens mais, en même temps, il ferme les yeux sur les coupes d’OLG au régime de retraite de ses travailleurs », a brandi Cindy Forster, députée néo-démocrate de Welland, pendant la période de questions.

Perte de revenus

Les installations de jeu de l’OLG à l’hippodrome Rideau-Carleton ont vu leurs profits fondre de 1 million $ au premier trimestre de 2016 par rapport à la même période, l’an dernier.

La progressiste-conservatrice Lisa MacLeod, qui représente la circonscription de Nepean-Carleton où est situé l’anneau équestre, croit qu’il y anguille sous roche. « Tout indique que l’OLG n’est plus intéressée à exploiter (son casino à) l’hippodrome Rideau-Carleton comme une entreprise viable », a-t-elle fait valoir à #ONfr. « Ça n’a pas de sens que l’OLG soit prête à perdre des revenus de 1 million $ par rapport à l’an dernier pour payer ses employés moins bien au final. »

Mme MacLeod se demande si l’OLG n’est pas en train de rationaliser ses activités à Rideau-Carleton pour rendre le site plus alléchant à l’entreprise privée, ou pour relancer un projet de casino au centre-ville d’Ottawa, évoqué dans le cadre d’un vaste plan de « modernisation » de la société d’État provinciale en 2012 puis avorté l’année suivante.

« Il y a ici tout l’enjeu de la privatisation. On l’a vu partout ailleurs, aux États-Unis notamment, où il y a eu des privatisations, ce sont les salaires et les pensions aussi qui ont souffert », s’est inquiété à son tour M. Rousseau, de l’AFPC. « C’est très inquiétant et ce n’est certainement pas dans le meilleur intérêt de nos membres ».

Le gouvernement libéral à Queen’s Park a tenté de calmer le jeu.

« C’est à la Ville d’Ottawa de décider et (le conseil municipal) a déjà dit clairement qu’il n’en voulait pas d’un casino au centre-ville. Là n’est pas l’enjeu », a voulu tempérer le grand argentier Charles Sousa. « Nous voulons aider les machines à sous. Nous voulons protéger les emplois. Nous voulons voir de nouveaux investissements. C’est ce que la modernisation (de l’OLG) va nous apporter. »

Le clan Wynne n’est toutefois pas prêt à s’immiscer dans le dossier de Rideau-Carleton. « L’OLG est prête à retourner à la table des négociations. Il faut relancer le processus. J’encourage toutes les parties à se parler », a dit M. Sousa à sa sortie de la Législature.

La société d’État provinciale semble, de son côté, se préparer pour un conflit de travail d’encore quelques mois. Elle a récemment publié des offres d’emplois pour une dizaine de « superviseurs » non-syndiqués pour ses installations à Rideau-Carleton pour une période de 16 semaines.

L’AFPC croit pour sa part que l’OLG cherche à embaucher des briseurs de grève pour remplacer ses employés en lock-out à Ottawa et a déposé une plainte contre l’entreprise devant les tribunaux pour « pratique déloyale ». Larry Rousseau déplore par ailleurs qu’il n’y ait pas de loi en Ontario pour interdire les scabs.