À Kapuskasing, des retrouvailles et de l’émotion dans un foyer de soins de longue durée

Sylvie Bélisle estime que l'isolation a eu des conséquences néfastes pour sa mère de 82 ans. Crédit image : Didier Pilon

KAPUSKASING – Après trois longs mois, les résidents du foyer de soins de longue durée, le Manoir North Centennial, peuvent finalement revoir leur famille. Mais les visites sont assujetties à des lignes directrices de santé et de sécurité que certains trouvent parfois trop restrictives.

Sylvie Bélisle n’avait pas vu sa mère de 82 ans depuis la mi-mars. Elle dénonce les mesures de sécurité entreprises qu’elle juge « inhumaines ».  

« À mon avis, notre gouvernement est en train de tuer nos personnes âgées pour les sauver de la COVID », s’exprime-t-elle, pleine d’émotion. « C’est complètement insensé! »

Bien qu’elle se réjouisse d’avoir pu voir sa mère aujourd’hui, elle juge que les restrictions sont bien trop sévères.

« Ils auraient pu mettre quelque chose en place pour nous laisser visiter quand même lors des derniers mois », affirme la Kapuskoise.

Le Manoir North Centennial à Kapuskasing. Crédit image : Didier Pilon

« Ça fait trois mois que ma mère n’a pas vu de famille. Quand ma mère m’a reconnue, elle s’est mise à pleurer. Elle s’est endormie dans mes bras en pleurant », raconte-t-elle en retenant ses propres larmes. « C’est triste ça. »

La mère de Mme Bélisle a la maladie d’Alzheimer et souffre de démence. Les derniers mois ont été particulièrement difficiles pour elle, selon sa fille.

« Elle a détérioré énormément », raconte Mme Bélisle. « Ça démontre à quel point la famille est importante pour la santé. »

Interdiction d’entrer dans l’édifice

Pour sa part, Normand Turmel se dit bien content d’avoir finalement pu voir sa mère aujourd’hui.

« C’est la première fois que je la vois en neuf mois », raconte-t-il. « J’étais en Arizona pour l’hiver. Je suis sorti de là le 25 mars et j’essaye de venir la voir depuis ce temps-là, mais on ne pouvait pas. »

Normand Turmel est un artiste-peintre qui est venu visiter sa mère. Crédit image : Didier Pilon

Puisque les visiteurs ne peuvent toujours pas entrer dans l’établissement de soins de longue durée, le Manoir a installé une table et des chaises dans une tente érigée devant l’entrée principale.

M. Turmel aimerait toutefois que les installations d’accueil soient mieux adaptées au climat incertain de Kapuskasing.

« C’est de valeur que ce ne soit pas vitré », note-t-il. « Avec le vent et la pluie, il ne fait pas chaud dehors aujourd’hui, surtout pour une femme de 95 ans. J’espère qu’il fera soleil la prochaine fois. »

Les résidents doivent sortir de l’édifice pour rencontrer leurs visiteurs dans cette tente. Crédit image : Didier Pilon

Les restrictions d’une visite par semaine par résident sont aussi un peu strictes, selon lui. Il aimerait que sa mère puisse recevoir des visiteurs plus souvent.

« J’ai pris mon test la semaine dernière, donc là je suis bon pour deux semaines », raconte-t-il. « Ensuite c’est le tour des autres. On est quatre enfants qui veulent venir, donc il faudra que j’attende huit ou neuf semaines pour revenir. »

Le souci d’une deuxième vague

« Je comprends que bien des gens soient tannés des mesures de sécurité, surtout dans notre région où il n’y a plus de cas actif confirmé », laisse entendre l’administrateur du manoir, Claude Tremblay.

Il précise néanmoins que le Manoir se doit de suivre les lignes directrices qui proviennent du ministère de la Santé.

Claude Tremblay, administration du Manoir North Centennial à Kapuskasing. Crédit image : Didier Pilon

« C’est sûr qu’on a hâte de pouvoir passer à la prochaine étape et de laisser les visiteurs venir plus souvent et entrer dans l’édifice », note l’administrateur. « Mais c’est important de continuer les bonnes habitudes afin de prévenir une deuxième vague. »

Selon lui, les visites virtuelles ont permis de garder le moral des résidents lors des derniers mois.

« Mais c’est sûr que ce n’est pas la même chose que voir du monde en personne », concède-t-il. « Ça fait du bien de revoir les familles au Manoir. »