À quand notre gouvernement activiste?

La chef libérale Kathleen Wynne n'a pas livré la marchandise, selon Serge Miville. Archives #ONfr

[CHRONIQUE]

Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a été élu il y a un an et demi sous la promesse de justice sociale et d’activisme. Pour la première fois de l’histoire canadienne, une femme ouvertement gaie devenait première ministre d’une province. Mme Wynne nous assurait alors, qu’après des années sous la gouverne de Dalton McGuinty dont le gouvernement a multiplié les bévues et les scandales, son gouvernement allait recadrer les politiques du gouvernement pour qu’elles soient plus près des besoins des Ontariennes et des Ontariens. 

SERGE MIVILLE
Chroniqueur invité
@Miville

Mais jusqu’à présent, ce « nouveau » gouvernement libéral n’a pas adopté de nombreuses politiques qui entrent en faveur de la justice sociale. La décision la plus progressiste de ce gouvernement demeure, jusqu’ici, la libéralisation sélective de la vente de boissons alcoolisées. Celle-ci demeure toutefois limitée aux magasins de grandes surfaces, laissant de côté les petites entreprises.

La politique la plus punitive pour l’Ontario demeure la vente progressive de Hydro One, le distributeur ontarien d’électricité qui rapporte plusieurs millions par année aux coffres de l’État. Les citoyens peuvent s’attendre à des augmentations de prix de distribution de l’électricité alors que le secteur privé, dont le seul intérêt demeure les profits, va pouvoir influencer les politiques de l’entreprise sans avoir recours à des lobbyistes.

Sur le front du Règlement XVII, le gouvernement a inexplicablement tergiversé. Bien que l’Ontario ait finalement confirmé qu’il s’excuserait auprès des Franco-Ontariens, la confusion qui a entouré la date de ces excuses ne s’explique pas.

Qui plus est, la province a beau présenté des excuses, elle ne s’engage pas en guise de réparation historique d’investir davantage dans l’éducation ou des services en français dans la province. Pire, le dossier de l’université francophone semble être l’enjeu où le gouvernement a fait preuve du plus grand mépris.

Lors de la journée d’action du 18 février passé à Queen’s Park, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur a ainsi pu dire aux manifestants : « quand on est jeune, on est impatient et on veut des solutions rapides ».

Une telle réponse manque de respect auprès de la communauté franco-ontarienne qui, à travers le RÉFO et ses partenaires, a longuement étudié la question.

La province, qui n’est pas habituée à de telles pressions de la part de ses citoyens francophones, ne semble pas avoir de plan sur ce point. Or, même le chef de l’opposition progressiste-conservatrice, Patrick Brown, affirme qu’une université de langue française est une suite logique. De quoi faire trembler les militants de Mme Wynne.

Aujourd’hui, il est donc difficile de dire que le gouvernement de Mme Wynne a livré la marchandise. C’est doublement le cas auprès des Franco-Ontariens qui se font accueillir avec des oreilles sourdes.

On peut en conclure que les libéraux, usés pas le pouvoir, n’ont visiblement pas réussi à se renouveler.

Serge Miville est chargé de cours en histoire à l’Université Laurentienne.

Note : Les opinions exprimées dans les chroniques publiées sur #ONfr n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position de #ONfr et du Groupe Média TFO.