À Sudbury, l’opération séduction de Doug Ford

Doug Ford au Collège Cambrian à Sudbury. Crédit image: Didier Pilon

SUDBURY – Pour la première fois depuis qu’il est chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, Doug Ford était de passage à Sudbury. Un discours qui a particulièrement motivé les membres de la Ford Nation réunis dans la pièce du Collège Cambrian. Parmi eux, des francophones.

DIDIER PILON
dpilon@tfo.org | @DidierPilonONFR

André Grandchamps, un citoyen francophone du Grand Sudbury qui a assisté au discours, avoue être séduit par le style de communication terre-à-terre du leader conservateur.

« Il me semble très sincère », a insisté M. Grandchamps. « Il comprend qu’on a besoin d’un style de communication ascendante en Ontario. La communication descendante, ça ne marche plus. Ça ne marche plus avec les compagnies privées; ça ne marche plus avec les politiciens. Il faut écouter les gens, et c’est précisément ce que M. Ford fait. »

M. Grandchamps avoue tout même que Doug Ford a du chemin à faire avec la communauté franco-ontarienne.

« Une recommandation que je lui ferais », s’est exprimé M. Grandchamps, « ça serait de parler plus des francophones. Ce n’est pas un groupe marginal. C’est des gens qui ont besoin d’une voix. Mais c’est un gars à l’écoute, donc je suis sûr qu’il va s’adapter. »

En effet, M. Ford n’a pas fait mention de la communauté francophone lors de son discours à Sudbury, une municipalité qui compte plus de 40 000 Franco-Ontariens.

Georges Demers, un francophone de Verner qui dit avoir voté conservateur toute sa vie, juge que la question n’est pas particulièrement pertinente.

« Ça ne me dérange pas qu’il n’ait pas parlé des francophones », a avoué M. Demers. « Ce n’est pas un problème sérieux. Les francophones n’ont jamais eu à se débattre. J’ai fait une carrière de 32 dans l’équipement lourd pour une compagnie anglophone, et je n’ai jamais eu de problème. Être francophone et du Nord de l’Ontario, ça ne m’a jamais préoccupé. »

Un manifestant dans la foule

À l’entrée de la pièce, Matt Charron, un manifestant solitaire, brandissait une pancarte sur laquelle il était écrit que « Doug Ford est contre le salaire équitable, la protection de l’environnement et l’éducation sexuelle ».

Alors que plusieurs participants ont approché M. Charron pour discuter avec lui, bien d’autres lui ont lancé des insultes. Le manifestant est resté calme alors qu’un participant, irrité par sa présence, lui a lancé « Trouve-toi un emploi, espèce d’idiot! »

« Je n’ai pas l’intention de perturber quoique ce soit », a affirmé M. Charron. « Je souhaite simplement parler aux sympathisants du Parti progressiste-conservateur de sujets qui me tiennent à cœur, tels que l’accès aux soins de santé. Je crois que s’ils en apprennent plus à ces sujets, ils voteront peut-être pour un autre candidat. »

Alors que les gardes de sécurité ont approché M. Charron à plusieurs reprises pour lui demander de quitter les lieux, il a insisté que son « message sera beaucoup plus efficace » là où il était. Les gardes de sécurité n’ont pas donné suite à leurs menaces de l’escorter hors de la pièce ou de décaler le discours de M. Ford jusqu’à ce qu’il parte.

Responsabilité fiscale

Sans surprise, le discours de M. Ford a été basé sur la responsabilité fiscale, et une meilleure communication avec les électeurs.

« Comme je l’ai dit à Mme Wynne : la fête avec l’argent des contribuables est finie », s’est exclamé M. Ford. L’idée que la première ministre Wynne dépense librement l’argent des contribuables était au cœur de son discours. Il a de plus répété ses promesses de renvoyer le PDG d’Hydro One, ainsi que tout le conseil d’administration.

« J’ai une philosophie très simple dans la vie : je m’entoure de gens compétents et j’écoute ce qu’ils ont à me dire », a déclaré le chef conservateur. Il a répété à maintes reprises qu’il faut écouter les gens de tous les domaines, donnant comme exemple les médecins, les infirmiers et les employés du secteur minier.