Alain Dupuis ou l’ascension progressive dans la francophonie

Le directeur général de la FCFA, Alain Dupuis. Crédit image: Patrick Imbeau

[LA RENCONTRE D’ONFR]

OTTAWA – Considéré comme l’un des jeunes leaders (30 ans) de la francophonie ontarienne et canadienne, Alain Dupuis célébrera, en mai, sa première année en tant que directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada. Auparavant, c’est en tant que directeur du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) qu’il s’est fait un nom dans la communauté franco-ontarienne. Portrait d’un homme au regard tourné sur la francophonie.

PASCAL VACHON
Collaboration spéciale
pvachon@tfo.org 

« Expliquez-nous votre portrait familial, vous semblez avoir une famille très impliquée dans la francophonie?

Oui, exactement. Mon père a toujours été très impliqué à Sudbury dans les clubs Richelieu, j’ai un frère jumeau qui est très impliqué et mon frère aîné Serge est maintenant historien de la francophonie canadienne, alors on a une famille très impliquée et qui s’intéresse à la francophonie.

 Si vous pouviez définir le combat de la francophonie en un mot, quel serait ce mot et pourquoi?

Résilience, c’est un mot qui signifie pour moi que ce n’est pas facile de vivre quotidiennement en français, mais si’il y’a une chose qu’on a en commun avec nos ancêtres et nos communautés francophones aujourd’hui, c’est cette résilience-là qui fait en sorte que la communauté ne se décourage pas et qu’elle surmonte les défis et propose des nouvelles idées. C’est aussi un mot que je vois partout dans toutes les communautés francophones au pays. On (les francophones) est une communauté têtue et heureusement qu’on l’est.

Vous avez créé le Regroupement étudiant franco-ontarien en 2009, qu’est-ce qui vous a amené à vouloir créer cet organisme?

Lorsque que je suis arrivé à l’Université d’Ottawa, j’ai vraiment senti qu’il y avait une absence pour parler des défis des étudiants francophones au post-secondaire. Il y avait des organismes qui se disaient bilingues, mais c’était seulement vrai sur papier. Il n’y avait personne qui nous représentait. On a donc décidé qu’on allait tout simplement créer ce réseau-là.

Cela fait maintenant un an que vous avez rejoint la FCFA, qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre cet organisme?

La FCFA a toujours été un organisme qui défendait nos droits au niveau national. Je le regardais comme citoyen et je voyais aussi le besoin de le moderniser et de le rapprocher du public. Mon implication communautaire m’a amené à vouloir contribuer à la FCFA, un organisme que je respectais beaucoup. La dernière année a été très mouvementée, ça a été énormément d’apprentissage. Je pense qu’on a réussi à renforcer la solidarité entre les organismes et on a fait près de 100 rencontres sur la colline Parlementaire. J’en suis très fier.

Quelle est votre opinion sur le Plan d’action pour les langues officielles que vient de dévoiler le gouvernement fédéral?

Je pense que c’est un bon rattrapage. Ça va nous donner de l’oxygène. Nos organismes étaient fragiles en raison des faibles budgets qui n’avaient pas augmenté depuis une dizaine d’années. Le Plan d’action amène des nouveaux investissements pour aider tous ces organismes à vivre en milieu minoritaire. Est-ce que c’est assez? Probablement pas. Il faut continuer à augmenter le financement pour qu’il n’y ait pas juste un rattrapage, mais qu’on puisse investir davantage. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais le Plan d’action est déjà un levier important pour nos organismes.

Quelle est la journée typique d’un directeur général de la FCFA?

Il n’y en a pas de journée typique! Il y’a des journées où ce sont des rencontres avec des groupes francophones ou peut-être, sur la colline Parlementaire pour rencontrer des ministres et des députés afin de transmettre des messages. On assiste à des assemblées générales ou à des conférences de presse… C’est un travail extrêmement intéressant parce que ça bouge et que c’est différent tous les jours. Ce n’est pas monotone!

De gauche à droite, Alain Dupuis, directeur général de la FCFA, Jean Johnson, président de la FCFA et Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles du Canada. Crédit image : Stéphane Bédard

Comment se passe votre relation avec Jean Johnson, le président de la FCFA?

C’est un très beau partenariat. On se complète bien, on réussit toujours à se mettre d’accord sur une vision. Jean a une expérience de longue date dans la francophonie. C’est un gars qui a des idées ambitieuses, alors que de mon côté, j’amène un bagage d’une autre génération, mais aussi plus administratif. Ça va très bien, on forme un bon combo.

Quel sera le gros dossier que la FCFA va suivre et regarder de près dans les prochains mois?

La FCFA a demandé à ce que la Loi sur les langues officielles soit modernisée. C’est vraiment le gros dossier qu’on va devoir porter ensemble d’ici les deux-trois prochaines années. On doit s’assurer que le gouvernement fédéral modernise cette loi-là pour solidifier la place de la francophonie au pays.

Alain Dupuis (au centre) en compagnie de Soukaina Boutiyeb et d’Ajà Besler. Crédit image : Patrick Imbeau

Quel portrait de la francophonie aimeriez-vous voir à long terme?

J’aimerais voir un réseau francophone renouvelé où on a des organismes qui se sont diversifiés en intégrant d’avantage les jeunes, les femmes et la diversité culturelle. Un réseau plus fort au niveau politique et dans l’espace public qui sera valorisé par l’ensemble des Canadiens et non juste les francophones.

En terminant, si vous étiez à la place de Justin Trudeau, quelle serait votre première mesure pour les francophones?

Je pense que ça serait de reconnaître publiquement les défis des communautés francophones, d’encourager tous les ministères et tout l’appareil fédéral dans chacune de leurs politiques publiques pour qu’ils réfléchissent à leur impact sur les communautés francophones à travers le pays. Si on prend des mesures spécifiques pour y répondre, ça voudrait dire que le premier ministre s’engage envers la modernisation et la bonne éducation sur la Loi sur les langues officielles. »


LES DATES-CLÉS D’ALAIN DUPUIS

1988 : Naissance à Sudbury

2009 : Cofonde le RÉFO

2012 : Devient directeur général de la RÉFO

2017 : Devient directeur général de la FCFA

Chaque fin de semaine, #ONfr rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.