Alain Rayes quitte le Parti conservateur suite à l’élection de Pierre Poilievre

L'ancien porte-parole conservateur en matière de Langues officielles, Alain Rayes quitte la formation politique. Source: Facebook, Alain Rayes

OTTAWA – Le député québécois et ancien porte-parole aux langues officielles Alain Rayes quitte le Parti conservateur du Canada (PCC).

Il siégera désormais comme indépendant. Après l’élection de Pierre Poilievre samedi comme chef conservateur, le politicien a expliqué ne plus se retrouver dans certains enjeux de la formation politique à laquelle il appartient depuis 2015.

Dans un message publié sur YouTube ce mardi, il explique que ces enjeux concernent notamment la loi et l’ordre, la protection des institutions démocratiques et la gestion des finances publiques.

« Il y a des enjeux, il y a des valeurs, il y a des convictions, pour moi. Je ne peux faire aucun compromis. Je crois profondément qu’à titre de politiciens nous avons l’obligation de protéger ces valeurs qui nous sont si chères dans ce beau pays », a indiqué celui qui s’était rangé derrière Jean Charest lors de la course au leadership.

Il indique que cette décision fait suite à une réflexion amorcée après la victoire de Pierre Poilievre. Toutefois, pour ce dernier, Alain Rayes « a décidé de ne pas combattre l’inflation de Justin Trudeau ».

« Les citoyens du comté d’Alain Rayes sont d’accord. Ils ont voté pour moi dans la course à la chefferie. Je pense que tous les conservateurs qui restent sont du même avis. Il faut contrer l’inflation de Justin Trudeau parce que les Canadiens ne peuvent plus payer les factures », a-t-il soutenu en conférence de presse mardi après-midi.

Pierre Poilievre avait battu avec un total de 358 points (53%), Jean Charest qui en avait récolté 280 (42%) dans la circonscription de M. Rayes, Richmond-Arthabaska.

Une perte pour la francophonie

Il s’agit d’un affaiblissement pour la formation politique en termes de langues officielles. Alain Rayes était l’un des poids lourds en termes de francophonie et de langues officielles et multipliait les présences que ce soit au sein des comités parlementaires ou encore auprès des organismes de la francophonie canadienne au cours des dernières années.

Il a aussi été le lieutenant au Québec sous la gouverne de l’ancien chef Erin O’Toole. En entrevue avec ONFR+ au lendemain de la victoire de M. Poilievre, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) Liane Roy qualifiait d’allié le député désormais indépendant.

« Au niveau du Parti conservateur, il y avait des députés qui étaient très forts et qui comprenaient très bien les enjeux et les besoins d’amendements au projet de Loi C-13, dont Joël Godin et Alain Rayes », affirmait-elle.

Il ne s’agit pas d’une surprise alors que l’élu avait indiqué à La Presse cet été avoir de sérieuses craintes par rapport à la venue de M. Poilievre à la tête du parti. Dans son message mardi, il dit d’ailleurs s’inquiéter du climat politique sur les réseaux sociaux.

« Beaucoup de citoyens m’interpellent par rapport à la façon dont les politiciens se comportent entre eux lorsqu’ils échangent sur des enjeux… Avec un discours qui malheureusement est devenu toxique, un discours qui est devenu irrespectueux, hargneux, haineux et même menaçant à certains moments. »

Une nouvelle équipe rapprochée pour Poilievre

Quelques heures plus tôt, Pierre Poilievre avait annoncé l’identité de sa garde rapprochée dont fait partie le député de l’Est ontarien Eric Duncan. Le représentant francophile de Stormont-Dundas-South Glengarry sera chargé de la liaison entre le caucus et le parti.

Cette équipe comporte aussi les députés québécois Pierre-Paul-Hus, comme lieutenant aux Québec et Luc Berthold, qui sera l’adjoint de l’ancien chef Andrew Scheer, nommé leader de la Chambre pour le PCC. L’ancienne critique aux transports et députée de Thornhill, Melissa Lantsman héritera des fonctions de cheffe adjointe en compagnie du député albertain Tim Uppal.

Le nouveau chef doit annoncer dans les prochains jours l’identité du reste de son cabinet fantôme.