Ama Ouattara capture la présence afro-ottavienne en images

L'ariste Ama Ouattara (Sébastien Lavallée). Montage ONFR+.

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Ama Ouattara se dit chasseuse d’images, globe-trotteuse et passionnée de culture. La jeune femme de 24 ans s’est investie d’une mission : rendre hommage aux personnes influentes de la communauté afro-canadienne francophone à Ottawa, de leur vivant. La jeune auteure et photographe fait de la représentativité son cheval de bataille. Elle nous explique son cheminement de militante culturelle.

QUI EST AMA OUATTARA?

« J’ai grandi en Côte d’Ivoire avec ma famille. Mon père, en particulier, a eu une grande influence sur ma façon d’appréhender le monde. Il n’a pas vraiment été à l’école. Tout ce qu’il sait faire, il l’a appris de façon autodidacte.

Mon père m’a toujours dit qu’il fallait oser, que cela ne servait à rien d’avoir peur, que le mot « non » ne voulait pas dire grand chose.

Selon lui, l’important c’est que quoi que j’essaye, il faut que j’aille jusqu’au bout, quitte à me tromper et recommencer. C’est ce qui guide ma vie. C’est lui qui m’a transmis cette force de caractère et cette résilience que j’ai en moi. J’ai toujours été audacieuse.

Gracieuseté : Ama Ouattara.

VOS DÉBUTS DANS LA PHOTOGRAPHIE?

La toute première photo que j’ai prise, c’était une photo de famille. J’étais encore une enfant. Je me suis toujours intéressée au médium visuel et la photo s’y prêtait bien donc je me suis lancée.

L’oralité est très présente dans la culture africaine donc j’avais envie de figer les instants dans le temps, de capturer des moments candides qu’on ne peut pas conserver juste avec des paroles.

Au vu de l’histoire des afro-descendants francophones encore méconnue ou mal représentée au Canada, il est important de créer des archives, et je voulais contribuer à ça.

Par ailleurs, j’ai poursuivi des études à UOttawa en relations publiques et communication, mais j’avais envie de faire quelque chose qui y ait rapport avec la photographie, de l’ordre du reportage ou quelque chose comme ça.

Le fait d’être partie à Rotterdam aux Pays-Bas en programme d’échange interuniversitaire pendant un an, et puis d’avoir fait beaucoup de bénévolat dans le milieu culturel à mon retour à Ottawa, ça m’a permis de toucher à différentes choses, et donc de trouver ce que je voulais vraiment faire.

L’artiste Ama Ouattara. Crédit image : Courtoisie Ama Ouattara.

QU’EST-CE QUI VOUS INSPIRE?

À l’occasion du 3e salon du livre afro-canadien qui s’est tenu en 2019 avant la pandémie, j’ai eu la possibilité de rencontrer l’Honorable Michaëlle Jean, ancienne gouverneure. Je me souviens encore de ce qu’elle avait dit : « Je suis très fière de dire que je suis née en Haïti, là où, au bout de plus de trois siècles de traite infâme, les esclaves ont été les premiers à briser leurs chaînes. »

Ses propos m’avaient grandement touché et fait penser à ce que les afro-descendants ont fait et continuent de faire pour que la communauté avance. Ce qu’elle avait dit avait permis de planter les premières graines qui ont mené à ce livre, et dont l’objectif est de célébrer les succès et réalisations effectuées dans la communauté afro-ottavienne. Car, nous faisons aussi partie du patrimoine culturel canadien et francophone.

L’artiste Ama Ouattara. Crédit image : Stefan Kemilev.

UN MOMENT IMPORTANT DE VOTRE CARRIÈRE?

J’ai eu l’opportunité de travailler aux côtés de l’artiste Yao en tant que directrice de tournée pan-canadienne pendant un an. Ceci m’a permis de découvrir la richesse de la culture francophone à travers le Canada, car on était beaucoup sur la route, mais aussi et surtout d’aiguiser mon regard.

En effet, chemin faisant, j’ai commencé à documenter nos voyages. Quelque part, c’est ce qui a propulsé mon désir de capturer, par le biais de mon appareil photo, les moments inédits qu’on a vécu. C’est comme ça que je me suis petit à petit spécialisée dans la photographie documentaire.

Crédit image : Sébastien Lavallée

VOTRE PLUS GRAND SUCCÈS DE 2020?

Je viens de publier mon premier livre, Djiribo : la petite histoire pour galvaniser les troupes. Il s’agit d’un livre photographique préfacé d’un texte d’introduction et composé de 64 photos agrémentées de poèmes.

Avec cet ouvrage, j’ai envie de montrer la résilience de la communauté afro-descendante d’Ottawa et de mettre en avant notre héritage culturel.

Le titre Djiribo qui signifie récit ou fable dans les langues nigéro-congolaises, met en avant l’engagement social et communautaire des personnes d’ascendance africaine et de leurs alliés dans la région de la capitale nationale, depuis les quartiers de la basse-ville en passant par le Muséoparc Vanier.

Pour mieux aller à la rencontre de l’autre, il faut se connaitre donc c’est ma façon à moi de souligner la contribution de la communauté à la société dans son ensemble, dans l’espoir que ce livre aidera à créer des ponts. »

Source : Courtoisie Ama Ouattara.

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Chaque dimanche, ONFR+ vous propose sa série culturelle, MOSAÏQUE. Une invitation à découvrir le visage pluriel de l’Ontario français et à célébrer la richesse de la diversité artistique francophone de la province, à travers sept portraits d’artistes éclectiques.