Avez-vous déjà remarqué une barre centrale au milieu d’un banc ? Ou encore des pics de métal sur le rebord d’une fontaine ? Bien qu’elle passe souvent inaperçue, l’architecture défensive ou hostile est bien présente dans l’espace public.
À Toronto, l’initiative #Mapping Defensive TO fait appel aux citoyens pour documenter la présence du design urbain défensif. Après être allée à la rencontre de la fondatrice de DefensiveTO, Cara Chellew, l’équipe d’ONFR+ a voulu en savoir plus sur les gens qui mettent en place ce type de design. L’architecte urbain Claude Cormier a bien voulu nous partager sa perspective sur le sujet.
EMILY MACRAE : Narratrice
Pour moi,
l’architecture défensive, c’est
un élément de l’aménagement
urbain qui rend un espace public
moins accueillant. Mais c’est
plus que ça, parce que
c’est une stratégie qui
cible des itinérants et
des fois, aussi, des jeunes.
Dans un bureau, CLAUDE CORMIER, architecte paysagiste et designer urbain, dépose des figurines de chien près de la maquette d’une fontaine publique.
CLAUDE CORMIER : Narrateur
Comment on fait pour tracer la ligne,
de dire : toi, oui, toi, non ?
On ne peut pas. Alors, comment
on aménage ça afin d’éviter
d’avoir des ségrégations,
puis de pas sentir
qu’eux sont les bienvenus,
puis que cette gang-là,
ils sont pas les bienvenus ?
ONFR+ Société
Une fontaine publique dont les jets d’eau proviennent de plusieurs sculptures de chien est présentée. Tout près, assise sur un banc, CARA CHELLEW, fondatrice de #DefensiveTO, est interviewée.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
Mon nom est Cara Chellew et je suis chercheure dans le domaine de l’espace public.Je travaille sur le projet « Defensive TO » qui s’intéresse à l’architecture défensive ou hostile dans les espaces publics.
Le site Web de « Defensive TO », affichant des photos d’architecture urbaine, est présenté.
CARA CHELLEW se promène autour de la fontaine.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
L’architecture défensive est connue
sous plusieurs noms : l’architecture
hostile, le design désagréable,
et c’est une stratégie qui utilise
des éléments de l’aménagement urbain
pour guider ou restreindre
les comportements dans l’espace public
sous forme de prévention au crime
ou de maintien de la paix.
Texte informatif :
Les exemples d’architecture défensive les plus communs sont les barres installées au centre des bancs, empêchant les usagers de s’y coucher. Des éléments pointus aux rebords de fenêtres, fontaines et bancs sont aussi utilisés fréquemment.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
« Mapping Defensive TO » est un projet
pour cartographier l’architecture
défensive dans la ville.
Des bancs entrecoupés de barres de métal sont présentés.
EMILY MACRAE : Narratrice
Le but de
ce projet-là, c’est de prendre
des photos des exemples de
l’architecture défensive et puis
les mettre en ligne. Et on va
avoir une carte qui montre
tous les exemples qu’on a
trouvés un peu partout à Toronto
de ces éléments qui ne sont
pas accueillants.
Des photos d’architecture désagréable provenant du site de « Mapping Defensive TO » sont présentées.
EMILY MACRAE, bénévole pour « Mapping #DefensiveTO », est interviewée sur un banc de parc.
EMILY MACRAE :
Et comme ça,
les gens auront une idée
de l’ampleur de ce problème.
Donc, aujourd’hui, on est
en équipe et on va essayer
de trouver des exemples
d’architecture défensive et si
on voit quelque chose, on va le
prendre en photo et chaque image
va être géolocalisée
et comme ça, on pourra
ajouter cet exemple
à la plateforme numérique.
Trois bénévoles, dont EMILY MACRAE, marchent dans les rues de Toronto et prennent des photos de l’architecture urbaine.
EMILY MACRAE s’accroupit près d’un banc muni de petites barres de métal.
EMILY MACRAE :
Ici, on a des petits dispositifs
qui nous empêchent de jouer à la
planche à roulettes parce qu’on
ne peut pas glisser sur le bord.
Malgré les trucs ici,
on peut voir que c’est plutôt
foncé ici.
Désignant la partie extérieure plus courte du banc
Ça veut dire
que quelqu’un a quand même
essayé de glisser juste ici.
Des gens assis sur divers bancs dans la ville sont présentés.
EMILY MACRAE :
Moi, j’ai un frère qui utilise
un fauteuil roulant et
donc, j’ai l’habitude
de remarquer des endroits
qui ne sont pas accessibles.
Et je crois qu’un projet comme
ça, ça pourrait aider d’autres
gens à voir des éléments,
des détails, des espaces
qu’on partage, mais qui ne sont
pas vraiment ouverts à tous.
La fontaine avec les sculptures de chien est présentée.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
Ici, à Berczy Park, on retrouve
de l’architecture défensive et inclusive.
Il y a des bancs sans barre centrale, des chaises et tables amovibles.
Les éléments mentionnés par CARA CHELLEW sont présentés.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
Mais en même temps, il y a
cette superbe fontaine avec des chiens,
qui est recouverte de… pics.
Dans son bureau, CLAUDE CORMIER écrit dans un cahier.
Texte informatif :
Claude Cormier est l’architecte derrière le parc Berczy à Toronto.
Des images du bureau de CLAUDE CORMIER et de ses maquettes pour la fontaine de sculptures de chien sont présentées.
CLAUDE CORMIER : Narrateur
On a un très bon exemple
à Berczy Park où est-ce
qu’on avait un problème
de cohabitation. Alors,
c’est avec la fontaine de chiens
que nous avons dessinée et
que les skateboarders se sont
appropriée. Et ils ont endommagé
les chiens, les éléments
sculpturaux.
Dans son bureau, CLAUDE CORMIER est interviewé.
CLAUDE CORMIER :
Ce qui fait qu’on a
été obligé de fermer la fontaine
et tout ça. Puis à un certain
moment donné, tu te dis, bien,
oui, pour les skateboarders ,
mais pas sur tout.
Alors, la manière qu’on l’a
traité, c’est qu’on a dessiné
des studs comme des colliers
de chien qu’on a installés
au périmètre afin d’éviter
que les skateboards viennent
skateboarder sur les sculptures.
Sur un banc de parc, EMILY MACRAE est interviewée.
EMILY MACRAE :
Moi, je trouve ça énervant,
les éléments pointus,
parce que c’est pas juste
de l’architecture défensive,
c’est en fait de l’architecture
offensive. Ça peut faire mal,
si on s’assoit, c’est assez
agressif à mon avis.
Sur un autre banc de parc, CARA CHELLEW est interviewée.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
Ça empêche les gens de faire
de la planche à roulettes.
Bien que, je ne pense pas
que les gens devraient faire
de la planche sur les bords
de la fontaine. Mais c’est aussi
un danger pour les enfants.
Si une personne malvoyante veut
s’asseoir et qu’elle ne voit pas les
pics, ça peut être une fâcheuse surprise.
Des enfants courant autour de la fontaine de sculptures de chiens sont présentés.
Dans son bureau, CLAUDE CORMIER récupère des plans d’architecture. Puis, il est interviewé.
CLAUDE CORMIER :
Cette problématique de voir
apparaître de l’architecture
défensive de plus en plus
sur nos espaces publics
démontre qu’il y a quand même un
problème social d’intégration.
Sur un banc de parc près de la fontaine de sculptures de chiens, CARA CHELLEW est interviewée.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
Ça s’inscrit dans notre époque de politiques d’austérité où il y a une pression pour réduire les dépenses publiques.
Des chantiers de construction sont présentés.
CARA CHELLEW :
Propos traduits de l’anglais
Dans ce sens, l’architecture est
utilisée pour réduire les besoins de
réparation des éléments endommagés,
vandalisés ou pour contrôler l’espace.
Les trois bénévoles sont présentées, puis EMILY MACRAE est interviewée sur un banc de parc.
EMILY MACRAE :
Je trouve que c’est pas juste,
qu’on a tous le droit de se
détendre, de profiter de la
ville et des espaces publics.
Mais on a aussi ces éléments qui
sont souvent pas remarqués et
presque invisibles, qui rendent
la vie vraiment plus difficile
pour plusieurs personnes.
Dans son bureau, CLAUDE CORMIER discute avec un collègue et montre des plans à un autre collègue.
CLAUDE CORMIER : Narrateur
La notion d’inclusivité
dans l’espace public,
c’est une dimension
importante qui fait des débats
depuis plusieurs années.
CLAUDE CORMIER est interviewé à son bureau.
CLAUDE CORMIER :
On essaie de créer des lieux
où est-ce qu’on sent, où est-ce
que tous les gens sont les
bienvenus, mais comment le faire
pour éviter que les sans-abris
dominent ou soit, comme,
qui monopolisent le lieu.
Des citoyens assis ou couchés dans un parc sont présentés.
CLAUDE CORMIER :
Je pense que l’architecture
défensive est un élément qui
va être difficile à éliminer.
À mon avis, c’est un intrant
avec lequel on doit travailler
comme d’autres composantes.
La fontaine des sculptures de chiens est présentée.
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