Au maire Jim Watson, une capitale bilingue pour 2017

Le maire d'Ottawa, Jim Watson.
Le maire d'Ottawa, Jim Watson. Archives ONFR+

[CHRONIQUE]

Comme l’a dit si bien le premier ministre Justin Trudeau lors de la cérémonie d’assermentation de son nouveau cabinet paritaire entre les hommes et les femmes, nous étions en 2015. L’argument était implacable : comment pourrait-on refuser la parité entre les deux sexes au sein des gouvernements dans une démocratie occidentale moderne? Aujourd’hui, puisque nous sommes désormais en 2016, poursuivons dans cette logique. Pourquoi encore refuser que notre capitale, celle d’un pays bilingue construit autour de deux langues officielles, ne reflète pas cette réalité?

SERGE MIVILLE
Chroniqueur invité
@Miville

Les Canadiens vont célébrer les 150 ans de la Confédération en 2017. Le pays a énormément évolué. À ses débuts, son entreprise était surtout commerciale et sa population soumise à de nombreux préjugés. Son projet impérialiste a subjugué les peuples autochtones, les premiers résidents sur ces terres, afin d’étaler son empire d’un océan à l’autre. Aujourd’hui, nous menons enfin les discussions de fonds qui s’imposent sur la tragédie qu’ont vécue les autochtones.

À Ottawa, un autre enjeu préoccupe également la capitale qui renvoie à l’histoire de notre pays. Cet enjeu est plutôt municipal. Cela fait des années que les francophones d’Ottawa militent pour obtenir le bilinguisme de la ville. Avant l’amalgamation de la ville, les quartiers de Vanier et de Gloucester, par exemple, étaient bilingues. La création de la nouvelle ville d’Ottawa en 2001, née de la fusion forcée du gouvernement de Mike Harris, a éliminé ce bilinguisme officiel au sein de la nouvelle municipalité. Celui-ci a été remplacée par une simple politique qui ne suffit plus, si l’on en croit les militants ottaviens.

Justement, on a fait du chemin depuis 1867, époque durant laquelle de nombreux préjugés dominaient toujours les relations entre les « Anglais » d’un côté, et les « Français » de l’autre. La province s’apprête même à s’excuser pour le tort causé à des générations de Franco-Ontariens en raison de la crise scolaire du Règlement XVII qui a sérieusement amputé l’enseignement en français dans les écoles au début du XXe siècle. La Ville d’Ottawa, avec ses 15% de résidents de langue maternelle française, doit enfin poser un geste concret concernant les deux langues officielles.

Il est temps que le maire d’Ottawa, Jim Watson, ait un minimum de courage politique et acquiesce aux demandes légitimes des francophones d’Ottawa en adoptant le bilinguisme officiel de la municipalité. Sinon, espérons que la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, décide de sortir de sa torpeur concernant les Franco-Ontariens et fasse le travail pour lui.

Serge Miville est chargé de cours en histoire à l’Université Laurentienne.

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