Autisme : la nouvelle stratégie ontarienne

Les défis sont nombreux pour les Franco-Ontariens qui vivent avec l'autisme. Crédit image: Thinkstock

TORONTO – Une petite révolution s’annonce en Ontario dans l’aide apportée aux enfants autistes et à leurs familles. Face à une augmentation marquée du nombre de jeunes touchés par le trouble du spectre autistique, le gouvernement apporte des changements en profondeur aux programmes en place.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Ça va changer les choses grandement. On aura des interventions très précoces. Les services pré-diagnostiques sur les bambins seront bonifiés et on prendra le temps d’éduquer les parents, ce qui est essentiel », dit Suzanne Murphy, de l’organisme Autisme Ontario.

333 millions de dollars sur cinq ans : cet argent frais du gouvernement doit permettre de changer complètement la stratégie ontarienne en matière d’autisme. Le gouvernement se fixe un objectif ambitieux. Il souhaite réduire de moitié les temps d’attente pour obtenir des services d’aide et servir plus de familles.

« En 2021, l’objectif est d’atteindre des temps d’attente moyens de six mois ou moins dans le nouveau programme en matière d’autisme », promet le gouvernement dans un communiqué.

Le nouveau programme fusionne les services et soutiens fondés sur l’analyse comportementale appliquée (ACA) à celui d’intervention comportementale intensive (ICI).

On annonce notamment l’amélioration du soutien aux élèves atteints d’autisme, en coopération avec le ministère de l’Éducation. Pendant la transition vers le nouveau programme, certaines familles pourront obtenir une subvention de 8000 $ pour « acquérir immédiatement des services ou soutiens communautaires en fonction des besoins spécifiques de leurs enfants ».

Mme Murphy croit que le gouvernement s’en va dans la bonne direction, mais il doit impérativement s’assurer d’adopter une vision globale, dit-elle. « L’autisme, ça affecte la vie de quelqu’un dans son entièreté. Alors il faut aussi penser davantage aux services qu’on offre aux adolescents et aux adultes. Mais il y a sûrement des parents qui vont être déçus, car leurs enfants étaient déjà sur une liste d’attente et là ils seront transférés sur une autre liste », dit Mme Murphy.

Elle affirme qu’il faudra voir comment la stratégie va se matérialiser très concrètement. « Le continuum de l’autisme est tellement large, il faut s’adapter au profil du jeune. Le but est réellement de viser l’individualité et personnaliser l’approche avec cette nouvelle vision. On a hâte de voir les détails pour savoir comment ça va s’appliquer », précise-t-elle.

L’autisme est un trouble de plus en plus fréquent. Selon le gouvernement ontarien, il y a quelque 40 000 enfants et jeunes atteints sur le territoire de la province. Les taux de prévalence ont augmenté de 123 % au cours des dix dernières années, selon les statistiques fournies par l’État.

« Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis, un enfant sur 150 avait été diagnostiqué comme atteint d’autisme en 2002. Or, en 2010, ce nombre était passé à un sur 68 », fait savoir le gouvernement ontarien.

Il est clair que les dirigeants politiques de la province se sont afférés à développer une stratégie qui s’appuie sur les demandes des parties prenantes. Le communiqué du gouvernement cite d’ailleurs plusieurs intervenants d’organismes qui travaillent avec les jeunes touchés par l’autisme.

« Les parents ont parlé, et ils ont été entendus. Le bon service au bon moment, individualisé, élargi et prodigué en temps opportun, permettra de changer le cours de toute une vie », dit, par exemple, Suzanne Jacobson Fondatrice, QuickStart-Early Intervention for Autism