La Nuit sur l’Étang aux quatre vents de l’avenir possible

Marcel Vaillancourt et Pierre Paul Mongeon, directeur exécutif du festival dévoilent l’affiche de la 5oe Nuit sur l'Étang. Archives ONFR+

Chaque samedi, ONFR+ propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, la blogueuse et activiste du Nord de l’Ontario, Isabelle Bougeault-Tassé.

[CHRONIQUE]

SUDBURY – La relève franco-ontarienne se dit à la veille du 50e de La Nuit sur l’étang. C’était, clamait l’artiste André Paiement, « la folie collective d’un peuple en party. »

Fêtée jusqu’aux petites heures du matin à Sudbury, on ressortait de La Nuit sur l’étang « sentant le party » comme le disait la grande dame de théâtre Hélène Gravel, étourdis par la musique, la poésie, le vibe et la fraternité des francos rassemblés en grandes retrouvailles, émerveillés par le lever du soleil sur cette terre de roche, à l’aube d’un jour nouveau. 

« Il y a eu tellement de moments dans La Nuit », explique Daniel Bédard, directeur artistique du festival et récipiendaire de l’Ordre de la Pléiade. « Ma première Nuit, j’étais en 12e année à Mac-Jack, puis on avait nos petits wine skins… Quand tu es jeune à La Nuit, tu réalises qu’il y a toute une culture d’art franco-ontarienne. »

« J’étais dans l’auditoire quand Robert Paquette a chanté avec son premier trio. Je me souviens d’un moment où Robert Dickson et Patrice Desbiens faisaient une Cuisine de la poésie… » 

Le « big deal » de la 50e édition

La 50e Nuit taillera une place pour les superstars et les doyens de l’Ontario français (Marcel Aymar! Robert Paquette! Serge Monette!), mais le public sentira les vents de l’avenir de la relève franco-ontarienne qui montera sur les planches les 24 et 25 mars 2023 (Mags Gibson! Martine Fortin! Marielle Malleau!) avec le devoir sacré de donner une voix aux Nuits de générations de jeunes franco-ontariens. 

C’est « un big deal » convient la Franco-Sudburoise Meagan Bigras.

« C’est un gros honneur d’être ici pour La Nuit sur l’étang, dans ma ville natale. Puis d’être capable de représenter les Franco-Ontariens du nord de l’Ontario. Puis de chanter en français! J’ai cette fierté francophone en étant chanteuse. »

Meagan Bigras. Gracieuseté La Nuit sur l’étang

Lauréate de La Brunante, un concert qui nourrit et favorise le développement de jeunes artistes franco-ontariens, en 2018 avec le groupe Fjord, Mme Bigras garde un souvenir particulièrement doux et doré de la 49e Nuit sur l’étang en 2022, la première après deux ans de confinement. À elle était revenu l’honneur de cette tradition de chanter Viens nous voir, chaque note de sa voix un séisme qui chavire et bouleverse.

« J’avais des frissons », raconte la jeune chanteuse. « Avec deux ans de pause, sans musique, à ne pas être autour des gens, il y avait du monde qui pleurait – c’était un moment où on se ressentait tous en famille. »

Cette fierté de figurer parmi la gamme d’artistes invités à la 50e Nuit, l’artiste Kaiday la partage. La jeune ottavienne a participé à La Brunante en 2022, marquant son public de la mélodie de sa voix, chaque note enveloppée de velours.

Kaiday. Gracieuseté Kaiday

« J’ai hâte de me lancer dans cette aventure », explique-t-elle. « Je suis très excitée et reconnaissante d’avoir été choisie pour cette opportunité. Je suis très contente de pouvoir travailler encore une fois avec Daniel Bédard, qui était mon mentor pour La Brunante l’année passée, et avec de nouveaux musiciens. » 

Faire rayonner la voix de la collectivité

Pour l’artiste franco-sudburoise Cécilia Rodriguez-Beaudoin, alias aurel, La Nuit c’est une occasion rêvée de faire rayonner la voix de la collectivité : « Cette année, je serai sur la scène, et ce sera un honneur de célébrer cette 50e édition avec une si belle brochette d’artistes! »

Parmi ses Nuits les plus mémorables, Mme Rodriguez-Beaudoin cite l’année ou Radio-Canada était sur les lieux pour faire rayonner ses artistes : « Tout le monde s’est levé et on a dansé…. Il y a même des spectateurs (dont ma soeur et moi) qui sont allés danser sur la scène! »

« Pour moi, Nuit sur l’étang c’est le party collectif », conclut-elle. « C’est un peu cliché, je sais, mais il y a quelque chose de spécial de faire des sons de ouaouarons avec 300 personnes, en même temps! » 

Cécilia Rodriguez-Beaudoin. Crédit image : Anny Zuñiga

Évoquant ces Nuits d’autrefois, tout en nous permettant de rêver à ces Nuits, Meagan Bigras, Kaiday et Cécilia Rodriguez-Beaudoin nous permettent de rêver à cette 50e Nuit qui attend la Franco-Ontarie.

Entre les mains de cette génération d’artistes, La Nuit sur l’étang restera fidèle à elle-même, une fête où – pour emprunter au poète Robert Dickson – « nous, têtus et solidaires, lâchons nos cris rauques et rocheux aux quatre vents de l’avenir possible ». 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR+ et du Groupe Média TFO.