Bilinguisme inégal au débat Munk

Le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair. Archives #ONfr

TORONTO – Le débat électoral de l’institut Munk sur les affaires étrangères aurait dû offrir un format plus équilibré en matière de bilinguisme, de l’avis même de l’entourage de Thomas Mulcair et de Justin Trudeau. L’utilisation du français lors de certaines discussions n’était quant à elle pas désintéressée, selon certains observateurs.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

La joute oratoire a été enflammée et a été d’un niveau fort élevé, s’entendent d’emblée à peu près tous les observateurs de la scène politique et les internautes qui ont écouté le débat.

Malgré les hésitations des organisateurs à présenter un débat bilingue et l’unilinguisme de l’animateur, Rudyard Griffiths, le français a été entendu dès les premières secondes de l’événement. « Mesdames et messieurs, bonsoir », a-t-il ainsi lancé avant de poursuivre son introduction principalement en anglais.

Les chefs ont adopté une recette similaire parlant en français ici et là, l’oubliant ensuite pendant de longues minutes au gré des sujets.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada n’a pas manqué de souligner le déséquilibre linguistique des premières minutes de l’événement. « Un débat en anglais avec un mince saupoudrage de français », a fait valoir l’organisme sur son compte Twitter.

Au cours des deux heures pendant lesquelles le débat s’est déroulé, les chefs ont régulièrement utilisé le français, mais pas autant que l’anglais. Ainsi lors des discussions sur les relations entre le Canada et les États-Unis, la langue de Shakespeare a été privilégiée par les leaders politiques.

 

Pas assez de français?

Lorsqu’il a été question d’environnement, c’est plutôt le français qui a été utilisé. Un choix qui n’est pas un hasard, selon le politicologue de l’Université de Montréal, Pierre Martin. « Il est question de réduire les émissions de gaz à effet de serre? Hop! On parle français pour passer inaperçu en Alberta », a-t-il avancé sur les réseaux sociaux.

Devant les médias, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a fait savoir qu’il avait aimé le format, mais qu’il ne savait pas si l’équilibre linguistique avait été respecté. « Il n’y avait pas de règles établies, j’ai essayé de parler le plus français possible. On devra analyser s’il y avait un équilibre entre les deux langues », a-t-il confié.

L’adjoint exécutif et médiatique du chef néo-démocrate, George Smith, était cependant bien moins nuancé. « Il n’y avait pas assez de français, on le sait. Ce n’est pas acceptable. C’est un débat national, on aurait voulu un sujet en français, un sujet en anglais. Là, il y avait toujours un autre chef qui ramenait l’anglais », a-t-il confié à #ONfr.

Du côté des libéraux, une conseillère du chef Justin Trudeau a soutenu qu’il avait utilisé suffisamment la langue de Molière. « C’est lui qui a parlé le plus français. Il s’était préparé et savait quel sujet il allait aborder en français, il tenait à parler beaucoup français. Il y aurait pu en avoir davantage pendant le débat, cependant », a-t-elle confié.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes se sont attristé de l’espace limité accordé au français dans les échanges.

 

Plusieurs intervenants sur les réseaux sociaux ont aussi critiqué la performance des traducteurs qui veillaient à traduire plusieurs des portions du débat.

https://twitter.com/scott_martyn/status/648671654198013952

https://twitter.com/Justin_B_Manuel/status/648664770300747776
Le chef conservateur, Stephen Harper, n’a pas répondu aux questions des médias après le débat.

Le dernière débat de la campagne se déroule vendredi et est organisé par le réseau de télévision TVA. Les élections auront lieu le 19 octobre.