Brown défend son engagement pour les francophones

Patrick Brown, Crédit image: Maxime Delaquis.

TORONTO – Le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Patrick Brown, a défendu ses engagements envers les Franco-Ontariens, mais est resté flou sur le sort réservé au projet de création d’une Université de langue française en Ontario. Des engagements qui doivent être encore précisés, selon plusieurs politologues interrogés par #ONfr.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Dans sa plateforme électorale, présentée il y a quelques semaines, le Parti PC reconnaît que les francophones de l’Ontario sont « souvent oubliés dans les politiques provinciales » et qu’il existe une « grave pénurie » de professeurs de langue française en Ontario. Pour y remédier, la formation politique de centre droit s’engage à ouvrir une université franco-ontarienne.

Selon lui, cette promesse de campagne va permettre à l’Ontario de régler le problème d’accessibilité à une éducation de langue française de « qualité ».

« Il y a un manque d’accès à de l’éducation en français à Hamilton et Niagara. Comme chef, j’ai questionné le gouvernement à Queen’s Park sur cela », a-t-il indiqué à #ONfr.

Le Parti PC n’a pas chiffré son engagement envers la future université franco-ontarienne. Malgré le flou entourant la position progressiste-conservatrice sur ce projet, la plateforme du parti se base sur les dépenses actuelles du gouvernement, qui prévoit 20 millions de dollars de budget pour la création de l’institution.


« C’est la première fois que le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario adresse la question de la pénurie d’enseignants francophones. » – Patrick Brown


Par ailleurs, rien dans la plateforme n’a été inclus sur la refonte de la Loi sur les services en français (LSF) ni sur la direction qu’entend prendre un gouvernement de M. Brown sur l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Patrick Brown, chef du Parti PC de l’Ontario. Crédit image : Maxime Delaquis

En ce qui concerne la refonte de la LSF, M. Brown a pris soin de préciser sa pensée.

« Cette loi a 30 ans et il nous faut maintenant la renouveler », a-t-il affirmé.

S’il est élu, M. Brown promet que la Loi sera revue, mais n’a pas donné d’échéancier sur la question. Il espère tout de même que d’ici là, le gouvernement respecte son propre engagement de moderniser la LSF, tel que l’avait indiqué la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde lors du 30e anniversaire de la Loi, célébré à Ottawa en novembre 2016.

Des clarifications à faire

Stéphanie Chouinard, professeure adjointe au département de science politique du Collège militaire royal du Canada, estime que M. Brown a des clarifications à faire sur ces trois engagements envers les francophones.


« Il y a certains éléments de sa plateforme à préciser. La question des professeurs, qu’est-ce que ça veut dire exactement? On parle d’immersion ou d’investissement dans le système scolaire francophone? » – Stéphanie Chouinard, politologue


Elle rappelle que dans la plateforme présentée par le Parti PC, un seul paragraphe a été dédié aux enjeux spécifiques de la communauté franco-ontarienne.

« Ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi ce que l’on retrouve dans la plateforme », précise-t-elle.

Selon la politologue, M. Brown n’avait pas le choix que de se positionner sur les enjeux francophones, car le Parti libéral de l’Ontario (PLO) a déposé plusieurs projets pour la communauté au cours des derniers mois.

Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster, rappelle, pour sa part, que les engagements du Parti PC envers les francophones se trouvent à la fin du programme.


« C’est une clientèle, mais ce n’est pas la plus importante pour le parti. » – Peter Graefe, politologue


Tout comme Mme Chouinard, M. Graefe croit que M. Brown doit clarifier sa position sur l’université franco-ontarienne.

« On voit qu’il est engagé et que s’il est élu, il ne coupera probablement pas le projet. En même temps, il reste flou sur les échéanciers du projet du gouvernement », explique-t-il.

M. Graefe estime que le chef conservateur aurait tout à gagner à se positionner sur plusieurs dossiers francophones concrets, comme la présence d’une école secondaire dans l’Est de Toronto ou l’amélioration des services en français dans les hôpitaux.

Le politologue concède que le vote francophone aura un impact, bien que limité. Toutefois, il croit que si les progressistes-conservateurs veulent gagner des circonscriptions dans l’Est et dans le Nord de la province, ils devront en faire davantage.

Critique de la ministre Lalonde

Durant la dernière semaine à Queen’s Park, la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, a profité d’une question « amicale » lors de la période des questions pour attaquer le Parti PC sur son engagement. Selon elle, il y a un manque « de vision et de compréhension (des) priorités » des francophones.

M. Brown a fait peu de cas de ces attaques. Pour lui, le gouvernement de Kathleen Wynne et les néo-démocrates, dirigés par Andrea Horwath, ne font rien pour régler la pénurie d’enseignants francophones.

« Pour les communautés francophones, c’est le Parti PC qui est une vraie option », assure-t-il.

L’élection provinciale aura lieu le 7 juin prochain.


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