Budget fédéral : les trois priorités de la FCFA

Sylviane Lanthier a été réélue à la tête de la FCFA, le samedi 10 juin. Archives #ONfr

OTTAWA – De passage devant le comité permanent des finances dans le cadre des consultations prébudgétaires du gouvernement fédéral, jeudi 18 février, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a présenté les trois priorités des francophones en milieu minoritaire pour le prochain budget.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Annoncé pour la fin du mois de mars, le budget de Justin Trudeau est attendu avec impatience par les nombreux organismes qui défilent actuellement devant le comité permanent des finances pour y faire connaître leurs besoins. Les francophones en milieu minoritaire ne font pas exception à la règle, eux qui attendent beaucoup du nouveau gouvernement.

Devant les membres du comité permanent des finances, la présidente de la FCFA a dressé un état des lieux de la situation des communautés francophones en contexte minoritaire. Si ces dernières peuvent se réjouir d’un certain engouement pour le français et du travail accompli, selon Mme Lanthier, leurs organismes ont toutefois atteint les limites de ce qu’ils pouvaient accomplir.

« Les fonds de plusieurs organismes et institutions de la francophonie canadienne n’ont pas été indexés depuis 11 ans ce qui, considérant l’augmentation du coût de la vie, représente un recul de 30% à 35% de leurs ressources. Leur valeur ajoutée ne fait aucun doute, mais aujourd’hui, ils ont atteint les limites de ce qu’ils peuvent faire et dans certains endroits, comme dans les Territoires-du-Nord-Ouest, des organismes ont même dû fermer leurs portes alors qu’ils étaient les seuls à fournir des services en français. »

La présidente de la FCFA a donc envoyé un message très clair au comité en demandant l’indexation, en 2017-2018, des fonds attribués aux organismes et institutions de la francophonie canadienne, ainsi que le déblocage, dès 2016-2017, de plusieurs fonds inutilisés de la Feuille de route pour les langues officielles 2013-2018.

« Je ne pourrais pas vous donner un chiffre exact de ce que cela représente, mais nous savons qu’il y a des initiatives dans la Feuille de route pour lesquelles il n’y a pas eu d’appels de projets, ni de fonds débloqués. Je pense notamment à une initiative en développement social pour laquelle il est prévu 4 millions $ et qui, à notre connaissance, n’ont pas été débloqués. Il y a aussi beaucoup d’argent pour l’immigration dont nous n’avons vu qu’une partie », a-t-elle expliqué à #ONfr à l’issue de sa présentation.

Au moment de la présentation du premier budget du gouvernement libéral, la FCFA espère donc un signal clair d’Ottawa envers les communautés francophones à travers le pays.

« Nous voulons que le gouvernement s’engage à travailler avec nous pour identifier les besoins et des pistes de solution qui renforceront nos communautés. Le 150e anniversaire du Canada, en 2017, offre une excellente occasion de poser des gestes concrets en faveur de la dualité linguistique à travers le pays en soutenant ceux qui y contribuent. »

Accueil discret

À l’issue des présentations, seul le député libéral de Gatineau, Steven MacKinnon, a questionné la FCFA, pendant que le président de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), Raymond Louie, attirait l’attention des élus.

Interrogeant Mme Lanthier sur l’impact de la non-indexation des fonds alloués aux organismes sur les communautés francophones en contexte minoritaire, M. MacKinnon n’a ainsi pas manqué de pointer du doigt le précédent gouvernement.

« Cela dépend des communautés », a répondu Mme Lanthier. « Mais l’impact le plus fondamental de la non-indexation, c’est surtout que les organismes n’ont souvent pas pu, pour des raisons financières, répondre à tous les besoins de leur communauté, comme notamment en matière d’immigration. »

Malgré la faible attention recueillie, Mme Lanthier se montre optimiste quant aux attentes à nourrir.

« Nous avons été invités à faire cette présentation ce qui est un bon signe. Je pense que c’est important que le comité prenne la peine de nous écouter et que nous venions livrer notre message. »

Depuis le début de la 42e législature, les langues officielles restent en arrière de la scène. La présidente de la FCFA ne veut toutefois pas juger trop durement les 100 premiers jours de M. Trudeau à la tête du Canada.

« Rome ne s’est pas construite en 100 jours », sourit-elle. « C’est un nouveau gouvernement qui a une page blanche devant lui et qui peut écrire l’histoire comme il le veut. À lui de concrétiser les bonnes intentions exprimées! Mais il est certain que s’il n’y a rien dans le budget, nous allons nous poser des questions… »