Budget : les six clés pour les Franco-Ontariens

Le drapeau franco-ontarien. Archives ONFR+


TORONTO – Le budget pourrait comporter des surprises pour les Franco-Ontariens là où ils s’y attendent le moins, selon les informations obtenues par ONFR+ de différentes sources. Mais les demandes traditionnelles de la communauté pourraient ne pas trouver écho dans les priorités budgétaires du gouvernement Ford, qu’il s’agisse du postsecondaire en français ou de l’aide aux organismes francophones.

Économie

Depuis son élection, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, évoque l’importance de stimuler l’économie des communautés francophones. Le résultat de sa tournée des entrepreneurs francophones pourrait bien être connue dans le budget, selon différentes sources.

La ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney. Archives #ONfr

« C’est certain que ce gouvernement ne ménage aucun effort pour encourager la création d’emplois et la croissance économique, et qu’il mise sur les communautés francophones comme force économique que les gouvernements libéraux ont négligée », indique une source gouvernementale, qui souhaite conserver l’anonymat.

Des mesures pour stimuler l’emploi francophone pourraient donc se retrouver dans le budget, notamment.

Éducation

Depuis quelques semaines, le gouvernement Ford a évoqué plusieurs changements majeurs en éducation. La fusion de conseils scolaires et l’abolition de milliers de postes pourraient être confirmées dans le budget.

« Il y aura des changements significatifs en éducation. Et quand on ne prend pas en perspective l’aspect francophone, il va y avoir des coupures, qui vont être ressenties », craint la députée libérale, Marie-France Lalonde.

Elle prédit des coupes qui pourraient tourner autour de 5 % des budgets des conseils scolaires.

« Le gouvernement Ford dit qu’il y a l’anglais, puis le français parmi tant d’autres. La dualité linguistique, les deux langues officielles, ça n’a aucune considération pour lui », renchérit-elle.

Les syndicats d’enseignants craignent les retombées de ces coupes et l’impact qu’elles pourraient avoir dans des écoles francophones où le nombre d’élèves est, en fait, en hausse.

Postsecondaire

Selon les informations obtenues par ONFR+, il n’y aura pas d’annonce importante pour bonifier l’offre de cours au niveau postsecondaire en français dans ce budget.

Même si plusieurs acteurs s’entendent sur le manque d’offres dans le Centre-Sud-Ouest de la province, le gouvernement Ford devrait s’en tenir à sa position des derniers mois.

« Les gens sont mal informés. Il y a dix universités et collèges en Ontario qui offrent plus de 300 programmes en français », répétait Doug Ford, sur toutes les tribunes, l’automne dernier.

Lydia Philippe, présidente de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), espère néanmoins que de l’argent sera prévu pour le projet de l’Université de l’Ontario français.

« On est là et on est là pour rester. Et on a besoin de ces investissements pour s’assurer de l’avenir de la francophonie en Ontario », dit-elle. Et d’ajouter : « Nous restons optimistes d’avoir le financement. »

Culture

Les acteurs culturels de l’Ontario craignent le budget. Un soir du mois de mars, l’artiste afro-canadien Pierre Kwenders montait sur scène à Sudbury, dans le cadre du festival Bloom, organisé par l’équipe du Festival Boréal. Il n’aurait jamais été là sans l’aide de la province, affirme son directeur, Max Merrifield.

« On est inquiet. Il y a déjà eu des coupes au Conseil des arts de l’Ontario. Si ça continue, vous allez voir moins de programmation de qualité. Dans nos festivals, nous avons une composante francophone importante. On prend des risques pour exposer les gens à de nouveaux artistes qui ne vivent pas à Sudbury. Avec moins de financement, il est possible qu’on présente moins d’artistes francophones, qui doivent parfois venir de loin », affirme-t-il.

Plusieurs acteurs du milieu culturel évoquent des coupes possibles de 20 à 25 %, ce qui aura un impact majeur sur le milieu culturel, disent-ils.

Francophonie

Les sujets « classiques » de la francophonie ontarienne pourraient bien être absents du budget présenté par le ministre des Finances, Vic Fedeli.

L’avenir du Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO) est incertain et les actions en matière de francophonie internationale risquent d’être peu nombreuses.

« On a demandé que du personnel soit ajouté pour travailler avec l’Organisation internationale de la francophonie », affirme pourtant Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

Il s’attend à ce que les Franco-Ontariens ne paient pas un prix disproportionné par rapport au reste de la population si des coupes doivent être faites.

« On veut s’assurer que s’il y a des coupures, l’impact ne sera pas plus grand pour les francophones que pour le reste de la population. Que ça soit fait en toute équité », dit-il.

En entrevue avec ONFR+ ce mercredi, la ministre Mulroney se faisait rassurante. Elle indiquait avoir beaucoup travaillé avec ses collègues du cabinet pour protéger les services dont bénéficient déjà les francophones, tout en soulignant « le travail à faire pour redresser la situation fiscale héritée des libéraux ».

Santé et services sociaux

Le gouvernement s’est lancé, au cours des dernières semaines, dans une grande refonte du système de la santé. Mais il faut que le gouvernement pense à agir plus rapidement pour améliorer la vie des gens, particulièrement ceux qui ont des problèmes en matière de santé mentale, croit la critique néo-démocrate en santé, France Gélinas.

« Ils ont donné beaucoup d’espoir en santé mentale. Ils n’arrêtent pas de répéter le chiffre de 3,9 milliards. Mais il faut 150 millions de plus dès cette année, sinon ça tombe en morceaux », lance-t-elle.

Plusieurs acteurs sociaux évoquent également depuis un bon moment les problèmes d’accès aux résidences pour aînés offrant des soins de longue durée. La Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario dénonce le manque criant de ressources pour des populations aînées francophones partout dans la province.