Canada en récession : les critiques volent contre Harper

Le chef libéral, Justin Trudeau.

Les critiques s’intensifient contre le premier ministre sortant Stephen Harper après que Statistique Canada eut confirmé, mardi 1er septembre, que le Canada entrait en récession, après avoir enregistré deux trimestres consécutifs de recul du produit intérieur brut (PIB).

SÉBASTIEN PIERROZ
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ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
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Une opportunité dès lors que ses rivaux politiques ont immédiatement exploité. En visite à Gatineau dans la matinée, le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a tancé son rival conservateur : « Il prétend que tout va bien (…) Il est loin de la réalité. Les gens souffrent et sont inquiets. »

Le leader libéral, qui avait déclaré récemment vouloir repousser l’équilibre budgétaire pour 2019, a affiné sa position en martelant dans son discours le principe de croissance économique. « M. Harper a démontré que malgré sa lutte contre les déficits, il n’a pas créé de croissance économique. »

M. Trudeau n’a pas épargné également le chef néodémocrate Thomas Mulcair dont le parti se situe toujours en tête des sondages : « M. Mulcair n’a pas de réponses et souscrit à la thèse des conservateurs en affirmant qu’il présentera coûte que coûte un budget équilibré, mais il ne dit pas comment. M. Mulcair a déjà rompu ses promesses en matière de soins de santé et de transport collectif, et il manquera à d’autres promesses creuses, comme celle en faveur des garderies. »

Du côté du NPD justement, Andrew Thomson, candidat dans Eglinton-Lawrence et ministre des finances pressenti d’un gouvernement néodémocrate, a estimé ce mardi que le plan économique du gouvernement Harper était un « échec total ».

« Soyons clairs : on ne parle pas de statistiques décevantes sur une période d’un mois ou d’un trimestre. On parle d’une décennie complète qui a été gaspillée : dix ans de pertes d’emplois, d’infrastructures en ruines et d’allégements fiscaux aux mieux nantis. Dix ans où la situation de la classe moyenne s’est détériorée », a-t-il affirmé lors d’un événement à Ottawa.

 

Silence de Harper

Pour Stephen Harper, en déplacement à Burlington mardi matin, le silence était plutôt de rigueur. Dans son discours, il n’a pas prononcé un mot sur la récession, dont l’existence a été confirmée par Statistique Canada. M. Harper s’est plutôt concentré sur la croissance du PIB de 0,5% pendant le mois de juin.

Les journalistes n’ont cependant pas manqué de questionner M. Harper sur la récession technique couvrant les six premiers mois de l’année.

« Les chiffres nous prouvent que l’économie est de retour sur la bonne voie », a affirmé le chef conservateur. « Il y a des défis, mais l’économie croît. C’est la réalité. Ce sont de bonnes nouvelles », a-t-il ajouté.

Les membres de la presse n’ont pas manqué de souligner que d’autres secteurs de l’économie sont victimes de ralentissement, notamment les secteurs manufacturiers et du bâtiment.

« Si on change plan, on aura une récession permanente comme dans d’autres pays. Il faut garder le cap », a conclu le premier ministre à l’occasion de son point de presse du jour.