Cap maintenu sur un circuit touristique francophone

Perry Trimper, ministre responsable de la francophonie à Terre-Neuve-et-Labrador, et Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien, entourés des ministres provinciaux et territoriaux responsables de la francophonie lors de la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne à St. John's, le 23 juin 2016. François Pierre Dufault

ST-JEAN – Les ministres responsables de la francophonie à travers le Canada ont réitéré leur appui à la création d’un circuit touristique en français comme moteur économique de la minorité linguistique d’un bout à l’autre du pays dans le cadre de la 21e Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, à Terre-Neuve-et-Labrador, jeudi 23 juin.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
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BENJAMIN VACHET
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Les élus ont dit vouloir profiter des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, l’an prochain, pour resserrer les maillons de l’offre touristique en français qui existe déjà dans plusieurs provinces et territoires mais qui n’est pas reliée d’aucune façon à l’échelle nationale.

« C’est une opportunité pour nous de faire résonner notre francophonie à l’intérieur du Canada mais aussi à l’international », a fait valoir Marie-France Lalonde, ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario. « Je pense que les provinces et les territoires voient là de bonnes opportunités de faire la promotion de la francophonie et de stimuler l’économie », a-t-elle ajouté. « Nous allons continuer notre belle collaboration pour soutenir ce projet. »

L’idée d’un circuit touristique francophone d’un océan à l’autre avait vu le jour lors de la rencontre précédente des élus provinciaux et territoriaux responsables de la francophonie, l’an dernier, à Toronto. Ceux-ci s’étaient alors mis d’accord pour étudier la faisabilité d’une route touristique pour stimuler l’économie des communautés francophones.

« C’est quelque chose qui va faire avancer notre collaboration entre les provinces et les territoires et qui va offrir aux Canadiens et aux visiteurs d’autres occasions de profiter de notre histoire, notre culture et nos sites touristiques et sans oublier la bonne bouffe qui fait partie de notre industrie et de notre offre touristique », a souligné le premier ministre Wade MacLauchlan de l’Île-du-Prince-Édouard, rencontré par #ONfr en marge de la conférence.

« C’est une idée géniale de vouloir relier toutes les communautés francophones à travers le pays par un circuit touristique. Nous avons déjà des attraits touristiques existants, je pense donc qu’il est réaliste de mettre ça en place pour le 150e en 2017 car il ne s’agit pas de bâtir quelque chose de nouveau », s’est enthousiasmée Francine Landry, ministre responsable des Langues officielles du Nouveau-Brunswick.

Le gouvernement du Canada s’est aussi montré intéressé à développer une offre touristique pancanadienne en français – sans toutefois préciser s’il était prêt à utiliser une part du financement prévu pour les fêtes du 150e de la Confédération pour appuyer la mise sur pied d’un éventuel circuit touristique francophone.

« On voit là une expérience intéressante pour appuyer le développement économique des provinces et territoires. Voilà pourquoi c’est une priorité », a déclaré Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien, lors du point de presse de clôture de la rencontre annuelle des ministres de la francophonie, le 23 juin. « On veut promouvoir le patrimoine francophone au pays tout en s’assurant de créer des emplois et de démontrer des bénéfices économiques. On veut travailler de concert avec les provinces et territoires. »

Immigration francophone

Le thème de l’immigration était sur toutes les lèvres à la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, surtout après l’annonce récente par Ottawa du rétablissement d’un programme pour faciliter la venue de nouveaux arrivants francophones dans les communautés minoritaires.

Mais au-delà des déclarations de bonnes intentions par le fédéral et les provinces, la rencontre à St. John’s n’a pas permis aux décideurs de définir des mesures concrètes pour appuyer l’immigration francophone au pays.

« Nous portons avec beaucoup d’intérêt le dossier de l’immigration francophone car nous nous sommes fixés une cible de 33%, en 2020 », a indiqué la ministre néo-brunswickoise Francine Landry. « Nous ne souhaitons pas avoir plus de pouvoirs, mais travailler avec le gouvernement fédéral. Nous avons, par exemple, fait une demande pour augmenter le nombre d’immigrants au Nouveau-Brunswick. On sent qu’il y a de l’ouverture et qu’on va dans la bonne voie ».

Le Nouveau-Brunswick sera d’ailleurs l’hôte d’une rencontre préparatoire, puis d’un forum national pour « identifier et proposer des stratégies » qui pourraient favoriser l’augmentation du nombre d’immigrants francophones partout au pays.

« Objectifs ambitieux »

Et même s’ils n’ont obtenu aucune garantie d’Ottawa, les ministres responsables des communautés francophones partout au pays se sont dits satisfaits de l’ouverture d’Ottawa à actualiser leurs ententes bilatérales de collaboration en matière de services en français et à accroître les enveloppes qui y sont liées.

« Je suis heureux des progrès que nous avons faits au cours des deux dernières journées », s’est réjoui Perry Trimper, ministre responsable la francophonie à Terre-Neuve-et-Labrador et hôte de la conférence ministérielle, le 23 juin. « Nous avons un but commun, celui d’améliorer les services en français d’un océan à l’autre », a-t-il ajouté. « Il y a beaucoup de choses qui ne coûtent presque rien. Ce sont seulement des changements d’attitudes ».

« Cette conférence est (…) une occasion de rappeler au gouvernement fédéral que nous avons besoin de lui pour nous aider à en offrir davantage et pour accompagner nos efforts en matière d’immigration francophone. Il y a un nouveau gouvernement, une nouvelle ministre du Patrimoine canadien, et je suis optimiste », a confié Elaine Taylor, vice-première ministre et ministre responsable de la Direction des services en français du Yukon à #ONfr, en marge de la conférence. « Nous ne demandons pas la lune mais l’aide du gouvernement n’a pas évolué depuis plus de dix ans, nous avons besoin de ressources financières supplémentaires. »

La ministre du Patrimoine canadien a rappelé, pour sa part, qu’elle planchait sur un nouveau « plan de match » pour les communautés francophones en milieu minoritaire au pays. Elle a d’ailleurs mené la veille à St. John’s l’une de ses premières consultations en vue du renouvellement de la Feuille de route pour les langues officielles, dans deux ans.

« J’ai lancé un appel à tous pour qu’on puisse travailler ensemble dans le cadre des consultations publiques mais également dans le cadre de la mise en œuvre éventuelle de ce plan d’action, et qu’on se dote d’objectifs ambitieux en matière de langues officielles et d’appuis à la francophonie canadienne », a laissé entendre Mélanie Joly. « Nous avons certainement une approche holistique quand vient le temps d’appuyer la vitalité linguistique de nos communautés francophones partout au pays. »

La prochaine Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, seul forum intergouvernemental qui regroupe les ministres responsables de la francophonie au pays, doit avoir lieu l’an prochain dans la région d’Ottawa.