Catherine Briand, un nouveau visage dans la francophonie ontarienne

[LA RENCONTRE D’ONFR]

OTTAWA – Catherine Briand est la nouvelle directrice générale de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO). Née à l’Ouest de l’île de Montréal, cette francophone a vécu en Gaspésie pendant plus d’une quinzaine d’années. À la recherche de nouveaux défis professionnels et voulant accommoder les besoins de sa famille, celle qui entrera en fonction à compter du 1er octobre a décidé de quitter son territoire de cœur pour venir s’installer à Ottawa. Entre cinéma, droit, agriculture et implication communautaires, la successeur d’Ajà Besler revient sur son parcours atypique.

« Vous êtes une nouvelle venue sur la scène communautaire franco-ontarienne. Est-ce que vous pouvez revenir sur votre parcours pour aider les gens à mieux vous connaître?

Bien sûr! J’ai fait mes études secondaires dans l’ouest de l’île de Montréal. Après mon secondaire, j’ai travaillé pendant près d’une dizaine d’années dans le cinéma avant d’avoir mes jumelles. Ne voulant pas que mes filles grandissent dans ce milieu, j’ai décidé de me réorienter dans le droit. J’ai travaillé comme parajuriste pendant une dizaine d’années avant de déménager, avec ma famille, en Gaspésie. J’avais déjà de la famille sur place et, en tant que Gaspésienne de cœur, je voulais offrir plus qu’une cour de trois pieds et demi à mes filles.

Pendant mes quinze années passées en Gaspésie, j’ai mis sur pied une ferme ovine que j’ai gérée pendant plus de dix ans à travers mon travail en temps plein. J’ai aussi ouvert une ferme coopérative d’alimentation biologique. Par la suite, à travers de mon implication dans plusieurs comités économiques et sociaux, j’ai trouvé un intérêt assez fort pour le secteur social. J’ai plongé dans les affaires avec mon premier poste comme coordinatrice à la chambre des commerces en 2017, avant de devenir la directrice générale trois à quatre mois plus tard.

Au cours des dernières années, qu’est-ce qui vous a poussé à vous impliquer dans ce secteur communautaire?

Dans le fond, j’ai toujours eu un fort intérêt pour le milieu communautaire. À travers le comité agriculture, ma participation au conseil d’administration d’un jardin communautaire, la création de la coopérative ou les multiples comités citoyens dans lesquels j’ai siégé en Gaspésie, la concertation est devenue progressivement un aspect du service communautaire que j’affectionne le plus. Ainsi, j’ai décidé de continuer d’évoluer dans ce secteur sur le long terme.

Vous semblez être assez bien établie en Gaspésie. Pourquoi avoir décidé de venir à Ottawa?

J’avais déménagé en Gaspésie pour donner l’opportunité à mes filles, qui étaient très jeunes à l’époque, de vivre le plein air que la Gaspésie peut offrir. Autant la Gaspésie est idéale pour élever de jeunes enfants, autant quand ils deviennent adolescents ou jeunes adultes leurs besoins changent. Tout comme mes filles, on avait besoin de plus de diversité culturelle et Ottawa semblait en regorger.

Une autre raison significative repose sur le fait qu’Ottawa possède le meilleur choix d’établissements scolaires pour mes enfants. Contrairement à Gaspé où l’on a un seul CÉGEP (collège d’enseignement général et professionnel, au Québec) qui ne couvre pas tous les champs d’expertise, Ottawa offre plus une grande variété de programmes scolaires.

Qu’est-ce qui vous motive à vous impliquer au sein de l’ACFO d’Ottawa?

Je pense que c’est d’abord la mission de l’ACFO de défendre les intérêts de la communauté francophone à grande échelle qui m’a interpelée. Défendre les enjeux qui nous tiennent à cœur est plus une vocation qu’un emploi, selon moi.

Je pense mettre à profit mes expériences et mes compétences que j’ai acquises dans les dernières années, pour continuer le travail qui a été fait auparavant. Je comprends que j’ai de beaux défis devant moi, mais je tiens à dire que l’équipe qui est en place est vraiment passionnée et travaille fort. Je pense qu’ensemble on pourra faire de belles choses.

Quels sont vos projets sur le plan personnel et professionnel?

Sur le plan professionnel, j’ai tendance à m’incruster dans mon travail et à rester là. Dans les derniers emplois que j’ai eus, je suis restée là longtemps car, lorsque je rentre dans une entreprise ou un organisme, cela devient comme une deuxième famille. Donc, pour moi c’est important de continuer à nourrir cette relation.

Sur le plan personnel, ma famille et moi avons tous l’intention de nous implanter dans notre nouveau milieu à long terme. Pour vous, cela va paraître banal, mais on n’a pas beaucoup de choix culinaire à Gaspé. On a donc vraiment hâte de faire le tour de tous les commerces et de pouvoir aller manger dans les restaurants. Pour nous, c’est une belle aventure qui nous attend.

De par votre parcours, vous avez eu la chance d’avoir une expérience francophone en milieu majoritaire et minoritaire. Pensez-vous qu’il y a une différence entre les deux réalités?

Oui assurément. Selon moi, au Québec, vu que c’est majoritairement francophone, leurs enjeux sont plus au niveau de consolider les acquis. Quand on parle de francophones à l’extérieur, c’est plus difficile. Les enjeux sont beaucoup plus complexes. S’assurer d’obtenir des services en français dans une région majoritairement anglophone, cela s’avère quelques fois très difficile. C’est pour cela que les organismes comme l’ACFO d’Ottawa existent. Nous voulons bien comprendre les enjeux afin de défendre les intérêts des communautés qui ont été touchées.

En ce qui concerne Ottawa particulièrement, il y a des enjeux à plusieurs niveaux. Ce sont les préoccupations autour de cette complexité que moi et mon équipe nous souhaitons régler tout au long de cette année. 

Ce 25 septembre est le Jour des Franco-Ontariens. Que représente cette journée pour vous?

L’ACFO Ottawa sera au Patro d’Ottawa le 25 septembre pour le lever du drapeau.

La célébration du Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes suscite, avec raison, beaucoup de fierté. Le lever du drapeau est très significatif et affiche l’apport important de la communauté à la vie culturelle, historique, sociale, économique et politique de la ville.

Pour ceux dont le français n’est pas leur première langue, c’est une journée de célébration et c’est aussi pour eux un bien précieux de sentir qu’ils font partie d’une communauté rassembleuse et de promouvoir ce sentiment d’appartenance.

Les organismes qui font partie de la communauté franco-ontarienne travaillent fort à longueur d’année pour assurer un rayonnement de cette culture si riche et diverse auprès de toute la communauté. Le 25 septembre, c’est aussi une belle façon de souligner leur travail engagé. »


LES DATES-CLÉS DE CATHERINE BRIAND :

2005 : Départ de la région montréalaise pour la Gaspésie

2006 : Création de sa ferme ovine

2012 : Création de la Coop des Fous vrac, une coopérative d’alimentation biologique

2017 : Entre à la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé

2021 : Devient directrice générale de l’ACFO Ottawa

Chaque fin de semaine, ONFR rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.