Cinq enjeux pour les francophones à Sturgeon Falls

Sturgeon Falls est la ville la plus importante de la municipalité de Nipissing-Ouest. Crédit photo: Archives #ONfr

STURGEON FALLS – Les Franco-Ontariens sont toujours majoritaires à Sturgeon Falls, dans le Nord de l’Ontario. Soumise au grignotage du fait francophone, la ville la plus importante de la municipalité de Nipissing-Ouest ne manque pas de défis.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Le souvenir. Sturgeon Falls n’est pas une communauté francophone comme les autres. Sa crise linguistique de 1971 a forgé l’histoire de l’Ontario français. Cette même année, les francophones ont obtenu la gestion entière de leur école secondaire qui est devenue l’école Franco-Cité. Pour les élèves de l’école, le souvenir est toujours présent. En décembre dernier, #ONfr avait diffusé un reportage dans le cadre du 45e anniversaire de cette crise linguistique. « Les francophones doivent encore aujourd’hui s’accorder aux anglophones », croît Carole Lafrenière-Noël, une résidente de Sturgeon Falls, en entrevue pour #ONfr.

Relève. Outre l’assimilation, le manque de représentants empêche les Franco-Ontariens d’assurer leur vitalité pleine et entière. En 2006, l’ACFO de Nipissing-Ouest, dédiée à la défense des francophones, mettait les clefs sous la porte. Les Franco-Ontariens veulent aujourd’hui se battre pour conserver leur identité, au risque de heurter les anglophones. Comme dans beaucoup de villes du Nord de l’Ontario, l’exode des jeunes sévit à Sturgeon Falls. La plupart des jeunes partent pour Ottawa et Toronto. Quelque 63,4 % des résidents de Nippissing-Ouest avaient pourtant déclaré le français comme langue maternelle lors du recensement de 2011.

Éducation en français. Les francophones ont gagné le combat pour la gestion de leurs écoles. Reste que pour les jeunes diplômés du secondaire, il est impossible de poursuivre leurs études en français dans leur ville. Parmi les solutions : le Collège Boréal ou l’Université Laurentienne situés à plus de une heure de route. L’enjeu est aussi pour les anglophones, soutient Mme Lafrenière-Noël. « Nous n’avons pas de programmes d’immersion en français pour les anglophones. Ça serait une bonne chose économiquement pour avoir des employés bilingues, plus de francophiles, des communications dans les deux sens au lieu que ce soit à sens unique. »

Affichage bilingue. Le thème risque de revenir avec récurrence au cours des prochaines années. La raison? L’affichage bilingue dans les commerces, ou encore le service en français, sont parfois inexistants. Une situation embarrassante quand on sait que plus de 60 % des résidents sont francophones. Interrogée par #ONfr au cours d’un reportage sur ledit enjeu en octobre dernier, la mairesse, Joanne Savage, avait laissé une porte ouverte à ce projet : « Faudrait que le conseil regarde si il y’a la volonté de le faire, ainsi que le coût pour les commerces de la municipalité. » Pour Carole Lafrenière-Noël, la solution passe aussi par le recrutement. « Ils (les employeurs) ont aussi de la misère à recruter des gens bilingues et compétents. »

Médias sociaux. À l’ère de Facebook, on ne peut négliger la promotion de la langue via les médias sociaux. Il y a quelques semaines, les francophones de la place créaient un groupe Facebook Sturgeon Falls Ontario, pour converser français seulement. Une mise en place en partie due aux réactions provoquées par le reportage de #ONfr sur les lacunes de l’affichage bilingue dans la ville. La vidéo aurait provoqué des remous sur le groupe Sturgeon Falls Ontario aux plus de 5 000 membres. Certains messages des francophones auraient même été supprimés.