Cinq enjeux pour les francophones de Hearst

La municipalité de Hearst, dans le Nord ontarien. Archives ONFR+

HEARST – Une fois encore, #ONfr choisit de présenter les enjeux francophones pour une ville ontarienne. Hearst, un peu plus de 5000 résidents dans le Nord de l’Ontario, a attiré notre attention.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Démographie. Tout semble aller à priori bien à Hearst où les francophones sont en majorité. Un fait rare en Ontario dont peuvent aussi se targuer Kapuskasing, Casselman, ou encore Clarence-Rockland. Le vieil adage selon lequel les francophones doivent « prendre leur place » se vérifie, le taux de résidents dont le français est la langue première avoisinant les 90%. Mais ce portrait idyllique cache une difficulté : la ville se vide. Des quelque 6000 résidents présents en 1996, ils ne sont plus que 5000 aujourd’hui. La faute à l’éloignement dont souffre la ville, mais aussi au ralentissement des industries traditionnelles basées sur le bois. Une situation qui n’est certes pas sans rappeler les défis des autres villes du Nord de l’Ontario.

Obtenir un loyer. C’est bien souvent un parcours du combattant pour les nouveaux arrivants de Hearst d’obtenir un loyer. La faute à une demande supérieure des acheteurs par rapport aux vendeurs. Un constat observé par #ONfr lors d’un reportage effectué à Hearst au mois de mai. Selon Radio-Canada, la municipalité songerait même à augmenter le nombre de places disponibles dans les résidences pour personnes âgées pour pallier ce problème. Toujours est-il que cet obstacle peut décourager certains immigrants à venir s’installer au-delà du 49e parallèle et assurer ainsi la pérennité de la francophonie.

Rayonnance. Fort de la présence de deux écoles élémentaires et secondaires, Hearst peut aussi compter sur la libraire Le Nord, l’une des cinq dernières du genre en Ontario. Sur la même rue, se situe aussi le siège de l’hebdomadaire francophone LeNord. Reste que l’anglicisation demeure. Lors de notre reportage, les résidents de Hearst avaient confié cette inquiétude. « Même si on est majoritaires, beaucoup de nos médias sont anglophones », illustrait le propriétaire de la librairie Le Nord, Omer Cantin.

Bilinguisme PPO. Parmi les souhaits de la municipalité de Hearst : le bilinguisme de son détachement de Police provinciale de l’Ontario (PPO). Un projet qui représenterait la deuxième municipalité du genre à obtenir ce statut après celle d’Hawkesbury, dans l’Est Ontarien, en 2012. « Il faudrait que tous les membres de la PPO soient bilingues. Quand tu dessers une population de 90%, il faut pouvoir donner des services en français (…) La plupart des agents sont bilingues, suite à la pression de la communauté, mais on demande la désignation bilingue de tous les postes », confiait en mai à #ONfr, le conseiller municipal André Rhéaume.

Université de Hearst. L’Université de Hearst ou l’université franco-ontarienne? Le recteur Pierre Ouellette nuance. « Nous nous considérons comme l’université de langue française en Ontario. » L’établissement compte d’ailleurs deux campus satellites à Kapuskasing et Timmins pour un total de 150 étudiants. Handicapé par l’isolement, et loin des grands centres de décision politique, l’Université de Hearst continue de tirer son épingle du jeu, dernièrement avec la mise en place de « cours en bloc » et un recrutement accéléré d’étudiants internationaux. « Oui le défi de l’isolement est là, mais quand on fait 7000 ou 8000 kilomètres depuis l’Afrique pour étudier, en faire 900 de plus pour venir à Hearst, c’est loin d’être un projet impossible », expliquait à cet égard à #ONfr, Pierre Ouellette.