Climat : l’Ontario réitère ses bonnes intentions

Glen Murray, désormais l'ex-ministre de l’Environnement et de l’Action en matière de changement climatique de l'Ontario. Archives #ONfr

TORONTO – Le gouvernement libéral de l’Ontario tenait à préciser sa stratégie pour réduire considérablement son empreinte environnementale avant l’ouverture de la prochaine Conférence des Nations unies sur le changement climatique. Mais le plan, dévoilé à six jours de la rencontre COP21 à Paris, n’est guère plus qu’une simple déclaration de bonnes intentions, selon ses premières critiques.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La troupe de Kathleen Wynne a réitéré, mardi 24 novembre, ses engagements à rejoindre un marché du carbone, à changer ses méthodes d’approvisionnement, à « intégrer des mesures d’atténuation » dans la planification de l’infrastructure et à réduire la pollution par les transports et les immeubles.

La province a dit garder le cap pour l’année 2050 sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 80% de ce qu’elles étaient en 1990.

Pour une stratégie plus détaillée, il faudra par contre attendre le dépôt, début 2016, d’un autre plan sur cinq ans qui devrait mener l’Ontario à une première cible de réduction de ses émissions de GES de 15% par rapport à ce qu’elles étaient en 1990. La province aurait jusqu’ici réussi à réduire la pollution de 6% par rapport à il y a un quart de siècle.

Les libéraux à Queen’s Park admettent d’ores et déjà qu’il y aura, pour les contribuables, un coût direct associé à la lutte au changement climatique. Des produits, comme le carburant pour le chauffage et les véhicules, risquent de coûter de plus en plus cher d’ici à ce qu’ils soient remplacés par des technologies plus vertes.

« Nous sommes conscients qu’il y a aura un coût immédiat à notre lutte contre le changement climatique. C’est pourquoi une partie de nos revenus d’un marché du carbone serviront à atténuer ces coûts », a fait savoir la première ministre Kathleen Wynne lors d’un point de presse au Musée royal de l’Ontario, dans un décor de faux arbres et d’animaux empaillés. « Mais le coût de ne rien faire serait énorme », a-t-elle insisté.

Stimulant pour l’économie

Le ministre Glen Murray, responsable de l’Environnement et de la lutte au changement climatique, croit pour sa part que la participation de l’Ontario à un marché du carbone stimulera la croissance économique et l’innovation, notamment dans le secteur de l’automobile.

« Nous travaillons de très près avec le secteur de l’automobile pour trouver les meilleurs moyens de déployer des véhicules électriques sur tout notre territoire », a indiqué M. Murray. « Nous avons de l’énergie nucléaire. Nous pouvons générer plus d’électricité durant la nuit (…) pour recharger nos voitures à la maison à un faible coût », a-t-il fait remarquer devant la presse. « Il faut attaquer ces problèmes de front. »

Les grands constructeurs automobiles seraient d’ailleurs en train d’adapter rapidement leurs produits à une économie plus verte. « Nous changeons notre propre modèle d’affaires. Nous vendons des kilomètres plutôt que des véhicules », a affirmé David Paterson, vice-président chez General Motors au Canada, en marge du point de presse du gouvernement.

L’opposition à Queen’s Park a dit être restée sur sa faim après le dévoilement du plan des libéraux pour lutter contre le changement climatique.

« C’est l’annonce d’une annonce à venir. Il n’y a aucune cible. Il n’y a aucun moyen de savoir si cette stratégie sera efficace ou non », a réagi le néo-démocrate Peter Tabuns. « Le gouvernement pourrait (…) offrir des subventions ou des prêts aux gens pour qu’ils rénovent leur maison. Il pourrait investir dans les transports en commun pour qu’on n’ait plus besoin de conduire autant. Mais je ne vois rien de ça. »

« J’aurais aimé avoir plus de détails », a regretté à son tour le chef des verts, Mike Schreiner. « Et les cibles sont encore celles de l’ère Harper. La science nous dit que nous devons viser des objectifs plus agressifs que 80% en-deçà des niveaux de 1990 d’ici 2050. En fait, nous devrions être neutres en carbone à ce moment-là. »