Climat : plaidoyer pour des mesures « musclées »

Des événements météorologiques extrêmes associés au changement climatique ont déjà endommagé l’infrastructure de l'Ontario, selon la Commissaire à l'environnement Ellen Schwartzel.

TORONTO – Le gouvernement de l’Ontario aura du mal à atteindre ses objectifs dans sa lutte au changement climatique s’il n’adopte pas « des mesures musclées », estime la Commissaire à l’environnement de la province alors que s’ouvre à Toronto un important sommet sur le climat, le mardi 7 juillet.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La commissaire par intérim, Ellen Schwartzel, croit que le gouvernement libéral de Kathleen Wynne chemine grosso modo dans la bonne direction. Mais le plus dur reste à faire, selon elle.

« À moins que le gouvernement ne prenne des mesures musclées, particulièrement dans les secteurs des édifices et du transport, il ne parviendra pas à atteindre son objectif de recouper 19 mégatonnes aux émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 », chiffre Mme Schwartzel dans un rapport annuel sur les émissions de gaz à effet de serre, intitulé La pression monte.

Le rapport souligne que des événements météorologiques extrêmes associés au changement climatique ont déjà endommagé l’infrastructure de la province; par exemple, les orages intenses et les inondations subites au cours des dernières années ont causé des dégâts coûteux aux routes provinciales et aux voies ferrées.

Ellen Schwartzel salue l’adhésion imminente de Queen’s Park à un programme de plafonnement et d’échange pour les émissions de gaz à effet de serre (GES) comme celui auquel participent déjà la province de Québec et l’État américain de la Californie. Elle s’inquiète toutefois que ce programme de monétisation du carbone – communément appelé cap and trade – soit axé sur les grands émetteurs industriels et qu’il ne suffise pas à combler l’écart à court terme.

Réduction de 19 mégatonnes

L’Ontario s’est donné pour objectif de réduire d’ici 2020 ses émissions de GES de 15% en-deçà de leur niveau de 1990. La province doit par conséquent diminuer ses émissions de 19 mégatonnes.

« Mais nous avons besoin d’une série de mesures plus ambitieuses pour atteindre notre cible de 2020, qui porteraient principalement sur la réduction des émissions des voitures et des camions », fait valoir Mme Schwartzel. « Chaque nouveau gratte-ciel devrait nous rappeler que les édifices représentent la deuxième source en importance de mégatonnes de CO2 », ajoute-t-elle.

Le rapport d’Ellen Schwartzel intervient alors que le clan Wynne accueille à Toronto le Sommet des Amériques sur le climat, auquel sont conviées plusieurs figures de proue de la lutte au changement climatique, notamment l’ancien vice-président américain Al Gore et l’ancien président mexicain Felipe Calderón.

Le ministre de l’Environnement, Glen Murray, qui a le mandat spécial de lutter contre le changement climatique, s’est montré pour sa part rassurant, le 7 juillet. « L’Ontario est 6% en-deçà des niveaux de GES de 1990. Nous n’avons jamais raté une cible », a-t-il réagi sur Twitter. « Nous introduisons un prix sur le carbone, l’électrification du (réseau de trains) GO et plus encore pour atteindre notre cible de 2020. »