Le couperet tombe au Commissariat aux services en français

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TORONTO – L’ombudsman de l’Ontario a annoncé ce vendredi, en fournissant peu de détails, son plan pour avaler le Commissariat aux services en français, dès le 1er mai. Trois postes sont coupés et un branle-bas de combat important est prévu, ce qui suscite des craintes chez les employés. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) dénonce vigoureusement les changements.

« Ma vision pour cette unité est de maintenir et de renforcer les services que le CSF a toujours offerts au public », affirme l’ombudsman, Paul Dubé, dans un communiqué. « Le Commissaire sera encouragé à être aussi actif que possible dans la promotion des droits linguistiques, l’établissement de relations et l’identification des problèmes systémiques auxquels fait face la communauté francophone », rajoute-t-il. Concrètement, le Commissariat aux services en français devient une « unité spécialisée ».

Trois postes seraient éliminés : le poste de directeur-général, l’un aux services des communications et un autre d’ajointe-administrative, selon les informations obtenues par ONFR+ auprès de plusieurs sources. Le Commissariat comptait jusqu’ici 14 postes.

Cette annonce suscite la colère de l’AFO qui parle d’une autre promesse brisée, même si l’organisme ne parle que de deux postes affectés.

« L’AFO est outrée par l’annonce de coupures de deux postes au sein de l’équipe du Commissariat aux services en français », écrit-elle dans un communiqué envoyé quelques instants après celui de l’ombudsman.

L’organisme rappelle que la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, avait dit que le commissariat serait intégré dans « son entièreté » au sein du bureau de l’ombudsman.

L’ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé, refuse formellement toute demande d’entrevue, ce vendredi. En fait, il n’est pas libre avant la fin du mois d’avril pour répondre aux questions, indique-t-on.

Une douche froide chez les employés

Au sein du Commissariat aux services en français, cette annonce est accueillie comme une douche froide par plusieurs employés, selon différentes sources. Car même pour les postes sauvés, les tâches qui leur correspondent ne seront plus les mêmes et leur positionnement hiérarchique dans l’organisation non plus. Plusieurs pourraient donc refuser de joindre l’ombudsman, particulièrement en raison de son mandat restrictif.

« Aujourd’hui, ça paraît bien en lisant le communiqué, mais dans trois mois, on verra qui aura vraiment fait le saut et quel sera le portrait. Ça risque d’être pas si beau que ça », a indiqué une personne au fait du dossier, souhaitant conserver l’anonymat.

Les décisions de l’ombudsman font croire qu’il n’est pas conscient de l’importance du mandat du commissariat aux services en français, affirment plusieurs sources. Pire, l’ombudsman semble ne pas avoir respecté l’esprit de la loi qui éliminait le commissariat et qui appelait au transfert des employés, affirment différents observateurs.

Plusieurs redoutent une perte d’expertise au sein de l’équipe transférée au bureau de l’ombudsman.

L’AFO exige une action du gouvernement Ford

« Comme dans le cas de l’Université de l’Ontario français, le Premier ministre et son gouvernement nous ont menti. On comprend maintenant que l’intégration du Commissariat aux services en français visait finalement à faire des économies de bout de chandelle sur le dos de la minorité francophone. C’est inacceptable! », soutient Carol Jolin, président de l’AFO.

Le gouvernement Ford a la responsabilité d’agir, dit-il. « Le Premier ministre de l’Ontario doit accorder les fonds à l’Ombudsman de l’Ontario dans les plus brefs délais pour que l’entièreté de l’équipe du Commissariat aux services en français puisse poursuivre son travail. Nous allons consulter nos avocats pour voir si nous pouvons entreprendre des actions pour arrêter l’affaiblissement de notre institution », dit-il.

Le directeur général, Jean-Gilles Pelletier, agira à partir de mai à titre de Commissaire par intérim du l’unité d’enquête francophone.

François Boileau déposera son dernier rapport annuel, le mardi 16 avril.