Conseiller scolaire, la vocation avant tout

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[TÉMOIGNAGES]

OTTAWA – Le 22 octobre se tiendront les élections des conseillers scolaires. Certains n’auront pas à patienter jusque-là pour se faire élire, mais pour d’autres, il faudra faire campagne. #ONfr a rencontré quatre candidats.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Jo-Anne Thibodeau, Welland

Avocate à la retraite, Jo-Anne Thibodeau œuvre bénévolement au sein de plusieurs organismes de la péninsule du Niagara depuis de nombreuses années. En 2017, elle a accepté de remplacer le défunt conseiller scolaire Jules Létourneau.

« J’ai toujours été intéressée par le droit à l’éducation des minorités et c’était une manière de redonner à ma communauté », explique celle qui a déménagé à Welland, il y a trois ans, pour permettre à ses deux filles de poursuivre leur éducation à l’école secondaire catholique Jean-Vanier.

« C’est un poste qui me plaît beaucoup, car ça permet d’avoir une vue d’ensemble sur la direction prise par le conseil scolaire. Ça m’a pris plus de temps que j’aurais pensé pour bien assimiler les dossiers et les enjeux. Il y a beaucoup de lecture, de travail préparatoire… Ça demande du temps et de l’attention, mais j’aime ça. »

Seule candidate, elle a été élue par acclamation pour un premier mandat complet au sein du Conseil scolaire catholique Mon Avenir.

« Nous sommes très minoritaires à Welland et le conseil scolaire occupe un très grand territoire. Ici, le transport scolaire est l’un de nos défis, car nos écoles nourricières sont un peu éloignées. Mais nous devons aussi nous battre pour convaincre les familles exogames et les nouveaux arrivants de mettre leurs enfants dans une école de langue française et non dans une école d’immersion. On a aussi des défis à surmonter pour recruter des enseignants et du personnel. »

Marc Bissonnette, Ottawa

C’est un retour aux sources pour Marc Bissonnette. Conseiller scolaire pour le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) pendant 17 ans, une erreur administrative l’a empêché de poursuivre son travail lors des dernières élections.

Cette année, il devra batailler face à deux candidates, Myriam Hebabi et Jacinthe Marcil afin de revenir à la table des décisions.

« Je crois vraiment en l’éducation publique de langue française. J’en suis moi-même un produit puisque j’ai fait toutes mes études à l’école secondaire publique De La Salle, à Ottawa, même si à l’époque les conseils scolaires francophones n’existaient pas encore… », explique M. Bissonnette.

Marc Bissonnette. Crédit image : La Cité

Et ce n’est pas parce qu’il n’est pas parent lui-même que le sujet de l’éducation ne le concerne pas, assure-t-il.

« C’est pour la cause qu’on s’implique. Je souhaite que les jeunes vivent une aussi bonne expérience que moi dans leurs écoles. Et puis, comme j’ai toujours travaillé dans le secteur de l’éducation, notamment au collège Boréal et à La Cité, j’ai un bagage intéressant que je veux partager. »

Anciennement conseiller pour le CEPEO à Kingston, il a vu les progrès accomplis là-bas, mais aussi les difficultés de ce poste, parfois.

« Lorsqu’on a dû déménager l’école Madeleine-de-Roybon hors de la base militaire, il y a eu une forte insatisfaction des parents. J’ai travaillé fort pour qu’on puisse avoir une nouvelle école et je suis fier de ce qu’on a accompli. »

S’il est réélu, il se donnera la même mission d’être à l’écoute des parents, sans perdre de vue l’intérêt général du conseil scolaire, dit-il. Et à long terme son rêve serait que les conseils scolaires catholiques et publics ne fassent plus qu’un.

Anne-Marie Gélineault, Thunder Bay

Voilà 12 ans qu’Anne-Marie Gélineault est conseillère scolaire au Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO).

« Le président du conseil scolaire m’avait approché à l’époque et ça m’intéressait de pouvoir contribuer. »


« Je crois en l’éducation de langue française et trouve important de m’impliquer » – Anne-Marie Gélineault


Les défis sont nombreux dans cette partie de la province. Représentante des districts d’Algoma et de Thunder Bay, Mme Gélineault doit se déplacer jusqu’à Sudbury, au siège du conseil, au moins trois fois par an pour des rencontres en personne, sans oublier les multiples documents à lire pour se tenir informé.

« On ne le fait certainement pas pour l’argent. Il faut y croire vraiment! Comme je suis travailleuse autonome, j’arrive à m’arranger. C’est vrai que j’aimerais ne plus avoir besoin de le faire, mais quand on est francophone en milieu minoritaire, il faut toujours se battre pour garder sa langue. »

Réélue par acclamation à son poste, Mme Gélineault surveille avec attention ce qui se passe à Queen’s Park, car, dit-elle, les besoins en rénovation d’écoles et le manque de place sont fréquents dans sa région.

« Il y a une volonté de la part du gouvernement d’équilibrer les finances. On ne sait pas encore comment ça va se passer, mais ça aura sûrement un impact sur la communauté francophone. »

François Bazinet, Finch

Après avoir représenté les enseignants au sein de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) pendant plusieurs années et avoir gravité dans le milieu de l’éducation comme enseignant et conseiller pédagogique, François Bazinet a voulu voir comment ça se passait de « l’autre côté de la table », explique-t-il.

« C’est très différent de ce que j’imaginais! Je ne pensais pas qu’un conseiller scolaire était impliqué dans autant de décisions. »

François Bazinet. Crédit image : CSDCEO

Désormais grand-père, celui qui œuvre depuis huit ans comme conseiller scolaire pour le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) reconnaît que la tâche n’est pas toujours facile.

« Il y a des journées plus faciles que d’autres. Quand on doit fermer une école, comme ça a déjà été le cas, ce n’est jamais de gaité de cœur. On sait l’impact que ça a sur les communautés rurales et à quel point les gens sont attachés à leurs écoles. Mais des fois, c’est la décision à prendre dans l’intérêt de l’ensemble du conseil scolaire et ce n’est pas toujours facile à expliquer aux parents, mais on essaie de toujours penser au bien des élèves. »

Réélu sans opposition, M. Bazinet, qui est également impliqué dans de nombreuses causes franco-ontariennes, dont la construction de monuments de la francophonie dans la région, explique qu’il continuera tant qu’il sent pouvoir faire une différence et que « l’énergie sera là ».


POUR EN SAVOIR PLUS :

Le défi des élections scolaires