« Convoi de la liberté » : la tension monte d’un cran à Ottawa et Toronto

Les camions entravent la circulation à Ottawa, une situation qui pourrait se produire à Toronto ce week-end. Crédit image: Pascal Vachon

Alors que les manifestants continuent d’occuper le pavé à Ottawa et que tout indique que Toronto est la prochaine cible du « convoi de la liberté », les dispositifs de sécurité sont en alerte maximale dans les deux villes, à l’approche de la fin de semaine. Doug Ford prône la « tolérance zéro » contre les manifestants violents.

« On fera tout ce qu’on peut pour ne pas voir à Toronto ce qu’on a vu à Ottawa », a déclaré ce vendredi en conférence de presse le maire de la Ville reine, John Tory. À ses côtés, le chef de la police, James Ramer, a prévenu que « toute personne prise en train de bloquer des accès aux hôpitaux ou des services d’urgence, y compris des ambulances, devrait en assumer les conséquences ».

La tension est palpable à Toronto. Des policiers ont d’ores et déjà bouclé le périmètre immédiat de l’Assemblée législative de l’Ontario et filtrent les rues adjacentes afin d’éviter une saturation du centre-ville qui pourrait compromettre l’accès aux hôpitaux tout proche.

James Ramer, chef de la police de Toronto. Capture d’écran ONFR+

« Tolérance zéro » contre la violence, réagit Ford

Dans la foulée des déclarations du maire et des représentants des forces de l’ordre, Doug Ford a, à son tour, condamné l’action des manifestants prônant la « tolérance zéro » à Ottawa et face au risque de débordements auxquels pourrait faire également face Toronto.

« Il y a une chose que les Ontariens ont en commun : ils veulent sortir de la pandémie. Regardez à Ottawa : ça fait du mal aux gens, aux affaires. (…) C’est le temps de mettre fin à tout ça », a lancé le premier ministre en marge d’une conférence de presse avec ses homologues des provinces et territoires, cet après-midi.

Doug Ford a condamné la violence et les blocages. Capture d’écran ONFR+

« Je ne pense pas que ces protestations soient pacifiques », a déclaré Andrea Horwath, évoquant les actes commis à Ottawa sur la statue de Terry Fox et le Monument commémoratif de guerre du Canada. La cheffe de l’opposition officielle a demandé à Doug Ford de prendre les dispositions nécessaires afin de protéger les hôpitaux et les travailleurs aux alentours de Queen’s Park.

« Doug Ford est encore parti se cacher », indiquait-elle avant que le premier ministre ne prenne la parole. « On a besoin de leadership. On a besoin que le gouvernement Ford prenne des actions et non qui se croise les doigts. »

Divisions et changement de cap chez les conservateurs

À Ottawa également, la police s’attend à un gros mouvement de contestation. Près de 150 policiers supplémentaires seront déployés au cours des quatre prochains jours pour encadrer la manifestation anti-vaccin, a déclaré le chef de la police ottavienne, Peter Sloly.

Ce vendredi, alors que la police ottavienne prévoit elle aussi un gros mouvement de contestation ce samedi au cours de la période des questions au parlement, les conservateurs ont changé leur fusil d’épaule, affirmant désormais demander la fin des manifestations à Ottawa.

« Après une semaine, il est temps de mettre fin à la manifestation qui se déroule devant la colline parlementaire, et mettre fin aux restrictions qui en sont l’origine. Les démonstrations de haine et de racisme qu’on a vues sont inacceptables », a affirmé le député de Lac-Mégantic, Luc Berthold.

La cheffe intérimaire Candice Bergen a aussi demandé la fin des manifestations à Ottawa avec une « résolution pacifique ».

« Les Canadiens et les conservateurs vous (les camionneurs) ont entendu haut et fort. Peu importe l’allégeance politique, nous voulons tous une fin aux manifestations et une fin aux restrictions. Maintenant, nous devons nous rassembler, comme les Canadiens l’ont toujours fait, et tracer une voie pacifique pour l’avenir. »

Même son de cloche du côté du député québécois Pierre-Paul Hus qui a écrit sur Twitter demandé que l’on « dégage les rues et que l’on cesse cette occupation contrôlée par des radicaux et des groupes anarchistes ».

Toutefois, le sujet semble diviser dans les rangs conservateurs, alors que le collègue de M. Hus, Dean Allison (Niagara-Ouest), a répondu être en « profond désaccord » avec celui-ci, par média social interposé

Pourtant, Mme Bergen, nommée cheffe intérimaire après le départ de Erin O’Toole, disait en début de semaine vouloir faire des camionneurs « le problème du premier ministre », rapporte le Globe & Mail et La Presse Canadienne qui ont mis la main sur des échanges de courriel.

« Je ne pense pas que nous devrions leur demander de rentrer chez eux », a-t-elle indiqué dans un message adressé à des collègues de son parti.

Hier, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a annoncé avoir accepté la demande de la Ville d’Ottawa en envoyant des effectifs supplémentaires de la GRC.

« Cette demande s’ajoute aux ressources et au soutien de la GRC déjà en place depuis l’arrivée du convoi à Ottawa. Il est important de souligner qu’il s’agit de décisions opérationnelles prises par la police, indépendamment du gouvernement », a indiqué dans une déclaration le ministre.

Article écrit avec la collaboration de Rudy Chabannes.

Cet article a été mis à jour vendredi 4 février à 16h.