Convoi de la liberté : l’Ontario n’a pas voulu donner plus de ressources à Ottawa

Convoi de la liberté
Arrestations durant une des manifestations à Ottawa. Archives ONFR+

OTTAWA – Le gouvernement Ford n’a pas voulu accorder des ressources supplémentaires aux autorités policières locales durant le blocus de la ville d’Ottawa, a révélé la Commission sur l’état d’urgence chargée d’évaluer l’utilisation de la Loi sur les mesures d’urgence par le fédéral.

Doug Ford a pourtant réitéré, lundi matin, son appui à la décision du gouvernement fédéral d’invoquer cette Loi jamais utilisée par le passé, disant s’être tenu « coude à coude » avec le premier ministre canadien Justin Trudeau.

« J’ai une tolérance zéro pour vous si vous perturbez la vie des habitants d’Ottawa tous les jours et perturbez le flux économique à travers notre frontière », a-t-il affirmé en référence au blocage ayant eu lieu l’hiver dernier au pont Ambassador de Windsor.

Le 9 février dernier, en plein milieu de l’occupation du centre-ville par camionneurs, la Solliciteure générale Sylvia Jones a fait savoir dans un appel au maire d’Ottawa Jim Watson qu’elle ne voulait pas intervenir, selon le directeur général de la Ville d’Ottawa Steve Kanellakos.

« Je me souviens que la ministre a dit que c’était quelque chose dont elle devrait discuter avec le commissaire de la Police provinciale de l’Ontario et que les élus ne devraient pas s’en mêler », a-t-il relaté lors de son témoignage lundi matin.

Des membres du gouvernement Ford avaient aussi refusé de participer à certains appels entre le 8 et le 10 février entre le gouvernement fédéral et des autorités policières provinciales et nationales, a rappelé Steve Kanellakos.

Le 11 février, le gouvernement Ford déclarait l’état d’urgence dans la foulée des événements à Windsor et Ottawa, soit près d’une vingtaine de jours après leur début dans la capitale nationale. Le Toronto Star rapportait en août que la province avait offert de rencontrer les manifestants qui occupaient le pont Ambassador. Une offre qui avait été refusée.

Le premier ministre de l’Ontario dit que les gens responsables de la Commission ne lui ont pas demandé de venir témoigner. Ce dernier assure que les témoins qui seront appelés sont mieux placés que lui. Des sous-ministres du gouvernement ontarien et des hauts membres de la Police provinciale de l’Ontario doivent parler cette semaine et dans les jours subséquents.

« Nous avions de hauts fonctionnaires du PPO qui dirigeaient les opérations en collaboration avec les services de police municipaux et la GRC », s’est tenu de répondre Doug Ford, qui était de passage à Kanata pour annoncer la venue d’un nouveau projet d’innovation numérique de Nokia.

Ottawa savait que 10 000 personnes venaient

La Ville d’Ottawa, le maire Jim Watson et le service de police étaient au courant que les camionneurs du Convoi de la liberté prévoyaient rester pendant plus de 30 jours à Ottawa.

Le maire d’Ottawa Jim Watson,. Archives ONFR+

Steve Ball de l’association des hôteliers d’Ottawa avait prévenu les autorités le 25 janvier que 10 000 à 15 000 personnes tentaient d’obtenir des chambres pour une période d’un à trois mois. Dans son témoignage, Steve Kanellakos disait avoir confiance que les manifestants partent après cinq jours, soit après une fin de semaine de manifestation. Les autorités policières et municipales étaient aussi au courant que les camionneurs prévoyaient bloquer les voies d’accès au centre-ville et attacher les camions les uns aux autres.

« Nous nous sommes appuyés sur la police pour recueillir les informations, les rassembler avec toutes les informations dont elle disposait et faire une évaluation des risques à fournir à la ville en termes de stratégie qu’elle allait adopter pour atténuer ce risque », s’est défendu Steve Kanellakos.