Coupes en éducation : les francophones évaluent les dommages

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TORONTO – Tous les conseils scolaires francophones de l’Ontario ont reçu la lettre du gouvernement Ford annonçant l’élimination de fonds pour plusieurs initiatives scolaires. Des élèves en difficulté pourraient payer un fort prix et plusieurs projets en éducation francophones pourraient aussi subir les coupes, s’entendent certains intervenants. Une thèse que nie cependant toujours le gouvernement.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

En 2018-2019, les subventions d’Autres programmes d’enseignement (Subventions APE) ont permis aux conseils scolaires francophones d’engager 24 responsables en santé mentale pour desservir des dizaines d’écoles partout dans la province.

Voilà l’une des initiatives très concrète financée par l’enveloppe de 425 millions de dollars prévue dans le cadre des subventions APE, à l’intention des conseils scolaires anglophones et francophones. Vendredi, le gouvernement progressiste-conservateur a confirmé qu’il amputait de 25 millions de dollars le budget de ce programme.

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans les conseils scolaires francophones : la missive gouvernementale, envoyée en fin de journée, comportait plusieurs zones d’ombre. Pendant le weekend, mais également ce lundi 17 décembre, les différents conseils francophones en étaient à évaluer les dommages et les mesures très concrètes qui devront être éliminées.

L’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) a vivement réagi. Mais elle n’est toujours pas en mesure de déterminer là où les coupes se feront sentir.

« L’AFOCSC est déçue que le gouvernement juge que certains programmes spécialisés soient inutiles et un gaspillage d’argent. L’AFOCSC maintient qu’au contraire ces programmes destinés aux clientèles plus vulnérables aident aux élèves et font une différence dans leur vie scolaire », affirme l’organisation dans une déclaration à la presse. « L’AFOCSC travaille de concert avec ses huit conseils membres pour identifier tous les impacts de ces compressions sur les élèves et leur apprentissage », ajoute-t-on, précisant que « la note contenait peu de détails quant aux programmes qui seront touchés dès l’année 2018-2019 ».

Son président, Jean Lemay, est étonné de constater que ces coupes aillent été faites avant même la fin des consultations qui étaient menées jusqu’à samedi pour déterminer les priorités du milieu. « Nous aurions souhaité que le ministère de l’Éducation prenne connaissance des mémoires présentés dans le cadre des consultations sur le financement de l’éducation avant de prendre ces décisions » a-t-il fait savoir.

Plusieurs initiatives menacées

Les Subventions APE financent des initiatives en santé mentale, mais aussi des projets pour aider les apprenants du français (dont les nouveaux arrivants), une stratégie d’apprentissage électronique en langue française et appuient la mise en œuvre des politiques en éducation de langue française.

Une somme de 200 000 $ était même prévue pour « assurer la protection, l’amélioration et la transmission de la langue et de la culture francophone dans le milieu minoritaire que forment les écoles de langue française », peut-on lire dans un document gouvernemental, consulté par #ONfr.

C’est sans compter d’autres initiatives comme des programmes de tutorat, le financement d’initiatives en littératie ou encore, des projets pour un meilleur accompagnement des élèves autochtones.

Encore du flou

Mais le flou demeure sur les initiatives exactes qui passeront au couperet. Le gouvernement refuse de répondre, à une exception près. En point de presse, la ministre de l’Éducation, Lisa Thompson, a confirmé qu’un projet de « transport actif », qui faisait notamment la promotion de la marche ou du vélo pour aller à l’école a été éliminé.

« Nous avons regardé quelle différence faisait chaque initiative dans la salle de classe  et les duplicatas. Les parents peuvent regarder comment ils amènent leurs enfants à l’école, mais pas besoin d’un programme pour ça. C’est le gros bon sens », a affirmé la ministre Thompson.

« Le message est le suivant : nous montrons l’exemple et nous sommes responsables », a-t-elle expliqué pour justifier les coupes de vendredi. « Toutes [les dépenses] sont révisées ligne par ligne », a-t-elle soutenu, refusant de dire si d’autres programmes allaient disparaître.

Mitzie Hunter, qui a déjà occupé le poste de ministre de l’Éducation pendant l’ère libérale, n’est pas du même avis. « C’était une mesure qui faisait la promotion de la santé chez les jeunes. On les encourageait à faire de l’exercice. On parle du développement de bonnes habitudes de vie », réplique-t-elle.