Coupures francophones : les élus fédéraux se tournent vers Fullerton

Le premier ministre de l'Ontario Doug Ford et la ministre de la Formation et des Collèges et Universités, Merrilee Fullerton. Archives #ONfr

OTTAWA – Après avoir échoué à attirer la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, les députés fédéraux du comité permanent des langues officielles se tournent désormais vers la ministre de la Formation et des Collèges et Université de l’Ontario, Merrilee Fullerton.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

À l’issue d’une séance à huis clos, les députés du comité permanent des langues officielles ont décidé à l’unanimité de consacrer l’ensemble de leurs travaux, d’ici le temps des Fêtes, à la crise que traverse l’Ontario français.

« Nous avons décidé de mettre l’accent d’ici Noël sur la crise en Ontario français. On va inviter la ministre de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario, Merrilee Fullerton, pour qu’elle s’explique sur l’abandon du projet d’université de langue française », a expliqué le président du comité, le député libéral Denis Paradis.

Mardi, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Murloney avait décliné l’invitation des élus fédéraux qui réfléchissaient à d’autres options.

Ce jeudi, sa collègue a refusé de dire si elle accepterait cette invitation.

« J’apprécie l’invitation, je vais devoir vérifier mon agenda. Je ne peux pas dire », a-t-elle répondu, à Queen’s Park.

L’unanimité du comité tranche avec les échanges toujours virulents entre les partis libéral et conservateur depuis une semaine. Les conservateurs critiquent notamment le fait que le premier ministre n’ait toujours pas rencontré le premier ministre ontarien Doug Ford, là où le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, l’a déjà fait. Mercredi, M. Trudeau n’avait pas répondu aux questions lui demandant s’il comptait contacter le premier ministre ontarien.

Boileau devant le comité le 29 novembre

Les députés fédéraux se disent très inquiets de la situation et vont également inviter plusieurs témoins à comparaître sur cette question. Le 29 novembre, le commissaire aux services en français, François Boileau, et le commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick par intérim, Michel A. Carrier, seront d’ailleurs devant le comité pour évoquer les troubles que connaissent l’Ontario français et le Nouveau-Brunswick, où la majorité du gouvernement provincial repose sur l’appui d’un parti ouvertement opposé au bilinguisme, l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick.

Devant le comité, ce jeudi, le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a invité les parlementaires à l’unité dans ce dossier.

« Ce qui fait reculer la francophonie ontarienne fait reculer toute la francophonie canadienne et touche tout le Canada. Car les langues officielles ne sont ni libérales, ni conservatrices, ni néo-démocrates, c’est une valeur fondamentale canadienne! », a lancé le président Jean Johnson.

Financement du projet d’Université de l’Ontario français

Si la FCFA était devant le comité permanent des langues officielles pour parler de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, dont la première version fêtera son 50e anniversaire en 2019, la crise que traverse l’Ontario depuis l’annonce de l’abolition du Commissariat aux services en français et la suppression du projet d’Université de langue française en Ontario a occupé une grande partie des débats.

L’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire a demandé que le gouvernement fédéral finance 50 % des coûts de démarrage du projet d’université de l’Ontario français.

La veille, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, avait demandé au fédéral d’en financer la totalité. Une option que ne privilégie pas la FCFA.

« Demander un financement à 100 %, ça créerait un précédent et déresponsabiliserait les provinces, elles doivent faire leur part », a lancé M. Johnson.

Selon le réseau TVA, le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, serait lui aussi ouvert à l’idée que le fédéral aide au financement de la nouvelle institution.

Article écrite avec la collaboration d’Étienne Fortin-Gauthier.

Cet article a été mis à jour le jeudi 22 novembre, à 14h25.


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