Des commerçants francophones à l’épreuve de la COVID-19

La café Snakes and Lattes sur la rue College à Toronto. Gracieuseté : Google Maps.

Au moins deux semaines… Voilà le temps pendant lequel les restaurants, bars ou cinémas ontariens resteront fermés. La conséquence de l’état d’urgence, décrété mardi matin par le gouvernement Ford pour répondre à la crise du coronavirus. Partout en province, des entreprises se retrouvent dans des situations précaires.

À Toronto, les cafés de jeux de société Snakes and Lattes n’ont pas attendu l’annonce du gouvernement provincial pour fermer boutique.

« On suivait ce qu’il se passait dans d’autres pays et on savait que les bars et les restaurants seraient contraints de fermer bientôt », raconte le propriétaire Benoit Castanié. « On a donc pris la décision lundi. »

Selon M. Castanié, trop de détails demeurent incertains pour savoir comment ses commerces s’en tireront.

« C’est compliqué », explique-t-il. « Nos deux dépenses importantes sont le loyer et les employés. Nous sommes en train de payer nos employés et de les licencier pour qu’ils puissent toucher à l’assurance emploi. À partir du moment où les propriétaires sont prêts à repousser quelques échéances pour les prochaines semaines, on devrait s’en tirer. Mais s’ils n’acceptent pas des retards pour nos paiements de loyer, ça risque d’être plus compliqué. »

À trois semaines de la faillite

« C’est difficile de comprendre à quel point la pandémie affecte notre entreprise », s’exclame Justine Martin, propriétaire de la pâtisserie sudburoise, Guilty Pleasures.

« Avant le premier cas confirmé de coronavirus à Sudbury, le mois allait très bien. Et là, tout d’un coup, tout est tombé à l’eau. J’ai perdu toutes les locations de salle pour des événements spéciaux jusqu’à mai et tous mes contrats de restauration. Plus de 90 % de mes commandes de gâteaux ont été annulées, y compris les gâteaux de mariage. »

Et de poursuivre : « En ligne, j’ai dit que nos revenus ont baissé d’environ 50 %. Maintenant, c’est plus comme 80 %. »

La situation est précaire, dit la propriétaire. Elle estime que l’entreprise pourra survivre un maximum de trois semaines avant d’avoir à fermer définitivement.

Justine Martin, propriétaire de la pâtisserie sudburoise Guilty Pleasures. Gracieuseté

« Ce que nous avons compris, c’est que la seule façon de surmonter cette tempête est de mettre en œuvre des solutions créatives que nous n’avons jamais envisagées par le passé », raconte-t-elle.

Mme Martin a donc créé une boutique en ligne lundi soir, afin de vendre ses produits. Elle s’est aussi mise à vendre du pain afin de diversifier ses sources de revenus.

« Nous offrons un service de livraison sans contact : les gens peuvent commander en ligne, payer en ligne et recevoir leurs produits à leur porte sans avoir à interagir avec une autre personne. »

Les petites villes ne sont pas épargnées

À Kapuskasing, loin de tous les cas rapportés de coronavirus, le cinéma Royal Theatre se voit aussi obligé de fermer ses portes.

« Je ne sais pas quoi en penser pour l’instant », affirme le propriétaire Garrick Sissons. « Je dois avoir confiance que le gouvernement a fait le bon choix et que c’est une mesure de prévention nécessaire. »

« À voir les choses ici, il serait facile de dire qu’il s’agit d’une réaction excessive. Mais on doit être proactif. On ne peut pas attendre qu’il y ait un cas dans chaque petit coin du pays pour prendre des mesures. »

Au fil des ans, Royal Theatre a eu sa part de difficultés financières, ayant même fermé ses portes pour plusieurs années avant que M. Sissons achète l’entreprise.

« Les deux prochains mois vont être difficiles », note-t-il. « Déjà que les cinémas des petites villes ne gagnent pas beaucoup d’argent… »

Pour limiter les pertes, le cinéma continuera à vendre son popcorn à emporter.

« C’est à peu près la seule chose que je puisse faire pour l’instant, mais ce n’est peut-être pas une source de revenus viable. J’espère que ce sera assez d’argent pour payer les factures jusqu’à la réouverture. »