L’Ontario rouvre lentement sur fond de déficit

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TORONTO – Plusieurs magasins ontariens de détails ont pu rouvrir leurs portes, ce lundi, alors que la progression de la pandémie semble confirmer son ralentissement. Mais le chiffre qui retient l’attention, c’est celui du déficit que pourrait connaître la province.

Selon le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario, le déficit de la province pourrait atteindre 41 milliards de dollars en 2020-2021. Déficits et dettes semblent être l’avenir immédiat de la province, conséquences de la COVID-19. La pandémie remet en cause la promesse d’équilibrer le budget faite par le Parti progressiste-conservateur lors de la dernière campagne électorale.

« Nous revenons de loin, mais avons encore une longue route à faire pour rétablir notre économie telle qu’elle était », a reconnu le premier ministre Doug Ford.

Son ministre des Finances, Rod Phillips a insisté que le contexte actuel rend difficile toute vision économique à long terme.

« Nous sommes au milieu d’une crise, c’est difficile de savoir ce qui va se passer. »

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford. Capture d’écran ONFR+

Dans son énoncé économique de mars, le gouvernement anticipait un déficit de 20,5 milliards de dollars pour 2020-2021.

Le gouvernement insiste que la priorité reste de « protéger la santé et le bien-être » des Ontariens, rappelant son injection de 17 milliards de dollars dans l’économie ontarienne.

« Je suis confiant dans la capacité des gens de l’Ontario, des entreprises et de notre gouvernement de reconstruire notre économie », a assuré M. Ford.

La province dit travailler avec son homologue fédéral et les municipalités à un plan de relance.

Reprise partielle des activités

Au cours de la fin de semaine, les jardineries, les pépinières, les quincailleries et les magasins de fournitures de sécurité ont commencé à rouvrir leurs portes et à accepter les achats en magasin.

Et depuis aujourd’hui, les magasins de détail dont l’entrée donne sur la rue ont pu reprendre partiellement leurs activités, à condition d’offrir des services de collecte en bordure de trottoir ou de livraison.

Les parcs provinciaux ont eux aussi rouvert leurs portes, mais l’activité y reste toutefois limitée à la marche, la randonnée, le vélo et l’observation des oiseaux. L’accès y est gratuit jusqu’à la fin du mois de mai.

L’assouplissement des restrictions imposées aux magasins de détail s’inscrit dans la première phase du plan de déconfinement en trois étapes, présenté le 27 avril dernier.

La COVID-19 progresse au ralenti

▶️ 308 nouveaux cas positifs en Ontario
▶️ 20 546 cas de COVID-19 au total (69 156 au Canada)
▶️ 1 669 décès (4 906 au Canada), 15 131 guérisons
▶️ 1 027 hospitalisations, 194 personnes en soins intensifs
▶️ 447 964 tests réalisés (1 119 026 personnes testées au Canada), 9 018 en attente de résultats

Avant de voir appliquer de nouvelles mesures de réouverture, le gouvernement mise sur deux semaines d’amélioration au niveau des chiffres de la COVID-19.

Le premier ministre a rappelé aux Ontariens d’éviter les rassemblements, tout en faisant preuve d’une certaine ouverture vis-à-vis des réunions de famille, lui-même ayant avoué avoir reçu la visite de ses filles, sans leurs conjoints, à son domicile, dépassant ainsi la limite de cinq personnes fixée par Santé publique Ontario.

« Je fais confiance à la capacité de jugement des Ontariens. Si vous avez des parents plus âgés, et que leur santé n’est pas bonne, je ne prendrais pas le risque », a-t-il conseillé.

Les dernières données de Santé publique Ontario semblent confirmer un ralentissement de la progression de la pandémie dans la province. Mais la situation demeure critique dans les foyers de soins de longue durée qui ont enregistré six nouvelles éclosions depuis la dernière mise à jour.

Un crédit d’urgence pour les entreprises

En matinée, le ministre des Finances, Bill Morneau, a présenté de nouvelles mesures d’aide pour les entreprises. Ottawa crée un Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE) afin d’aider les entreprises touchées par la COVID-19 à poursuivre leurs activités.

Le gouvernement indique ainsi vouloir éviter la faillite d’entreprises « viables sur le plan économique dans d’autres circonstances ». Ces mesures ne touchent toutefois pas les entreprises qui étaient en difficulté avant le début de la pandémie et sont soumises à plusieurs conditions.

« Il s’agit d’un financement de transition, pas d’un chèque en blanc. (…) On veut éviter que les entreprises fassent faillite », a expliqué le premier ministre, Justin Trudeau, lors de son point de presse.

« On veut que ces mesures aident les nombreux employés qu’emploient ces grandes entreprises, pas leurs dirigeants. »

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Capture d’écran ONFR+

Ottawa annonce également l’élargissement du Programme de crédit aux entreprises (PCE) aux entreprises de taille moyenne qui pourront obtenir des prêts allant jusqu’à 60 millions de dollars et des garanties d’au plus 80 millions de dollars.

« Ces mesures aideront les entreprises à continuer à payer leurs employés et feront en sorte que davantage de Canadiens vont être en bonne position pour se remettre rapidement une fois que cette période difficile sera terminée », a expliqué le premier ministre Justin Trudeau, par voie de communiqué.

Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Andrew Scheer, a jugé ces mesures insuffisantes et trop rigides, estimant qu’elles arrivent trop tard.