Jour du Souvenir
Société

Daniel Roy, vétéran métis franco-ontarien, témoigne de l’évolution du Jour du Souvenir

Jour du Souvenir
Le coquelicot symbole du souvenir et de la gratitude envers les soldats tombés au combat. Photo : Canva

À Ottawa, le vétéran métis franco-ontarien Daniel Roy voit dans le Jour du Souvenir bien plus qu’une cérémonie annuelle : un moment de réflexion et de transmission, à la croisée de la mémoire collective et du vécu personnel. Il témoigne d’une journée qui, selon lui, n’a jamais cessé d’évoluer.

Chaque 11 novembre, Daniel Roy se rend au monument des vétérans autochtones d’Ottawa, où la cérémonie débute à 9 h 30.

« C’est une journée de réflexion, dit-il. Se souvenir des soldats qui ont servi pour la défense du Canada… mais aussi de ceux qui ont œuvré pour le maintien de la paix partout dans le monde. »

Ancien officier du génie électromécanique, il a servi quinze ans dans la Réserve canadienne avant de se consacrer, depuis douze ans, à la transmission de la mémoire au Musée canadien de la guerre.

« Quand on est aux cérémonies, on voit les vétérans plus âgés, et les larmes sont au menu pour eux. C’est un moment d’émotion, mais aussi de souvenir des bons moments, des camarades, de ce qu’on a vécu ensemble. »

Une mémoire qui se transforme

Pour M. Roy, le Jour du Souvenir n’a cessé de se transformer au fil des décennies, au gré des conflits où le Canada a été engagé.

« Quand le pays était en Afghanistan, de 2002 à 2012, il y a eu un réveil, dit-il. Les gens s’arrêtaient sur les ponts pour saluer le retour des soldats rapatriés à Trenton. C’était émouvant de voir tous ces Canadiens, peu importe leurs origines ou leurs religions, debouts en silence. »

Un élan d’unité nationale qu’il n’avait pas revécu depuis la guerre de Corée. Ce moment, se souvient-il, a permis à une nouvelle génération de Canadiens de renouer avec la réalité du service militaire et du sacrifice.

Mais cette prise de conscience, ajoute-t-il, pourrait s’effriter avec le temps. Sans le souhaiter, il observe que « l’histoire montre qu’il faut parfois un autre conflit pour raviver ce sentiment d’unité ».

Daniel Roy devant le Monument national aux anciens combattants autochtones. Photo : gracieuseté de M. Roy

Une reconnaissance grandissante des peuples autochtones et métis

Métis et fier de l’être, Daniel Roy souligne aussi l’importance de la reconnaissance croissante des Premières Nations, Métis et Inuits dans les cérémonies mais aussi au sein même de l’armée.

« C’est tout nouveau depuis cinq ou six ans : on les reconnaît davantage et c’est beau à voir. Les soldats autochtones ont maintenant le droit de porter la couette, la ceinture fléchée pour les Métis ou d’autres symboles qui reflètent leur identité. »

Au cours des deux dernières années, il a eu l’honneur de déposer la couronne au nom de la Fédération des Métis du Canada au cénotaphe d’Ottawa. Cette année, il participera à la cérémonie des vétérans autochtones à 9 h 30 avant de se rendre au Musée canadien de la guerre, où il œuvre comme interprète bénévole.

Entre transmission et gratitude

Au-delà des cérémonies officielles, il remarque aussi un changement dans le regard du public.

« Quand je porte mes décorations, les gens me remercient plus souvent. L’autre jour, une jeune femme s’est retournée après m’avoir croisé juste pour me dire : merci pour votre service. Ça, c’est nouveau. »

Pour lui, cette reconnaissance traduit une évolution du rapport des Canadiens à leurs vétérans. Désormais, il est empreint de respect et de proximité.

« C’est beau à voir, ça fait partie de l’éveil des Canadiens envers ceux qui ont servi. »

Mais pour que ce souvenir perdure, la transmission doit continuer.

« La jeunesse, c’est essentiel. Quand j’allais dans les écoles de mes filles, à Toronto, je leur expliquais ce que ça veut dire être vétéran, aller à la guerre. »

Il se souvient aussi de ses voyages en Europe, où la mémoire de guerre reste omniprésente.

« Là-bas, les jeunes n’ont qu’à monter dans un autobus pour aller sur les lieux mêmes des batailles. Ici, au Canada, c’est différent : il faut raconter, montrer des photos, des films. Le processus n’est pas le même, mais on arrive au même résultat. »

M. Roy au musée de la Guerre du Canada avec sa plume d’aigle. Photo : gracieuseté de Daniel Roy

Au musée d’Ottawa, il poursuit ce travail de mémoire auprès des jeunes visiteurs.

« C’est important qu’ils voient un vrai vétéran, qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement un jeu vidéo ou une image de film. »

Pour lui, le coquelicot demeure un symbole puissant : « Il nous rappelle qu’il faut prendre un instant dans notre vie acharnée pour réfléchir, peut-être dire une prière, penser à quelqu’un qui a servi. » Et s’il continue de le porter, c’est « par tradition », car, dit-il en souriant, « je n’ai pas besoin de coquelicot pour ça : je l’ai dans le cœur tous les jours. »

Un hommage célébré à travers l’Ontario

Si Daniel Roy participera aux cérémonies à Ottawa, d’autres rassemblements auront lieu ailleurs dans la province.

La lieutenante-gouverneure Edith Dumont assistera à la commémoration officielle de Toronto, au cénotaphe de l’Old City Hall, dont c’est le centième anniversaire, de 10 h 45 à midi. Puis, en soirée, elle prendra part au banquet du Souvenir de la Légion royale canadienne à Cambridge.

À London, la population est attendue au cénotaphe de Victoria Park dès 10 h 45. Alors qu’à Windsor, la cérémonie se tiendra à City Hall Square, accompagnée d’un éclairage rouge symbolique des édifices municipaux.

Dans le Nord, des cérémonies sont prévues à Timmins, au cénotaphe de Hollinger Park, un peu avant 11 heures.

Toronto, East York, Etobicoke, Fort York, North York, Scarborough, York et Hamilton organiseront également leurs propres moments de recueillement à 10 h 45.

D’un bout à l’autre de l’Ontario, ces commémorations simultanées rappellent que le 11 novembre se vit à la fois dans l’intimité du souvenir et dans le partage d’une histoire commune.