De nouveaux lits de soins de longue durée pour les Franco-Ontariens

Plusieurs foyers de soins de longue durée ontariens auront leur unité francophone. Source: Getty Images

Bonne nouvelle pour les aînés des régions de Simcoe, York et Oxford : trois projets ont reçu du financement de la province pour de nouveaux lits de soins de longue durée, dont une partie accordée en priorité aux résidents de langue française. De source ministérielle, cinq autres projets en cours auront des répercussions directes sur l’offre de lits aux francophones.

À Barrie, dans la région de Simcoe, le foyer IOOF Seniors Home a obtenu le feu vert provincial pour plus que tripler le nombre de ses lits. Le financement prévoit la modernisation des 66 places existantes et la création de 64 nouvelles. Sur les 226 lits que comptera le foyer, 10 % seront destinés en priorité aux francophones.

À Richmond Hill, dans la région de York, le foyer Carefirst Seniors & Community Services Association s’est vu attribuer 120 nouvelles places pour un nouveau bâtiment et un centre de soins. Là aussi, la part du gâteau pour les francophones serait de l’ordre de 10 %. Le foyer offrira des services de santé et de socialisation, notamment aux résidents francophones, au sein d’un campus Santé, qui comprendra des lits de soins de longue durée et dispensera des formations professionnelles.

À l’heure où nous écrivions ces lignes, les deux institutions n’avaient pas donné suite à nos demandes d’entrevue, notamment concernant les détails de leur entente de financement et le nombre exact de licences dédiées aux francophones.

Mais ces deux foyers proposent bel et bien la création d’une unité francophone basée sur le modèle du Pavillon Omer Deslauriers (37 lits) au sein du foyer torontois Bendale Acres, même si l’envergure devrait être différente.

Un véritable « chez-soi » pour les résidents

IOOF et CareFirst ont développé leurs projets respectifs en collaborant avec l’Entité 4 de planification des services de santé en français, dont la directrice générale, Estelle Duchon, réagit très positivement : « Les résidents des maisons de soins de longue durée sont les membres les plus vulnérables de notre société. La prestation de soins linguistiquement adaptés fait partie intégrante d’un système de santé basé sur la compassion et contribue à créer un véritable chez-soi pour les résidents. »

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D’autres initiatives sont en train d’émerger avec l’appui de la province, comme à Tavistock, dans la région d’Oxford, dans le Sud-Ouest ontarien. Le Foyer PeopleCare, qui envisage de servir francophones et autochtones, a reçu une approbation gouvernementale pour la création de 28 nouvelles places et la modernisation de 100 places existantes, ce qui permettra de créer un nouveau foyer de 128 lits adossés à un centre de soins.

Mais impossible, pour l’heure, de savoir combien de licences ciblent les aînés de langue française. « Nous avons de nombreux détails à régler dans les mois à venir », indique la porte-parole du projet, Sheena Campbell, qui vise une ouverture en 2022-2023.

« Le nombre exact de lits pour les francophones fera partie de nos discussions de planification en fonction des besoins locaux », ajoute-t-elle, « en collaboration avec les entités de planification en français, les organisations autochtones, les écoles et d’autres intervenants communautaires ».

Huit projets avec des lits pour les francophones

À ces trois projets, cinq autres devraient venir s’ajouter.

« Huit projets qui fourniront des soins culturellement et linguistiquement appropriés à la communauté francophone, représentant 583 places de soins de longue durée, sont à différentes étapes du processus d’examen des immobilisations », révèle à ONFR+ Mark Nesbitt, porte-parole du ministère des Soins de longue durée de l’Ontario.

Au total, 29 projets à travers l’Ontario ont obtenu le soutien du gouvernement avec, à la clé, près 3 000 places de soins de longue durée nouvelles ou modernisées. Cet investissement s’ajoute aux 761 millions de dollars supplémentaires injectés dans la construction et la rénovation de 74 sites, soit près de 11 000 places. L’Ontario veut créer 30 000 lits sur dix ans, pour un investissement de 1,75 milliard de dollars.

Toutefois, il reste extrêmement difficile de mesurer avec précision les retombées pour les francophones. Le ministère des Soins de longue durée entretient le flou sur le nombre exact de licences francophones accordées. Il ne s’est d’ailleurs fixé aucun objectif pour cette population vieillissante qui fait face à un manque chronique de place.

« Pour eux, les francophones n’existent pas »

Dans la région du Fer à cheval doré, qui s’étend de Oshawa à Niagara Falls et englobe la Grand Toronto, on estime qu’il y a un 5,8 lits pour 1 000 résidents. Ce chiffre chute à 0,8 lit pour les résidents de langue française. Les francophones sont donc cinq fois moins bien desservis que le reste de la population. L’Ontario dénombre seulement neuf foyers de soins de longue durée offrant des services en français.

La porte-parole de l’opposition en matière de soins de santé, France Gélinas, regrette que le gouvernement ne mette pas plus d’énergie dans ce dossier : « C’est une priorité pour les francophones, mais ça ne l’est pas pour le gouvernement qui fait la sourde oreille. »

La députée néo-démocrate de Nickel Belt, France Gélinas. Archives ONFR+

C’est, selon la députée néodémocrate de Nickel Belt, le résultat d’une privatisation rampante du secteur, laissant les décisions à trois grandes chaînes multinationales.

« Pour eux, les francophones n’existent pas. Le gouvernement ne les mandate pas non plus pour ça, car la Loi sur les services en français ne s’applique pas aux tierces parties. Donc le privé s’en fout. »

« Mettre des gens dans des foyers avec d’autres résidents qui ne parlent pas leur langue. C’est déplorable », lance celle qui milite plutôt pour un modèle de petites maisons de 4-6-8 résidents, qui permettrait une plus grande équité d’accès aux soins de longue durée à l’échelle de la province.