Décès d’Ursule Leboeuf : le Sud-Ouest dans la peine

Ursule Rondot-Lebœuf, figure bien connue de la francophonie du Sud-Ouest ontarien.
Ursule Lebœuf. Archives Onfr+

POINTE-AUX-ROCHES – Figure de la francophonie du Sud-Ouest ontarien, la fondatrice du Centre culturel communautaire St-Cyr et du Club de l’âge d’or, Ursule Lebœuf, plus connue sous le pseudonyme de « Tante Ursule », s’est éteinte samedi à 95 ans.

Née à Pointe-aux Roches, sur la rive du lac St. Clair, Mme Lebœuf s’est investie dans de multiples projets depuis les années 1970, à une époque où les associations et institutions franco-ontariennes n’en étaient qu’à leurs balbutiements.

Enseignante de profession, elle est devenue au fil du temps « une figure bien connue, éminemment respectée et aimée en raison de son engagement envers tout ce qui touche la langue et la culture françaises », relatent ses filles Claire, Pauline et Denise Leboeuf qui ont fait part de son décès sur le réseau social Facebook.

« Sa perte nous apporte la tristesse, mais nos souvenirs d’elle et de sa contribution à la francophonie ontarienne nous consolent », poursuivent-elles.

Surnommée « Tante Ursule » dans la communauté, Mme Lebœuf est notamment à l’origine du Centre culturel communautaire St-Cyr qui aurait célébré l’année prochaine ses 50 ans d’existence. Sous sa présidente, de 1973 à 2016, de nombreux artistes francophones se sont produits dans la région.

Jusque dans les dernières années de sa vie, elle continuait à organiser des évènements pour les aînés du centre.

« Tante Ursule », pilier de la communauté

Sa fille Denise évoque « une femme très impliquée dans sa communauté, sa paroisse et la francophonie de Pointe-aux-Roches. C’est pour que les gens puissent vivre autant que possible dans leur langue qu’elle a fondé le centre culturel St-Cyr et qu’elle organisait des activités à travers lesquelles les gens pouvaient de socialiser en français ».

Elle ajoute que Mme Leboeuf a été influencée par la télévision francophone. « J’avais 16 ans quand on a eu la télé francophone en Ontario et ma mère a eu beaucoup d’idée en voyant les festivals organisés au Québec. Elle disait : pourquoi pas chez nous? »

C’est en partant de ce constat que le centre culturel est né.

« Toutes les réunions de comité d’activité avaient lieu chez nous, dans notre maison », se remémore une de ses autres filles, Pauline, évoquant « une personne toujours très occupée et qui prenait beaucoup de plaisir à rendre service aux gens de la région ».

« On hébergeait même les artistes avant leur spectacle. C’était de belles soirées passées avec des chanteurs. Elle écrivait aussi à la main tous les mois pour le journal local, Le Réveil, qu’on imprimait et brochait dans notre sous-sol avant de l’envoyer un peu partout. Une de ses forces est d’avoir su s’entourer de gens aussi convaincus et passionnés qu’elle et les faire travailler ensemble. »

Sa nièce Lisette Rachel Leboeuf pleure, pour sa part, une « femme de grande foi, dévouée et convaincue du fait français qui a toujours milité pour la cause, entre autres pour l’obtention d’une radio française dans le Sud-Ouest de l’Ontario : CBEF ».

« Tante Ursule était un pilier de la communauté francophone dans le Sud-Ouest de l’Ontario », clame Tom Sobocan, vice-président du Club Richelieu Windsor.

Elle a aussi fondé, en 1968, la section de l’Annonciation de la Fédération des femmes canadiennes-françaises, ainsi que le Club d’âge d’or en 1973. Elle a en outre joué un rôle prépondérant dans la création du Festival de la moisson francophone et de la Chorale du tricentenaire du Sud-Ouest.

Au cœur de la lutte pour l’obtention d’une école

Elle a également œuvré au sein de plusieurs comités et organismes tels que celui du centenaire de la paroisse de Pointe-aux-Roches, du journal Le Rempart, du conseil régional de l’ACFO, du Club Richelieu, du comité Saint-Jean Baptiste et de la fondation de Place concorde.

Elle était de surcroît engagée dans la lutte pour l’obtention de la première école secondaire francophone dans la région de Windsor. Ce combat acharné à mener à l’ouverture de l’école l’Essor en 1979, après que l’Assemblée législative de l’Ontario ait voté une loi spéciale obligeant le conseil scolaire d’Essex à la construire.

Son engagement constant et ses années de bénévolat en faveur du rayonnement de langue française dans le Sud-Ouest lui ont valu de nombreuses reconnaissances et résonnent encore dans la communauté.

« Tante Ursule » laisse dans le deuil ses trois filles et leurs conjoints : Claire et Marius Moldovan, Pauline et Francis Kozina, Denise et Calixte Duguay, ainsi que sa petite fille Anne.

Cet article a été mis à jour le mardi 20 septembre 2022.