Décrite comme une « petite fille », Amanda Simard fustige « le message que cela envoie aux femmes »

La députée indépendante Amanda Simard, lors du Facebook Live le 18 mars. Capture écran ONFR+

Invitée du Facebook Live de ONFR+ ce lundi, Amanda Simard a enfoncé le clou. La députée indépendante de Glengarry-Prescott-Russell a non seulement répliqué aux propos de Brian Mulroney, et condamné le message qu’ils envoyaient.

La veille, dans l’émission Tout le monde en parle, l’ancien premier ministre  avait dénoncé la décision de Mme Simard de quitter le Parti progressiste-conservateur en novembre dernier. « Croyez-moi, c’est elle [Caroline Mulroney] qui défend les francophones. La petite fille qui a démissionné, elle est partie. C’est fini! Mais Caroline est toujours là! »

Une décision prise par la députée de Glengarry-Prescott-Russell dans la foulée des coupes francophones, le 15 novembre. Un « jeudi noir » qui avait mis fin au projet de l’Université de l’Ontario français et à l’indépendance du Commissariat aux services en français.

Interrogée dès sur le sujet dès les premières minutes d’antenne, Mme Simard a confié ne pas s’en préoccuper plus que cela. « Je ne prends pas cela personnel, en politique, il faut avoir la carapace solide (…) Ça ne me touche pas vraiment directement, mais c’est le message que cela envoie aux femmes en politique, de traiter des jeunes politiciennes de petite fille, ça c’est assez déplacé! Le côté positif de cela, c’est que tellement de gens ont dénoncé les propos. Ce sont des propos qui datent d’une époque dans le passé. »

Sans jamais citer Brian Mulroney, l’élue de Glengarry-Prescott-Russell  a regretté l’exemple. « On dit que les femmes ne veulent pas s’engager en politique, justement un exemple [les propos de M. Mulroney] qui n’était pas nécessaire! »

En juin 2018, Mme Simard était devenue la première femme élue députée tant au provincial qu’au fédéral, dans la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell constituée d’environ 60 % de francophones.

« J’ai certainement plus de pouvoir en tant que députée indépendante qu’en tant que députée marionnette du Parti progressiste-conservateur. C’était très clair en novembre que j’avais un bon aperçu comment les trois prochaines années allaient se produire si on refusait que je parle et d’enregistrer mon vote. C’est clair qu’il n’y avait pas de pouvoir à l’intérieur. »

Et de continuer : « Pour ceux qui disent qu’il fallait rester à la table, il n’y avait pas de table! C’est vraiment bien pour moi de parler pour les gens de Glengarry-Prescott-Russell sans filtre, de poser les vraies questions. »

Lundi matin, Amanda Simard avait lancé une première contre-attaque aux déclarations de M. Mulroney via les médias sociaux.

« M. Mulroney a tenté de défendre sa fille Caroline qui a complètement laissé tomber les Franco-Ontariens. Il a fait de grandes choses pour le Canada, mais ses propos appartiennent à une autre époque et n’ont pas leur place dans une société respectueuse et égalitaire », avait-elle gazouillé.

« Si on choisit de ne rien faire »

Amanda Simard a aussi réagi lors du Facebook Live aux propos de Brian Mulroney sur sa fille, Caroline, actuellement ministre des Affaires francophones de l’Ontario.

« Elle [Caroline Mulroney] est la meilleure voix que les francophones de l’Ontario ne pourraient jamais avoir », a soutenu l’ancien premier ministre canadien, Brian Mulroney. Il a défendu la gestion de crise de sa fille, après les coupes linguistiques de l’automne menées par le gouvernement de Doug Ford. À ce sujet, Brian Mulroney affirme que sa fille n’est pas l’auteure des décisions décriées. « Ce n’est pas elle qui décide. Elle est prise à travailler avec ses collègues pour réparer les pots cassés », a-t-il lancé sur le plateau de Tout le monde en parle.

L’ancien premier ministre, Brian Mulroney. Crédit image : Radio-Canada, Tout le monde en parle

« La mieux placée, mais si on choisit de ne rien faire », a rétorqué Mme Simard . « Quelqu’un peut être bien placé pour faire quelque chose, mais si on choisit de ne rien faire… Il faut agir. Quand la ministre Joly voulait s’asseoir pour avoir des discussions sur l’Université de l’Ontario français, pas de réponses, donc mieux placé mais on n’agit pas! »

La députée de Glengarry-Prescott-Russell a par ailleurs assuré « ne pas s’attendre » à des excuses de la part de l’ancien premier ministre du Canada.

Plusieurs réactions et excuses de Mulroney

Depuis dimanche soir, les réactions politiques affluent, la plupart en soutien à Mme Simard. « Les commentaires de « mon oncle » n’ont pas leur place dans notre société », a lâché par exemple le député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin.

« Force est d’admettre que Monsieur Mulroney a eu l’occasion sans réplique de réécrire des bouts de l’histoire à sa façon. Grandes choses mais lecture partiale, dont sur le français », a pour sa part commenté le chef bloquiste Yves-François Blanchet.

En milieu d’après-midi, Brian Mulroney a toutefois présenté ses excuses : « J’ai utilisé l’expression p’tite fille en parlant de la députée provinciale de Glengarry-Prescott-Russell. J’aurais dû employer l’expression jeune femme. Je n’avais aucune intention d’insulter quiconque avec ce mauvais choix de mots et je tiens à exprimer mes sincères regrets », a fait valoir l’ancien premier ministre par voie de communiqué.