Demandes en hausse pour les plaques d’immatriculation en français

TORONTO – « Tant à découvrir ». Le fameux slogan issu de la formule Yours to Discover serait de plus en plus présent sur les plaques d’immatriculation ontariennes. Pour l’année 2017-2018, quelque 3 782 résidents de l’Ontario ont fait ce choix pour les véhicules de tourisme. Un record absolu.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Depuis leur lancement en 2008, les plaques au slogan en français ont même connu une augmentation continue, si l’on en croit les chiffres obtenus par #ONfr à l’aide du ministère des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs.

Si en 2010-2011, 1 519 Ontariens se sont rendus dans les bureaux de Service Ontario demander une plaque en français, le chiffre n’a pas cessé par la suite de gonfler. En 2014-2015, la barre des 2 000 était franchie, puis deux ans plus tard celle des 3 000 (voir graphique ci-dessous).

Graphique sur le nombre de demandes de plaques avec la mention « Tant à découvrir » pour les véhicule de tourisme en Ontario.

« Pour un, c’est qu’on voit que les communautés s’organisent et sont beaucoup plus concertées qu’avant quand il y a de nouvelles décisions », croit le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, pour expliquer ce succès. « Il y a peut-être d’autres raisons, comme le financement supplémentaire attribué au Plan d’action pour les langues officielles qui a donné un coup. Un événement comme celui que nous vivons avec la crise linguistique fait ressortir le militantisme des gens. »

Pas question manifestement pour le responsable de l’organisme porte-parole des francophones de l’Ontario de bouder son plaisir. « Je suis très fier, car les gens s’affichent en français. C’est en plein dans la ligne que nous essayons de développer à l’AFO. »

L’augmentation est aussi progressive depuis 2010 pour les véhicules utilitaires (camion, camionnette). À la différence ici que le pic de plaques en français a été atteint en 2016-2017 avec 623 modèles concernés.

Le ministère des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs ne préfère pas donner d’explications sur cette hausse. « Nous ne pouvons pas spéculer sur la raison de l’augmentation de la demande de plaques. Nous continuerons à fournir des plaques françaises à ceux qui choisissent de les acquérir », nous indique-t-on dans un échange de courriels.

Les plaques avec un drapeau, petit bémol

Reste le cas des plaques d’immatriculation avec le drapeau franco-ontarien. En juin 2003, elle étaient mises en circulation mais seulement avec Yours to Discover. À partir de 2008, il a donc été possible d’ajouter la formule « Tant à découvrir », pour assurer une plaque 100 % franco-ontarienne.

Mais dix ans après, force est d’admettre que les plaques avec un drapeau franco-ontarien ne font pas florès. Au nombre de 141 pour l’année 2009-2010, elles n’ont par la suite jamais vraiment décollé. Pour 2017-2018, on comptait quelque 106 demandes, contre 108 pour l’année précédente.

Une plaque d’immatriculation avec le drapeau franco-ontarien. Source : Commissariat aux services en français

Edgar Pommainville, résident de Limoges, est l’un de ceux qui a poussé pour la mise en place des plaques d’immatriculation en français, en 2008, au nom de la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO). Une manière alors d’arrimer le drapeau franco-ontarien déjà présent à un slogan francophone. « Naturellement, on aurait souhaité que ce soit davantage », fait-il part à #ONfr.

« Je trouvais que c’était une anomalie que le drapeau franco-ontarien soit accompagné à l’époque du slogan Yours to Discorver. »

Pour obtenir une plaque personnalisée, comme celle portant un drapeau vert et blanc à la feuille de trille, les Ontariens doivent débourser 82,15 $ supplémentaires. Parmi la soixantaine d’autres possibilités : les logos de l’Université de Toronto, des Sénateurs d’Ottawa ou encore, des Maple Leafs.

« S’il faut payer cette somme, je comprends pourquoi  les gens préfèrent mettre un collant de leur titre, et cela explique pourquoi les plaques d’immatriculation en français augmentent à l’inverse de celles ayant un drapeau », conclut M. Jolin.