Dernier droit avant le jour des élections

La première ministre sortante de l'Ontario, Kathleen Wynne, le chef du Parti PC, Doug Ford, et la chef du NPD, Andrea Horwath. Crédit image: Montage photo #ONfr

[ANALYSE]

Nous y sommes. Jeudi soir, les Ontariens connaîtront le nom de leurs députés. Les quatre semaines de campagne, marquées par la remontée du Nouveau Parti démocratique (NPD) et la chute des libéraux, promettent une soirée surprenante.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Parti en pole position dans les sondages, le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) reste le favori. Doug Ford et son équipe peuvent même espérer former un gouvernement majoritaire, en partie grâce à l’appui de la couronne de Toronto, « le fameux 905 ».

Le Parti PC a-t-il réussi sa campagne? Oui, d’une certaine manière. Dans les milieux ruraux, son souhait de réduire le prix de l’essence de 10 cents le litre sonne bien souvent juste. Il n’a pas fait les erreurs de son prédécesseur, Tim Hudak, lors des élections de 2011 et 2014. Pas de phrases maladroites ni de coupures annoncées.

Mais sa volonté de baisses d’impôts, ajoutée à des investissements, sans parler de coupures justement, suscite beaucoup de méfiance chez les électeurs. Un constat encore plus vrai à l’extérieur de Toronto, loin des terres de la Ford Nation. À défaut de n’avoir pas rebuté la majorité des Ontariens, Doug Ford et son slogan For the people n’ont pas encore convaincu totalement.

Des limites pour Horwath

De son côté, Andrea Horwath s’apprête à sortir comme la grande gagnante de cette campagne. Reste à voir si ce momentum se matérialisera dans les urnes. La cinquantaine de sièges que lui prédisent les sondages pourraient lui offrir au mieux le pouvoir, au pire une influence renforcée à Queen’s Park. Dans tous les cas, le NPD devrait doubler son nombre de sièges.

Décriée au cours des derniers mois, la chef néo-démocrate a affiché une énergie nouvelle pendant la campagne. Principal fait d’armes : sa capacité à attirer dans son sillage les forces de gauche et du centre, et d’incarner le vote stratégique face à Doug Ford.

Cette « vague orange » version ontarienne a bien entendu ses limites. Les gains du NPD, beaucoup trop épars, limitent les chances de victoire de Mme Horwath. Pour beaucoup d’électeurs, les néo-démocrates restent d’incorrigibles dépensiers, avec une gestion financière douteuse. En admettant une erreur de 1,4 milliard $ dans sa plateforme en plein milieu de campagne, Mme Horwath n’a peut-être pas aidé sa cause.

La capitulation de Wynne, l’espoir pour le Parti vert

Pour Kathleen Wynne, ces quatre semaines auront été un long chemin de croix. À quelques jours du scrutin, les libéraux n’ont plus aucune circonscription assurée. Samedi matin, la première ministre sortante a même admis que son parti ne gagnerait pas. Pas certain que cette capitulation favorise son parti, ou plutôt un transfert des votes vers le NPD.

Les libéraux se sont appuyés sur leur plan budgétaire, présenté fin mars, pour mener cette campagne. Une opération séduction parfois fastidieuse, même si le document avait le mérite d’être clair sur la démarche financière. Ce ne fut pas toujours le cas pour le Parti PC et les néo-démocrates.

Enfin, il y aura une autre formation à surveiller jeudi soir : le Parti vert. Pour la première fois, le parti de Mike Schreiner pourrait disposer d’un siège à Queen’s Park. Candidat dans Guelph, le chef du parti pointe seulement à un ou deux points derrière le NPD dans les derniers sondages. Une victoire qui serait historique, et placerait définitivement cette élection de 2018 sous le signe du changement.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 4 juin.