Dernière session avant les élections

Crédit image: Maxime Delaquis

[ANALYSE]

TORONTO – On en aurait presque oublié la reprise des débats à l’Assemblée législative de l’Ontario. Entre la course à la chefferie du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario et la campagne des élections provinciales en mai, il y aura bien une session printanière à Queen’s Park. Une session somme toute brève et rapide.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Peu de chances que de grosses initiatives parlementaires viennent s’incruster dans les deux mois de séance. Cette dernière session de la 41e législature ontarienne sera plus que jamais une opposition de style entre les trois chefs, plus qu’un combat d’idées.

Deux grands moments somme toute à surveiller pour les 107 députés : l’arrivée en chambre du successeur de Patrick Brown le 12 mars, et le dépôt du budget provincial dont la date est encore inconnue.

Pour les libéraux, il s’agira de convaincre de leur capacité à équilibrer coûte-que-coûte les finances. Et soigner ainsi un style « transparent » et « responsable », qui n’a pas toujours bien fonctionné ces dernières années. Pas de doute que les troupes de Kathleen Wynne présenteront un budget équilibré. Un signe encourageant quand on sait qu’au plus fort de la crise financière de 2008, la province était en proie à un trou de 25 milliards de dollars.

Mais les doutes subsisteront toujours quant aux chiffres avancés par les libéraux. Le bureau de la vérificatrice générale de l’Ontario affirme mordicus que le déficit est en réalité de plus de 2 milliards de dollars.

 

Un chef du Parti PC probablement plus à droite

Pour ne rien arranger, le départ de Patrick Brown (bien qu’il soit candidat à sa propre succession) est en réalité une « fausse » bonne nouvelle pour les libéraux. Celui qui n’est désormais plus qu’un paria de la formation conservatrice avait la réputation – au moins sur les bancs de Queen’s Park – d’être un progressiste.

A contrario et sur le sujet de la taxe sur le carbone, Doug Ford, Caroline Mulroney ou Christine Elliott, farouches opposants au projet, n’auront de cesse de tirer à boulets rouges sur le gouvernement ontarien. La « droitisation » manifeste de la campagne du Parti PC pourrait aussi faire revenir la question de l’éducation sexuelle. Autant de dossiers qui montreront une fracture plus nette entre les libéraux et le parti d’opposition. Pour les troupes de Kathleen Wynne, à la traîne dans les sondages depuis plusieurs mois, ce n’est pas forcément la meilleure nouvelle.

 

Peu d’attentes pour les francophones

Quid des enjeux francophones dans ce contexte? Marie-France Lalonde qui jouit d’un bon bilan n’est peut-être pas au bout de ses peines. La ministre des Affaires francophones doit encore faire face à la demande répétée d’une hausse du budget de son ministère de 75 %. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) en a fait l’un de ses crédos principaux pour 2018.

Pour le reste, il y a peu de chances que cette session de transition n’augure d’autres cadeaux pour les Franco-Ontariens. Tout semble indiquer que la refonte de la Loi sur les services en français restera lettre morte, et que le statut d’État membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) n’est pas dans les plans du gouvernement.

Mais le ou la successeur de Patrick Brown risque d’être beaucoup plus mou sur les dossiers francophones. Doug Ford part de loin, Caroline Mulroney bien que parfaitement bilingue a manifestement peu de repères en la matière. Seule Christine Elliott se défend correctement. En somme, Kathleen Wynne, bien qu’attaquée de toutes parts, pourrait connaître un printemps paisible au niveau de la francophonie.

 

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 19 février.