Des changements majeurs exigés dans les prisons ontariennes

L’enquêteur indépendant mandaté par le gouvernement ontarien, Howard Sapers. Crédit image: Jean-François Morissette

TORONTO – Le conseiller indépendant, Howard Sapers, qui a été mandaté pour examiner le système carcéral ontarien, propose de revoir dans sa totalité la manière dont sont gérées les prisons dans la province. Selon lui, l’Ontario doit saisir l’occasion pour réaffirmer son engagement envers les droits fondamentaux.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

« Le système a évolué à un point où il doit être revu », a lancé d’emblée Howard Sapers.

Selon lui, de nombreux points dans le système carcéral doivent être revus dans le but d’être plus « humain ». C’est le cas notamment des fouilles, du processus de traitement des plaintes des détenus, des visites ainsi que de la réponse formulée lors du décès d’un prisonnier en détention.

M. Sapers rappelle, à titre d’exemple, que malgré les données prouvant que les contacts réguliers des détenus avec leurs proches permettaient une meilleure réhabilitation, les heures de visite sont très limitées et qu’il n’existe aucun programme en Ontario visant à faciliter le contact entre les parents et les enfants ou entre les mères et leur nouveau-né.

« L’Ontario n’a pas pleinement recours aux pratiques exemplaires dont il a été démontré qu’elles augmentent la sécurité de la communauté et améliorent la réintégration et les libérations en toute sûreté », a déploré M. Sapers.

Par ailleurs, malgré les efforts du personnel, le conseiller indépendant se désole de voir que l’Ontario a du mal à satisfaire les besoins de santé des détenus, notamment en ce qui a trait à la santé mentale.

Toutefois, M. Sapers est bien clair : il n’y a pas de solutions simples. C’est pourquoi il a appelé à l’adoption de l’ensemble de ses 62 recommandations.

« Ce n’est pas en injectant de l’argent que l’on va avoir de meilleurs services carcéraux, ce n’est pas en ajoutant du personnel que l’on aura de meilleurs résultats. Par contre, si on ajoute les ressources dans un flux de travail qui respecte les droits fondamentaux, nous pourrons avoir de meilleurs services », estime-t-il.

Lalonde s’engage sur la suite

La ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, Marie-France Lalonde, a assuré que le rapport de M. Sapers n’allait pas tomber dans l’oubli.

La ministre s’est engagée à présenter un projet de loi à l’automne pour améliorer les conditions des détenus et celles des agents correctionnels.

« Nous nous devons d’améliorer les conditions de nos détenus, tout en assurant la protection de notre personnel. Je crois fermement qu’en apportant un nouveau projet de loi, on va transformer la réalité de notre personnel », a-t-elle expliqué.

Mme Lalonde n’a toutefois pas donné d’échéance claire pour le dépôt de ce projet de loi, stipulant simplement que l’automne durait jusqu’au 21 décembre.

La ministre s’est aussi engagée à poursuivre les discussions avec le ministère de la Santé et des Soins de longue durée pour assurer que les détenus aient accès à de meilleurs soins de santé dans les prisons.

Deuxième rapport d’Howard Sapers

Il s’agit du second rapport présenté par Howard Sapers. En mai, M. Sapers avait appelé à une meilleure gestion de l’usage de l’isolement des détenus dans les prisons. Selon lui, encore trop souvent, l’isolement cellulaire est utilisé faute de ressources appropriées pour aider les détenus.

En avril, l’ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé, n’avait pas mâché ses mots envers le ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels qui applique la pratique de l’isolement des détenus dans les établissements provinciaux.

À l’époque, Marie-France Lalonde s’était aussi engagée à donner suite au rapport de M. Sapers et à celui de M. Dubé.