Des États généraux pour régler la « crise » dans le milieu postsecondaire

L'Université Laurentienne. Crédit image: Pascal Vachon
L'Université Laurentienne a connu plusieurs difficultés financières dans les dernières années. Crédit image: Pascal Vachon

Des États généraux ayant pour but de s’attaquer à la crise dans le secteur de l’éducation postsecondaire en contexte francophone minoritaire auront lieu au cours de la prochaine année. Alors même que diverses institutions comme l’Université Laurentienne traversent des crises existentielles, ces états généraux seront marqués par un sommet en 2022 qui aura pour but de formuler des recommandations pour aider le secteur.

Cette initiative est impulsée conjointement par L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) et la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

Le tout sera organisé en trois temps : tout d’abord, les deux organismes effectueront des consultations avec notamment les établissements postsecondaires, les conseils scolaires et les acteurs du milieu économique. Ensuite, les citoyens seront invités à formuler leurs idées via des forums et des consultations thématiques. Des thématiques variant sur plusieurs sujets comme, par exemple, le budget relié aux établissements ou encore les moyens pour attirer des étudiants.

Finalement, au printemps 2022 aura lieu le sommet qui sera chargé de faire un bilan des consultations pour ainsi recommander des solutions.

Cette annonce marque une récente année difficile pour l’éducation francophone hors Québec. Il y a quelques semaines, l’Université Laurentienne a coupé dans 69 programmes dont 28, en français, faisant ainsi chuter le nombre de programmes francophones de 58 %. En Alberta, depuis que le gouvernement de Jason Kenney a décidé de couper dans l’éducation postsecondaire, la survie du Campus Saint-Jean est dans la balance.

« De toute évidence, on peut qualifier ça de crise parce que c’est un secteur qui est à un point de rupture. On connaît certaines situations qui ont fait les médias, mais il y a quand même une précarité dans le secteur postsecondaire en général », souligne en entrevue avec ONFR+ Lynn Brouillette, présidente et directrice générale de l’ACUFC.

Pour Mme Brouillette, les récents événements n’ont fait que renforcer la nécessité de tenir ces États généraux.

« Ça fait déjà un an que je souhaite les mettre en place. Depuis mon entrée en poste en 2016, j’entends nos membres parler de leurs défis et de plus en plus les communautés qui s’inquiètent des enjeux par rapport aux institutions postsecondaires. On sait que c’est important pour la vitalité des communautés. C’était devenu un passage obligatoire », soutient Mme Brouillette.

La crise est aussi marquée par des problèmes de financement gouvernementaux, comme avec l’Université de l’Alberta, liée au Campus Saint-Jean, qui a vu son financement chuter de 33 % dans la dernière année.

« Il y a plusieurs acteurs qui vont être interpellés, dont les gouvernements provinciaux. C’est important que tout le monde soit à table et on va lancer des invitations plus formelles à mesure que les démarches se concrétisent, mais effectivement il faut amener les gouvernements provinciaux et le fédéral », admet la dirigeante de ACUFC.

Des souvenirs de l’UOF

On se souviendra qu’en 2012, des États généraux ont mené à l’idée de créer une université par et pour les francophones et qui est aujourd’hui le projet de l’Université de l’Ontario français (UOF). Quatre solutions avaient été proposées, notamment d’avoir diverses alliances avec les institutions bilingues de la province avant de retenir celui de l’UOF.

À la FCFA, on demandait des États généraux sur le Canada français depuis 2019.

« La situation du postsecondaire en français dans nos communautés est fragile. C’est inquiétant, c’est un défi, mais c’est aussi une occasion. Saisissons ce moment et faisons preuve de vision pour définir une expérience postsecondaire en français inspirée de nos besoins et de nos aspirations, par les francophones, pour les francophones », a déclaré par communiqué, Jean Johnson, président de la FCFA.

De son côté, la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, a indiqué que « notre gouvernement sera là avec vous pour se retrousser les manches et se mettre au travail pour assurer la vitalité et la pérennité de nos communautés ».

« C’est avec enthousiasme que j’appuie le projet de l’ACUFC et de la FCFA de procéder aux États généraux du postsecondaire en contexte francophone minoritaire au Canada. Ce sera une opportunité pour la francophonie canadienne de se faire entendre sur cette question importante, mais aussi de se mettre en mode solution, puisque nous savons qu’une francophonie forte passe par des institutions fortes. »