Des fonds pour le bilinguisme d’Ottawa

L'hôtel de ville d'Ottawa. Archives #ONfr

OTTAWA – La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, a détaillé, ce jeudi, l’utilisation d’une partie de l’enveloppe de 2,5 millions de dollars sur cinq ans promise pour appuyer le bilinguisme de la capitale nationale.

L’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa) recevra 1,25 million de dollars, sur deux ans, pour appuyer des entreprises et des organismes communautaires qui mèneront des projets visant à soutenir la vitalité et le développement économique de la communauté francophone, ainsi que le rapprochement des communautés de langue officielle.

« Cet argent-là va aller directement dans nos communautés, que ce soit pour une entreprise ou un organisme qui a un projet pour appuyer le bilinguisme dans la capitale », indique la présidente de l’ACFO Ottawa, Soukaina Boutiyeb.

Le choix d’appuyer ce projet de l’organisme porte-parole des Franco-Ottaviens s’inscrit dans la volonté du gouvernement de faire passer le taux national de bilinguisme de 17,9 % à 20 % d’ici 2036, explique la ministre Joly.

« Notre objectif, c’est encore et toujours de renforcer le caractère bilingue de notre capitale, puisqu’on est un pays bilingue. Et ça doit commencer par le fait qu’on puisse, tous les jours, parler en français et en anglais au sein de notre capitale nationale. »

Aussi pour les anglophones

Des micro-subventions de 2500 $ à 15 000 $ devraient être disponibles auprès de l’ACFO Ottawa à partir de septembre pour, par exemple, améliorer l’offre de services bilingues d’un restaurant ou d’une entreprise.

« L’idée, c’est d’aller même au-delà en permettant plus de travail en commun avec d’autres acteurs. (…) Ça ne doit pas être que des organismes francophones qui appliquent, on voudrait voir aussi des organismes et des entreprises anglophones », souligne Mme Boutiyeb à ONFR+.

La directrice générale de l’ACFO Ottawa, Ajà Besler, y va d’un exemple.

« Ça pourrait être un festival anglophone qui décide d’offrir un volet de programmation francophone, par exemple. L’idée n’est pas que ce projet-là existe en silo, mais que ce soit un projet pour développer et rapprocher, pour que le bilinguisme soit vécu par tout le monde. »

La ministre Joly explique vouloir s’appuyer sur l’expertise de l’ACFO Ottawa dans ce dossier.

« Quand les citoyens vont dans les magasins, dans des entreprises du secteur privé, ils doivent être en mesure de recevoir des services en français. Et ça, c’est au-delà de ce que la Ville et le gouvernement fédéral peuvent faire. C’est l’expertise de l’ACFO Ottawa sur le terrain. »

La ministre Mélanie Joly et la présidente de l’ACFO Ottawa, Soukaina Boutiyeb (au centre). Gracieuseté

Un argument auquel adhère le conseiller municipal de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, présent lors de l’annonce.

« La difficulté de la Ville, c’est qu’on a nos paramètres légaux sur nos services, mais c’est difficile de faire agir les entreprises et les associations qui ne reçoivent pas de fonds municipaux. Des organisations comme l’ACFO, le RGA [Regroupement des gens d’affaires], les conseils scolaires, ont les outils d’influence. Ce qui va être important dans l’approche, c’est de développer des partenariats avec les entreprises, les zones d’amélioration commerciale, la Chambre de commerce anglophone pour rendre la capitale un petit peu plus bilingue. »

Soutien de la Ville d’Ottawa

Invité à la conférence de presse de la ministre Joly, ce jeudi, le maire d’Ottawa Jim Watson était retenu par « des obligations professionnelles ». Mais son bureau assure soutenir le projet.

« La Ville d’Ottawa est heureuse de collaborer avec l’ACFO qui sera chargée de gérer ces investissements pour la communauté francophone. Le rôle de la Ville consistera à appuyer la communauté en participant au comité aviseur lors de l’évaluation des projets soumis », précise son attachée de presse, Livia Belcea.

Le maire a signé une lettre pour appuyer le projet de l’ACFO Ottawa, souligne Mme Boutiyeb.

« On a discuté avec la Ville d’Ottawa qui semble très ouverte au projet. On voit une volonté de vouloir participer pleinement. Ils y croient et veulent nous appuyer. »

Demande de financement à venir?

Le reste de l’enveloppe totale prévue dans le Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023 pour l’appui au bilinguisme d’Ottawa, soit 1,25 million, n’a pas encore été distribué. Il pourrait de nouveau être consacré au projet de l’ACFO Ottawa, selon le succès obtenu.

Le conseiller de Rideau-Vanier Mathieu Fleury. Crédit image : Stéphane Bédard

Mais la Ville d’Ottawa pourrait également y prétendre et M. Fleury se dit intéressé par cette possibilité.

« J’en ai parlé pendant la dernière campagne électorale : mon intention, c’est d’amener une stratégie sur les services en français, comme par exemple, quels sont le nombre de chauffeurs bilingues pour Para Transpo, dans les bibliothèques… La Direction des services en français, c’est souvent devenu un service de traduction et de plaintes. Il faut leur donner un mandat plus juste, plus ciblé et plus visionnaire. La Ville pourrait faire une demande de fonds pour développer cette stratégie. » 

Cet article a été mis à jour le jeudi 13 juin, à 16h54.