Des jeunes professionnels de la santé en première ligne contre l’épidémie

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Ils viennent tout juste d’obtenir leur diplôme ou sont sur le point de le faire. Les premiers pas de ces jeunes professionnels de la santé sont forcément teintés par la pandémie. ONFR+ s’est entretenu avec trois Franco-Ontariens qui ont choisi d’occuper la première ligne face à la COVID-19.

Le 1er juillet prochain, Joey Mercier fêtera sa première année de résidence. Après avoir complété ses études à l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO), le nouveau médecin originaire de Smooth Rock Falls a quitté sa province natale pour s’installer à Winnipeg, au Manitoba. L’objectif : y faire sa résidence avant de revenir dans sa région comme médecin de famille.

« J’ai toujours été intéressé par la médecine. Je suis quelqu’un de curieux, qui aime savoir  comment les choses fonctionnent et qui aime le contact humain. Longtemps, je pensais que c’était inaccessible. Puis, quand un ami a commencé ses études, je me suis plus renseigné. Et j’ai décidé d’essayer. »

Avant de se lancer, M. Mercier travaillait comme ingénieur pour Hydro One, à Ottawa. Aujourd’hui, le quotidien de ce Franco-Ontarien de 32 ans est teinté par la COVID-19.

« Nous avons la chance de ne pas être trop touchés au Manitoba. Mais comme je m’occupe de tous les gens malades qui passent par les urgences, je ne sais jamais s’ils sont positifs ou non. Ça prend 48 heures pour le savoir, alors il faut faire attention. On s’habitue vite, mais ce qui m’inquiète surtout, c’est le risque de contaminer d’autres patients ou de ramener le virus à la maison. »

Encore plus convaincus de leur choix

Car M. Mercier et sa conjointe attendent un heureux événement. Depuis un mois, celle-ci, enceinte de 28 semaines, est allée vivre chez un de leurs proches. Leurs contacts se limitent au téléphone et à la promenade du chien, ensemble, la fin de semaine.  

Joey Mercier, originaire de Smooth Rock Falls. Gracieuseté

La pandémie a très vite plongé ces nouveaux travailleurs de la santé dans la réalité d’un métier qui nécessite des sacrifices.

Cet été, Pierre Plamondon y fera ses premiers pas comme résident en médecine. Tout un changement de parcours pour ce jeune quadragénaire qui a travaillé dans les mines avant de réorienter sa carrière.

« C’est un métier qui demande beaucoup d’intellect, où on apprend tout le temps et qui est basé sur la résolution de problèmes. C’est ce qui me séduit. Et puis, ça prend de l’entregent », explique le Franco-Ontarien de Kapuskasing.

La pandémie n’a pas altéré son intérêt pour la profession.

« J’ai hâte de pouvoir commencer et d’aider là où il y a besoin, même si dans le Nord, l’isolement a permis que la COVID-19 ne se développe pas trop. »

Très intéressé par la médecine pour les personnes âgées et la possibilité d’améliorer leur qualité de vie, il note la vulnérabilité de cette catégorie de la population face au coronavirus.

« Ça renforce mon envie de faire ce métier. Je veux faire partie de la solution et aider à réfléchir à comment améliorer le système, une fois la crise passée. »

Pierre Plamondon, futur résident en médecine. Gracieuseté

La pandémie a également confirmé la vocation de Shaina Montgomery. Elle lui a aussi permis d’obtenir son premier poste, comme aide-soignante à l’Hôpital Montfort, alors qu’elle termine son diplôme en sciences infirmières à l’Université Laurentienne, mais doit encore passer son examen final pour être officiellement une infirmière autorisée.

« J’ai toujours aimé aider le monde », raconte cette Franco-Ontarienne de 22 ans originaire d’Ottawa qui retrouve depuis trois semaines les soins intensifs, après y avoir déjà effectué un de ses deux stages à l’hôpital Montfort. « La COVID-19 me montre encore plus l’importance de mon métier et le rôle complexe que nous pouvons avoir. Ça me confirme que c’est un métier pour moi. »

Des temps difficiles

Point commun de ces trois Franco-Ontariens, l’importance du contact humain qui les a dirigés vers le domaine de la santé.

« Nous avons un rapport privilégié avec les patients. On les voit quand ils sont vulnérables, qu’ils ont besoin d’aide, ils nous confient leurs secrets », explique M. Mercier. « Avec la COVID-19, les interactions avec les patients ont changé, mais elles sont encore plus importantes, car ils ne peuvent pas recevoir la visite de leurs proches. »

Ce rôle a beau être primordial et souvent gratifiant, il est aussi le plus dur à encaisser.

Shaina Montgomery, aide-soignante à l’Hôpital Montfort. Gracieuseté

« C’est dur pour les familles et pour les patients qui se sentent isolés », raconte Mme Montgomery. « Nous avons des Ipads pour faire des vidéoconférences, mais c’est difficile de voir des familles pleurer », ajoute la future infirmière qui prend très au sérieux sa mission de mettre à jour régulièrement les familles.

Malgré leur enthousiasme, difficile de rester insensible face à ces situations.

« Pour me détendre, je vais au travail en vélo, je fais de l’exercice et quand je rentre le soir, je lis des choses qui n’ont rien à voir avec la médecine. Mais cela ne m’empêche pas de me demander, tout le temps, si j’ai pris la bonne décision », confie M. Mercier.

Un changement durable

Les messages d’encouragements aident à faire face à ces moments difficiles. 

« Je pense que la COVID-19 a ouvert les yeux sur l’importance de tous les professionnels de la santé, pas seulement des médecins », estime M. Plamondon.

Mme Montgomery espère toutefois qu’une fois la crise passée, les beaux discours génèreront du concret.

« Tout le monde comprend l’importance de notre métier, mais j’espère aussi que ça va ouvrir les yeux de manière durable sur les besoins et les améliorations qui doivent être apportées, aussi bien dans les foyers de soins de longue durée que dans les hôpitaux. »