Des vétérans franco-ontariens soulignent le jour du Souvenir

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À Travers tout l'Ontario, on rend hommage, en ce 11 novembre, à ceux qui se sont battus pour le Canada. Ici à Queen's Park, ce vendredi. Crédit image: Rudy Chabannes

Honorer les vétérans pour leurs sacrifices : voilà ce que le 11 novembre représente. Pour les vétérans eux-mêmes, cette journée s’accompagne d’une reconnaissance de leur engagement, mais aussi de leur devoir. Le jour du Souvenir est aussi un moment de recueil et de sensibilisation.

Le Canada commémore cette journée à travers toutes les provinces. En Ontario, plusieurs vétérans franco-ontariens ne manqueront pas la tradition.

Célébrer la diversité

Daniel Roy est originaire de Welland. Pour ce Franco-Ontarien et Métis, qui a été réserviste pour les Forces armées canadiennes durant 15 ans, le 11 novembre est l’occasion de reconnaître l’enfer qu’ont vécu certains militaires. « Pour un vétéran, c’est aussi le moment de réfléchir à tout ça. On essaie de penser aux bons moments malgré tout. »

« D’ailleurs, dans la plupart des écoles, il y a un effort qui est fait durant plusieurs jours avant et après le 11 novembre », se ravit-il. « On raconte l’histoire des vétérans et notre jeunesse comprend bien. »

Le jour du Souvenir pour M. Roy, c’est aussi mettre de l’avant « la diversité de nos vétérans ».

Daniel Roy était dans les Forces armées canadiennes entre 1977 et 1992. Gracieuseté

« Aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes dans l’armée, il faut le reconnaître. Nos anciens combattants ne sont plus seulement des vieux hommes blancs : il y a des jeunes aujourd’hui. Nos vétérans, c’est un tapissage de toutes les couleurs. Nous devons souligner le volet autochtone, c’est très important. »

« L’armée, c’est un beau laboratoire et ce que l’on voit : c’est le réveil collectif du Canada », ajoute celui qui participe ce vendredi, au parc de la Confédération à Ottawa, aux célébrations de l’engagement des soldats autochtones, accompagné du lieutenant-général des Forces armées canadiennes, Jocelyn Paul, membre des Premières Nations.

Transmettre l’histoire

En 1960, Gilles Courtemanche a rejoint l’armée à l’âge de 16 ans comme technicien-signaleur. Basé à Kingston puis à Petawawa, il deviendra Casque bleu pour la Force de maintien de la paix de l’Organisation des Nations unies (ONU) au Congo (durant la tentative d’indépendance de Katanga). Il terminera sa carrière à Carp dans la région d’Ottawa.

« J’ai vécu durant la Guerre froide. C’est quelque chose de sérieux qu’il faut expliquer, spécialement aujourd’hui avec la guerre en Ukraine. »

« Je me souviens de la crise des missiles de Cuba », reprend-il. « Je savais qu’à tout moment que je pouvais être appelé. »

Gilles Courtemanche à son retour du Congo en 1963. Il porte un béret bleu, un chapeau distinctif des soldats de l’ONU. Gracieuseté

Selon le vétéran, « la guerre, c’est triste, mais c’est réel et ce n’est pas drôle ». C’est pourquoi il considère que la transmission de l’histoire est une étape importante en ce jour de commémoration. Le jour du Souvenir est une date cruciale à ses yeux.

À 78 ans, il se sent toujours reconnu lors de cette journée si particulière. 

Celui qui vit près d’Anprior, est présent ce vendredi à Carp, à l’est d’Ottawa, dans ce qu’il appelle « le trou ». Le vétéran organise régulièrement des visites guidées du Diefenbunker, un abri antiatomique construit secrètement durant la Guerre froide, converti en musée.

Il fait découvrir cette bâtisse dans laquelle il a lui-même vécu à son retour du Congo. « Dans le temps, nous pouvions vivre dans le trou, il fait quatre étages et pouvait accueillir 600 personnes. »

Un jour de partage

Engagé en 1962, le Colonel Roméo Lalonde est resté dans l’armée plus de trente ans. Ce Franco-Ontarien et Métis de 82 ans se recueille en uniforme ce vendredi lors des cérémonies dans sa ville de Penetanguishene.

« J’ai été déployé en France, en Allemagne, mais aussi en Afrique, mais la guerre qui m’a le plus marqué était la guerre du Golfe. Lorsque j’étais commandant de près de 750 soldats, j’avais 26 avions, 29 pilotes et tous les mécaniciens et techniciens à ma charge. »

M. Lalonde a été chef d’état-major et commandant adjoint des Forces canadiennes au Moyen-Orient, puis commandant d’un groupe opérationnel pendant la guerre du Golfe dans l’aviation royale canadienne.

Pour ce haut gradé, le 11 novembre est un jour de commémoration qui se partage avec toute la famille, les enfants et les petits-enfants.

Le Colonel Roméo Lalonde est originaire de Penetanguishene en Ontario. Gracieuseté

Une reconnaissance de tous les jours

« En étant militaire, la journée du souvenir à un intérêt spécial à mes yeux. C’est évident pour tous les militaires », renchérit Stéphane Guy.

Entré dans les Forces armées canadiennes en 1978, M. Guy s’est arrêté en 2013 après 35 ans de services. Technicien aéronef puis mécanicien de bord, il a passé plus de 21 ans en vol. Déployé eu Kosovo, en Bosnie, en Afghanistan ou encore en Égypte et au Rwanda, il a fini sa carrière comme adjudant-chef de la formation à l’Académie canadienne de la Défense puis adjudant-chef au Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe (SHAPE), une base de l’OTAN.

Pour le vétéran de 62 ans, « se souvenir des sacrifices et des militaires qui ont donné tout d’eux-mêmes, incluant mourir » est un impératif.

« Il faut absolument garder ce fait-là dans l’esprit de nos citoyens canadiens et commémorer que nos soldats ont soufferts. Une journée par an, c’est le minimum qu’on peut faire. »

Adjugant-chef à la fin de sa carrière, Stéphane Guy a aussi été mécanicien de bord, il cumule 21 années de vol. Gracieuseté

Stéphane Guy veut s’assurer que la jeunesse n’oublie pas l’histoire. « C’est bon pour eux de comprendre l’histoire, mais aussi de savoir comment ils peuvent servir leur pays. »

Le jour du Souvenir est un événement spécial pour le vétéran, mais il souligne que le respect envers les militaires canadiens se traduit aussi à d’autres moments. « Par exemple, au hockey, Les Sénateurs, dès qu’ils jouent à Ottawa, reconnaissent un militaire. Nous recevons aussi des rabais pour des achats ou la gratuité des frais de valises chez Air Canada et WestJet, juste parce qu’on est des militaires ou des vétérans. »

« Tout au long de l’année, il y a plusieurs marques de respect. On voit que les Canadiens reconnaissent notre implication. »

Le 11 novembre demeure toutefois très spécial à ses yeux : « Le geste est très important et nous fait songer au passé. »

M. Guy, est aujourd’hui commandant de la Zone G5 au niveau de la Légion royale canadienne (un organisme de soutien aux vétérans). Ce vendredi, à Ottawa, il accompagnera d’autres vétérans pour déposer une couronne de fleurs devant le Monument commémoratif de la guerre du Canada.

L’adjudant-chef Stéphane Guy, lors de la cérémonie du 11 novembre à Ottawa. Crédit image : Lila Mouch