Désignation de Vaughan : « Ça va être plus difficile »

La salle du conseil de l'Hôtel de Ville de Vaughan. Crédit: Ville de Vaughan

MARKHAM – La désignation de Markham, la 26e région désignée de l’Ontario en vertu de la Loi sur les services en français, prendra effet le 1er juillet prochain, après des années d’efforts. Ceux qui ont mené le combat poursuivent leurs démarches pour la désignation de Vaughan, mais cela risque d’être encore plus difficile, selon eux.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« À Vaughan, nous n’avons pas le leadership qu’on avait du maire de Markham. Il y a des alliés, mais il y a personne qui est prêt à faire le premier pas », selon Daniel Niesing, membre du conseil d’administration de l’Association des francophones de la région de York (AFRY). Il a été coprésident du comité de mise en oeuvre pour la désignation de Markham et travaille aussi sur le cas de Vaughan.

Il le dit sans détour : le maire de Vaughan, Maurizio Bevilacqua, n’offre pas son appui au projet. « Il n’est pas un allié jusqu’à maintenant. Évidemment, ça peut changer au mois d’octobre, le scénario peut être viré à l’envers », lance M. Niesing, en référence aux élections municipales de l’automne.

La fermeture évoquée du maire au sujet de la désignation contraste avec la biographie de ce dernier sur le site de la Ville. « Maurizio Bevilacqua est un leader communautaire respecté, reconnu pour sa capacité à bâtir le consensus […] Comme maire, il a travaillé à créer une Ville avec un fort sens de la communauté, tout en étant dédié à aller de l’avant sans laisser personne derrière », peut-on lire sur la plateforme web de la municipalité.

Dans une déclaration en français envoyée à #ONfr, le maire Maurizio Bevilacqua affirme pourtant être un allié des francophones de sa municipalité. « À Vaughan, nous soutenons aussi fièrement notre communauté francophone et manifestons notre soutien continu par l’entremise d’initiatives de développement urbain, comme la proclamation annuelle du Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes et la levée de drapeau franco-ontarien le 25 septembre prochain », a-t-il affirmé par l’entremise de son porte-parole.

Sur le cas précis de la désignation, il demeure évasif. « Nous nous réjouissons certainement des discussions avec la communauté francophone de Vaughan et le gouvernement provincial afin d’examiner des façons de soutenir davantage nos résidents francophones. En tant qu’ancien député et ministre, j’ai pu me rendre compte de visu de l’importance persistante des communautés francophones du Canada en vue de forger un avenir plus solidaire et prometteur pour notre nation », affirme le maire. « Vaughan est une communauté multiculturelle. Nous favorisons l’inclusion, le respect, la tolérance et l’égalité pour tous ceux qui vivent ici et tous ceux qui rendent visite à notre communauté dynamique, florissante et prospère », poursuit-il.

Daniel Niesing note que le contexte politique est plus complexe que par le passé. « On tombe dans une période particulière. On vient de finir une élection provinciale, les ministères doivent s’établir, déjà là on perd six à huit mois. Ensuite, il y a une élection municipale. Plein d’éléments viennent naturellement provoquer un délai », note-t-il.

Il évoque aussi les changements évoqués au processus de désignation dans la province. Le commissaire aux services en français, Me François Boileau, a suggéré de tels changements, il compte surveiller la direction que cela prendra sous la direction de Doug Ford.

« Difficile à savoir si Doug Ford sera un allié. Je n’ose pas me prononcer, c’est un nouveau gouvernement, il aura des priorités différentes. Ça va nous présenter de nouveaux défis, comme de nouvelles opportunités », renchérit-il.

Doug Ford : point d’interrogation

Nathalie Pelletier, présidente de l’AFRY, est aussi d’avis qu’une certaine incertitude entoure l’entrée au pouvoir de Doug Ford pour les francophones, notamment ceux qu’elle représente dans la région de York.

« Traditionnellement, les libéraux sont plus ouverts au bilinguisme, ça ne veut pas dire que les conservateurs le sont pas. C’est peut-être juste une question d’éducation, d’y être exposé et d’en jaser. Tant que les canaux de communications seront ouverts, il y a de l’espoir », a-t-elle lancé, vendredi, en marge de l’annonce de la désignation de Markham.

Elle est très curieuse du choix qu’il fera pour le poste de ministère des Affaires francophones. Mme Pelletier veut collaborer avec cette personne pour faire avancer les dossiers francophones.

Quant à Doug Ford? « S’il veut nous rencontrer, ça va nous faire plaisir et on est capable de parler en anglais! Pour discuter avec lui, on est prêt à faire cette entorse », lance-t-elle en référence à l’unilinguisme du chef du Parti progressite-conservateur (Parti PC).

Elle espère qu’il gouvernera pour l’ensemble des Ontariens. « Quand on a un poste comme ça, il ne faut pas juste être le leader des anglophones. On est dans un pays bilingue », souligne-t-elle. Mme Pelletier note cependant son agacement concernant le dévoilement tarif d’une plateforme en français pour le Parti PC, mais elle laisse la chance au coureur.