Désignation d’Oshawa : le bout du tunnel en vue

Madeleine Meilleur.

OSHAWA – La communauté francophone d’Oshawa pourrait voir très vite une petite avancée. La ville est en voie de devenir la prochaine région désignée en vertu de la Loi sur les services en français (Loi 8) de 1986.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« On va désigner deux autres régions bientôt, en l’occurrence la Ville d’Oshawa et Markham », a annoncé la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, en entrevue pour #ONfr. « Ça sera ma recommandation au cabinet ministériel, mais je ne peux pas répondre pour le cabinet. »

Si la demande est pour le moment toujours à l’étude à l’Office des Affaires francophones (OAF) et devra subir l’analyse des différents ministères, l’affaire parait dès lors bien engagée dans le cas de la Ville d’Oshawa, quasiment 150 000 résidents. Le tout après les nombreux remous qui avaient agité son processus initial de désignation.

À l’origine, c’est la vaste région de Durham, située dans l’est de Toronto et englobant notamment Oshawa, qui avait été retenue pour recevoir la pérennité des services en français sur l’ensemble du territoire.

Obstacle important : cette région de 600 000 résidents ne correspondait pas aux critères requis (10% de francophones ou dans les centres urbains, un total de 5000 francophones). Pour ne rien arranger, celui qui aurait pu pousser le dossier, c’est-à-dire le conseil de la municipalité régionale de Durham, avait décidé de ne pas prendre de décision. Mme Meilleur se cantonnait alors à renvoyer la balle aux élus locaux.

Devant la lenteur de la procédure, l’Assemblée des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) de Durham-Peterborough, porteuse du dossier, avait décidé finalement de faire marche arrière et concentrer ses efforts uniquement sur Oshawa, l’une des huit municipalités de Durham.

Oshawa et Markham, située dans la municipalité régionale de York, deviendraient ainsi les 26e et 27e régions désignées en vertu de la Loi 8. Le dernier cas du genre remonte à celle de Kingston en 2009. Une désignation alors « discrétionnaire » puisque la ville ne répondait pas aux critères.

 

Formule à revoir

D’après les chiffres de l’OAF, 80% des Franco-Ontariens résideraient dans une région désignée en Ontario. Mais pas question encore de promouvoir une province totalement bilingue, estime Mme Meilleur.

« La route est encore longue pour avoir une province bilingue, et ce n’est pas ma priorité pour l’instant. Je reconnais que c’est important, mais ça prend de l’argent et des appuis. »

Les désignations restent d’ailleurs essentielles aux yeux de la ministre déléguée : « Il faut plutôt que l’on se penche sur la pratique pour faire plus de régions désignées, car selon la formule passée, on a terminé la désignation en Ontario. »

Critères sélectifs, une kyrielle de lettres d’appuis provenant des élus nécessaires, le processus doit être en tout cas à revoir, estime la critique en matière d’Affaires francophones du NPD, France Gélinas, en entrevue à #ONfr. « De bonnes nouvelles s’en viennent pour Oshawa certes, mais on ne peut pas demander aux communautés francophones de telles procédures administratives et remplir autant de formulaires. »

Et d’ajouter : « Les précautions mises en place en 1986 ne sont plus valables en 2015. Il est temps de faciliter le processus. Les Ontariens voient désormais les avantages pour ceux qui reçoivent des services, mais aussi des communautés dans leur ensemble. »

 

Découragement à Kitchener-Waterloo

Ce découragement devant les obstacles reste en tout cas visible pour de nombreuses communautés. Et pas seulement dans le cas de Durham. La Municipalité régionale de Waterloo à l’ouest de Toronto, incluant notamment les villes de Waterloo, Cambridge et Kitchener, court toujours après sa désignation en vertu de la Loi 8 après des années.

« Nous avons eu un refus. Ça nous a refroidi. Le processus n’est pas arrêté, mais en veilleuse », fait savoir Nathalie Bouchard, coordinatrice pour l’Association des francophones de Kitchener-Waterloo (AFKW).

La raison de l’échec? « Nous avions des soutiens des députés fédéraux, mais pas assez de nos représentants provinciaux. C’est dommage. »