Deux machines libérales contre Stephen Harper

TORONTO – La machine libérale ontarienne est plus que jamais dédiée à travailler à l’élection de Justin Trudeau à la tête du Canada. La chef du gouvernement de l’Ontario, Kathleen Wynne, était au côté du chef libéral fédéral à l’occasion d’un grand rassemblement de militants, lundi soir à Toronto.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« On n’a pas besoin d’un nouveau leadership à Ottawa, on a besoin de leadership tout court », a lancé devant des centaines de partisans libéraux la première ministre ontarienne lors de l’une de ses nombreuses salves contre Stephen Harper. Si elle a souligné ses divergences d’opinion avec le chef conservateur sur le dossier du régime provincial de retraite, Mme Wynne a aussi évoqué d’autres questions sur lesquelles sa vision diffère de celle de M. Harper, qu’il s’agisse d’économie ou de relations internationales.

Et pourquoi Kathleen Wynne ne donne pas son appui au Nouveau Parti démocratique et à son chef Thomas Mulcair? « Car ses idées sont incomplètes ou impossibles à réaliser. Et son plan n’est pas clair », a-t-elle lancé devant une foule conquise.

Justin Trudeau a suivi au micro et il en a remis. Selon lui, Thomas Mulcair ne propose rien à la classe moyenne. Un gouvernement libéral à Ottawa travaillerait aussi davantage avec les provinces que le gouvernement Harper, a-t-il lancé, torpillant son autre adversaire. « Si le Premier ministre avait fait son travail au cours des dernières années, Kathleen n’aurait pas à faire son propre travail en plus de celui du Premier ministre canadien », a-t-il dit.

De nombreux candidats libéraux fédéraux espèrent que les images de lundi soir qui ont tourné en boucle sur les chaînes d’information du pays feront la différence le jour du vote. Il ne faut que quelques centaines de votes de plus pour gagner lors du scrutin dans certains secteurs et cette alliance peut faire la différence, selon certains candidats de la grande région de Toronto.

L’entourage de la première ministre ontarienne a confirmé à #ONfr que Justin Trudeau et Kathleen Wynne continueront de faire campagne ensemble en Ontario au cours des prochaines semaines.

« Nous allons multiplier les événements avec les libéraux fédéraux jusqu’au vote. La Première ministre participera à d’autres rassemblements. Sa priorité demeure néanmoins la gestion de la province, mais lorsqu’elle pourra, elle fera entendre sa voix pendant cette campagne fédérale », a indiqué une source proche de Mme Wynne.

L’ancien premier ministre ontarien et ancien chef intérimaire du Parti libéral du Canada, Bob Rae, était dans l’assistance. Kathleen Wynne et Justin Trudeau l’ont salué et ont souligné son héritage politique. S’il a passé plusieurs minutes à prendre des photos avec des partisans, Bob Rae a cependant refusé de répondre aux questions de plusieurs médias. « Ce n’est pas moi la vedette ce soir », a-t-il laissé tomber pour expliquer sa décision.

 

Discours en anglais et manifestation

Justin Trudeau n’a pas dit un mot de français lors du rassemblement. S’il est dans un secteur où il y a beaucoup de francophones, le chef libéral parle français, a tenu à assurer Bill Morneau, candidat du Parti libéral dans Toronto-Centre. « Justin Trudeau et Kathleen Wynne parlent toujours français lorsqu’ils en ont la chance. Mais ici, à Toronto-Centre, il n’y en a pas beaucoup », a soutenu celui qui s’exprime très bien dans la langue de Molière.

Le candidat libéral espère que l’appui de Kathleen Wynne à son chef pourra faire la différence dans sa circonscription. C’est que le combat risque d’être ardu. Lors du dernier scrutin, les libéraux avaient remporté la mise, mais en raison des changements à la carte électorale, le portrait risque d’être différent alors que le NPD avait obtenu de bons résultats en 211 dans les secteurs nouvellement ajoutés.

En marge de l’événement libéral, des manifestants ont fait entendre leur voix à l’extérieur afin de dénoncer le « flou » qui entoure la position de Justin Trudeau sur le transport du pétrole. « Tous les partis, incluant les libéraux, ne ferment pas la porte à Énergie-Est. C’est ce que je leur demande », affirme Rose-Mary Boissonneault, qui enseigne le français au primaire. Elle se dit libérale, mais Justin Trudeau n’aura son vote que s’il précise sa pensée sur les pipelines, tranche-t-elle.