District de divertissements du Kingsway : les appels commencent

Les conseillers municipaux de Sudbury se préparent à voter sur le changement de zonage du terrain qui accueillera le District de divertissements du Kingsway. Crédit image: Didier Pilon

SUDBURY – La réunion du conseil municipal du mardi 10 avril a suscité bien de l’attention de la part de la communauté sudburoise. Devant une salle comble, les conseillers municipaux ont approuvé les deux changements de zonage qui préparent le terrain pour la construction du district de divertissements du Kingsway. Toutefois, le dossier est loin d’être clos et les conseillers se préparent pour un long processus au Tribunal d’appel de l’aménagement local.

DIDIER PILON
dpilon@tfo.org | @DidierPilonONFR

Le projet du District de divertissements du Kingsway a donné lieu à deux votes. Le premier, appuyé par 11 des 13 voix, a changé le zonage du terrain qui accueillera le casino de l’entreprise Gateway. Le second vote, plus mitigé à neuf voix contre quatre, a préparé un lot adjacent à accueillir l’aréna. Toutefois, les conseillers expliquent que les permis de construction ne peuvent être accordés lors du processus d’appel.

Un stationnement dans le bassin du lac Ramsey

Lynne Reynolds, conseillère du Quartier 11 qui accueillera le District, a fait l’éloge du projet.

« Ça fait deux ans que je parle avec mes électeurs. J’ai fait le tour des collèges comme j’ai fait le tour des maisons de soins de longue durée. Je ne serais pas ici aujourd’hui à défendre ce projet si l’appui n’était pas écrasant. »

De sa part, Mark Signoretti, conseiller municipal du Quartier 1, a été la critique la plus mordante au sein du conseil.

« Je crois que c’est la pire décision que nous pouvons prendre pour nos contribuables », a-t-il déploré.

M. Signoretti a lancé la discussion avec des considérations écologiques. Le stationnement du casino se trouverait dans le bassin hydrographique du lac Ramsey. Depuis des dizaines d’années, le taux de sel du lac augmente à une vitesse alarmante, mettant en péril la faune et la flore de la région pour ensuite se retrouver dans l’eau potable de la municipalité.

Quoique la municipalité ait proposé d’utiliser du chlorure de calcium plutôt que du chlorure de sodium, M. Signoretti estime que cette décision serait favorable à l’eau potable extraite du lac, mais « ne serait pas mieux pour la vie aquatique ».

Un impact économique incertain

Le conseiller du Quartier 1 s’inquiète aussi que l’impact du casino n’ait pas été adéquatement mesuré.

« Aucune recherche sur l’impact économique du casino n’a été mandatée par la ville », ajoute-t-il. « Le seul rapport auquel nous avons accès a été produit par UrbanMetrics et ce n’est pas prometteur. On parle de bâtir un hôtel de 15 étages, sans même savoir d’où viendront tous ces gens. Il y a déjà un casino à Sault Ste. Marie et un autre ouvrira à North Bay. »

Le rapport d’UrbanMetrics, mandaté par Casino-free Sudbury, avait conclu que le casino « n’aurait pas d’impact considérable sur le tourisme à Sudbury » et viendrait même « extraire de l’argent de l’économie locale ». Toutefois, la municipalité n’a pas produit son propre rapport.

Fern Cormier, conseiller municipal du quartier 10 au centre-ville, a toutefois soutenu que ces propos ne sont pas pertinents à la discussion.

« Aujourd’hui, nous ne décidons pas si Sudbury deviendra une ville-casino. Cette décision a été prise en 2012 et reprise en 2013. Aujourd’hui, nous décidons si nous changeons le zonage d’un lot pour qu’une compagnie privée puisse acheter une propriété privée. »

M. Cormier se dit peu préoccupé par les « méfaits potentiels » des casinos.

« Je suis un conseiller municipal à temps partiel. Je ne suis pas la police de la moralité. C’est un fait : cette entente est légale. On ne peut commencer à prendre des décisions au sujet de l’aménagement du territoire en fonction de nos préoccupations morales et politiques. »

Une décision « désastreuse » pour la communauté de Chelmsford

Seul Gerry Montpellier, représentant de Chelmsford, s’est joint à M. Signoretti en votant contre la motion.

« Je suis extrêmement déçu », a exclamé M. Montpellier au micro d’#ONfr. « Les autres n’ont peut-être rien à perdre, mais pour Chelmsford, c’est désastreux. Toutes les industries de Chelmsford qui appuient la course de chevaux sont à l’eau. Les fermiers ne vendront plus de grains, ne vendront plus de foin. Les vendeurs d’attelages, le ferrage de chevaux… tout ça, c’est fini. Les chevaux ne courseront plus jamais dans le Nord de l’Ontario. »