Dix Franco-Ontariens qui ont marqué l’année 2018

Le drapeau franco-ontarien. Archives ONFR+

Tout au long de l’année, par leurs prises de position, leurs actions et leur engagement, dix Franco-Ontariens ont eu un impact particulier cette année. Tour d’horizon de cette liste, non exhaustive, dressée par #ONfr.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

DYANE ADAM

L’ancienne commissaire aux langues officielles du Canada, Dyane Adam a été très active tout au long de l’année pour pousser le projet de l’Université de l’Ontario français (UOF). Présidente du Conseil de planification, puis présidente du Comité technique de mise en œuvre de l’UOF, elle est devenue la présidence par intérim du Conseil de gouvernance de la future institution, en mai 2018.

Sur toutes les tribunes, à tous les paliers gouvernementaux, et encore plus depuis la décision du gouvernement progressiste-conservateur de mettre en veilleuse le projet, Mme Adam a vanté les mérites de l’UOF, au point d’incarner ce projet souhaité depuis des décennies par les Franco-Ontariens.

GAËTAN BAILLARGEON

Élu conseiller municipal le 22 octobre, Gaëtan Baillargeon s’était déjà distingué en devenant le seul Autochtone du conseil municipal de Hearst. Candidat malheureux aux élections provinciales dans Mushkegowuk—Baie James où il représentait le Parti libéral, il s’est également fait remarquer pour avoir refusé de prêter serment à la reine lors de son assermentation, le 3 décembre.

Le nouvel élu expliquait vouloir ainsi protester contre un symbole d’oppression des Autochtones. Alors que la greffière procédait à l’assermentation du conseil municipal, M. Baillargeon a demandé « de changer les mots du paragraphe 4, car ils sont en conflit avec ma vision des Premières nations du Canada et la reine ».

Une décision qui aurait dû le contraindre à perdre son poste. Mais finalement, l’intervention du ministre des Affaires municipales et du Logement, Steve Clark, a permis au Franco-Ontarien, qui a grandi sur la réserve de Constance Lake, d’obtenir gain de cause et de siéger à Hearst en prêtant un serment alternatif.

GUY BOURGOUIN

Nouveau député franco-ontarien à Queen’s Park, Guy Bourgouin a remporté la nouvelle circonscription de Mushkegowuk—Baie James pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), le 7 juin. Il s’agit de la deuxième circonscription à majorité francophone de l’Ontario, avec Glengarry-Prescott-Russell.

Guy Bourgouin, député néo-démocrate. Source : Capture écran

Après s’être prononcé en faveur d’une province de l’Ontario officiellement bilingue pendant la campagne, M. Bourgouin est devenu le porte-parole de son parti pour les Affaires francophones, où il a succédé à la députée de Nickel Belt, France Gélinas, qui a longtemps porté ce dossier.

Hésitant à son entrée en fonction, M. Bourgouin a vite pris la mesure de ses nouvelles fonctions, en se montrant très virulent depuis le début de la crise linguistique qui sévit en Ontario.

BERNADETTE CLÉMENT

Bernadette Clément a écrit une page d’histoire dans la municipalité de Cornwall. Conseillère municipale pendant 12 ans, elle avait décidé de briguer la mairie contre le maire sortant Leslie O’Shaughnessy. Le 22 octobre, la Franco-Ontarienne a remporté son pari, devenant la première femme et minorité visible à prendre la tête de la municipalité.

Bernadette Clément en campagne. Source : Facebook

L’élection de Mme Clément est une bonne nouvelle pour les quelque 10 000 Franco-Ontariens de Cornwall, puisqu’il fallait remonter à plus de 100 ans et Angus Lalonde pour voir un francophone élu maire.

Avocate de formation et diplômée de l’Université d’Ottawa, l’ancienne conseillère municipale franco-ontarienne est actuellement directrice générale de la Clinique juridique de Stormont. Dès son élection, Mme Clément a répété vouloir inspirer d’autres femmes pour qu’elles se lancent en politique.

CAROL JOLIN

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) espérait sans doute un deuxième mandat plus calme. Réélu face à Pablo Mhanna-Sandoval, le 28 octobre, le président de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens n’aura eu qu’un mois de calme relatif avant d’être projeté sous le feu des projecteurs.

Entrevues, réunions d’urgence, développement d’une stratégie pour réagir aux compressions imposées aux Franco-Ontariens par le nouveau gouvernement progressiste-conservateur, M. Jolin, qui se montrait optimiste après l’élection des troupes de Doug Ford et prêt à travailler avec eux, sait désormais que son organisme et lui-même sont attendus pour infléchir la position du gouvernement et s’assurer de protéger les acquis des Franco-Ontariens.

Désormais à la tête du mouvement de résistance de l’Ontario français, son année 2019 risque également d’être occupée.

ARIELLE KAYABAGA

Arielle Kayabaga a travaillé dur pendant les dernières élections municipales pour l’emporter dans le quartier 13 de London. Le 22 octobre, elle est devenue la première femme noire élue dans cette municipalité. Une issue exceptionnelle pour cette réfugiée originaire du Burundi, installée au Canada depuis ses 11 ans.

Son élection a suscité un certain espoir dans la communauté franco-ontarienne. La coprésidente de la Table de concertation Franco-Info London et comtés environnants, Nicole Buteau, espère notamment que cela permettra de faire avancer le bilinguisme du site internet de la municipalité et des services d’information aux citoyens.

MARC KEELAN-BISHOP

Il est devenu « l’illustrateur de la résistance ». L’artiste franco-ontarien du Comté de Prince Edward, toujours très actif sur les médias sociaux et créateur de nombreuses affiches et murales franco-ontariennes, dont des illustrations des rebelles franco-ontariens pour le 400e anniversaire de présence française en Ontario en 2015, s’est distingué.

L’illustrateur franco-ontarien Marc Keelan-Bishop. Source : Capture écran TFO 24.7

Tout juste la mise à jour économique du gouvernement progressiste-conservateur rendue publique, Marc Keelan-Bishop a créé l’image qui est désormais utilisée sur toutes les tribunes franco-ontariennes, représentant des poings levés devant un drapeau franco-ontarien. Plusieurs autres de ses illustrations ont également parsemé les manifestations franco-ontariennes du 1er décembre.

CAROLINE MULRONEY

Annoncée comme une future étoile de la politique ontarienne et canadienne dès de sa candidature, la ministre déléguée aux Affaires francophones, devenue aujourd’hui ministre à part entière, constitue une énigme.

La ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney. Archives #ONfr

Très attendue après l’élection du gouvernement progressiste-conservateur et l’obtention de ce portefeuille, Caroline Mulroney avait rassuré les principaux acteurs franco-ontariens en montrant intérêt et ouverture. Et ce, même si pendant la course à la chefferie du Parti progressiste-conservateur (Parti PC), elle avait semblé très mal connaître la communauté franco-ontarienne.

Mais depuis la mise à jour économique du 15 novembre, le statut de la fille de l’ancien premier ministre canadien a radicalement changé. Aujourd’hui, elle est devenue le visage des compressions imposées aux Franco-Ontariens par le gouvernement Ford. Sa défense des décisions d’abandonner, puis de remettre à plus tard, l’ouverture de l’Université de l’Ontario français à Toronto et d’éliminer l’indépendance du commissaire aux services en français, lui a valu défiance et critiques. Au point que certains, dont la députée d’Ottawa-Vanier, Nathalie Des Rosiers, demandent désormais sa démission.

LYDIA PHILIPPE

Élue en mai à la tête de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), Lydia Philippe est devenue une figure importante de la résistance franco-ontarienne.

Lydia Philippe prenant la parole lors d’une des manifestations franco-ontariennes du 1er décembre, à Ottawa. Archives #ONfr

La crise linguistique, déclenchée le 15 novembre, a propulsé l’élève de douzième année du Collège catholique Mer bleu, à Orléans, sur le devant de la scène. Du haut de ses 17 ans, la jeune leader incarne cette génération de potentiels étudiants d’une future Université de l’Ontario français.

AMANDA SIMARD

La députée franco-ontarienne s’était distinguée le 7 juin dernier en remportant la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell pour le Parti PC, alors que celle-ci était entre les mains du Parti libéral depuis 37 ans. Elle est également devenue la première femme députée dans cette circonscription.

Mais plus encore que ces exploits, Mme Simard, devenue adjointe parlementaire de la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, en début de mandat, a surtout marqué l’actualité en devenant le symbole de la résistance des Franco-Ontariens aux compressions du premier ministre Doug Ford qui touchent les Franco-Ontariens.

Après s’être désolidarisée du gouvernement, l’ancienne conseillère municipale du Canton de Russell a décidé de claquer la porte du Parti PC et siège désormais comme indépendante.

Son discours très émotif du 28 novembre en appui à la cause franco-ontarienne restera comme un moment fort de la session parlementaire à Queen’s Park.