Dossiers francophones : l’opposition fourbit ses armes

La députée néo-démocrate France Gélinas.

TORONTO – L’automne ne sera pas de tout repos pour Marie-France Lalonde. Les deux partis d’opposition promettent de mener la vie dure à la ministre aux Affaires francophones sur les bancs de Queen’s Park.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Budget du ministère aux Affaires francophones, université franco-ontarienne, bilinguisme officiel à la Ville d’Ottawa, immigration francophone ou encore refonte de la Loi sur les services en français (LSF), les dossiers ne manquent pas. « Si je dois en choisir un sur la liste des priorités, ça serait l’université franco-ontarienne », estime France Gélinas.

Pour la néo-démocrate, porte-parole de son parti en matière d’Affaires francophones, il faut avant tout une université « pan-ontarienne », une différence dès lors avec les conclusions du rapport de Dyane Adam qui propose l’installation du campus principal à Toronto. « On veut que ce soit pour l’Ontario ».

Son homologue Gila Martow du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) reconnaît que les « bonnes nouvelles » du rapport Adam cachent un autre défi : l’union des régions. « Il faut que tous les Franco-Ontariens puissent travailler ensemble, sans diviser les régions. »

En entrevue avec #ONfr, Marie-France Lalonde se veut rassurante sur le dossier. Pour la ministre aux Affaires francophones, un projet de loi pour créer l’entité légale de l’université de langue française sera déposé « le plus rapidement possible ».

Reste que d’une manière générale, il faudra pour Mme Gélinas des annonces  « concrètes » pour les francophones de la part du Parti libéral au cours de cette session d’automne. « Pour le moment, il y a eu beaucoup trop de mesures symboliques venant des libéraux. Le bilan de Marie-France Lalonde repose sur donner de l’espoir. »

Autre cheval de bataille des deux partis d’opposition : l’immigration francophone. « On ne réussit toujours pas à atteindre la cible de 5 % d’immigration », lance la néo-démocrate, qui presse les libéraux d’obtenir une « entente avec le gouvernement fédéral » sur le sujet. « On commence à prendre du retard en comparaison avec la Francophonie au Nouveau-Brunswick et en Alberta. »

Les exemples sont bien moins fracassants pour Mme Martow qui veut tout de même croire à un projet pour « donner de l’assistance » aux immigrants francophones.

Les questions culturelles en substance

Autre indication : le Nouveau Parti démocratique (NPD) entend mener la fronde sur les questions culturelles. « Les centres culturels dans les petites communautés sont tous dans une situation financière précaire (…) La Francophonie, ce n’est pas seulement Ottawa, Toronto, Sudbury, mais aussi d’autres villes », assène Mme Gélinas. Une observation qui se reflète, selon elle, dans les radios communautaires francophones. « Elles en arrachent, beaucoup, beaucoup. »

Mme Lalonde affirme malgré tout que son gouvernement est « réceptif » à l’enjeu. « Le Livre blanc sur les arts et la culture, présenté par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), a toute de suite entraîné une rencontre avec la ministre du Tourisme, de la Culture et du Sport, Eleanor McMahon. N’oublions pas que nous avons allongé le financement du Conseil des arts de l’Ontario (CAO). »

Pour la progressiste-conservatrice, l’élément de base d’une francophone vivante reste avant tout la bonne santé de l’économie. « Les communautés francophones ont les mêmes problèmes que les autres communautés, la hausse des prix n’est pas une solution (…) Si l’économie est excellente, alors il y aura plus d’argent pour investir pour les francophones. »

Des annonces à venir?

Toujours est-il que le Parti libéral ne devrait pas déroger à la tradition d’un « cadeau » aux francophones pour la Journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre. Sans confirmer une annonce, Mme Lalonde donne quelques indices sur de futures étapes.

« La refonte de la LSF est dans nos plans. La communauté francophone va me présenter un sondage d’ici les prochains mois et j’ai hâte de voir les résultats. »

Les détails du processus de désignation d’une région en vertu de la loi, actuellement en cours, devraient être aussi dévoilés « prochainement », selon la ministre aux Affaires francophones.

Il faudra vraisemblablement s’attendre aussi aux détails du fonds communautaire de 3 millions de dollars sur trois ans destiné aux organismes francophones. Rendue publique en avril dernier, cette enveloppe budgétaire devrait être précisée d’ici « les prochaines semaines », dixit Mme Lalonde.