Économie francophone : « Être une tête de pont pour s’implanter sur certains marchés »

Le directeur général du Club canadien, Richard Kempler, directeur général de la FGA. Archives ONFR+

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI

Richard Kempler est le directeur général du Club canadien et, par intérim, de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA), inaugurée ce jeudi.

CONTEXTE

Appuyé par deux salves de financement provincial de 250 000 $, la première pour la création de la FGA, la seconde pour le volet commercial de la plateforme Quartier d’affaires, le développement de l’économie francophone a des cartes à jouer en Ontario.

ENJEU

Accompagner les dirigeants et futurs dirigeants d’entreprises, accroître les échanges économiques de l’Ontario avec les pays francophones, promouvoir les produits et services locaux font partie des principaux objectifs, malgré la pandémie.

« La Fédération des gens d’affaires a-t-elle noué ses premiers partenariats?

On a eu des discussions préliminaires avec des organismes économiques francophones un peu partout dans le pays, de l’Association franco-yukonnaise à la Chambre de commerce francophone de Halifax. On a commencé notre maillage et on le continue avec, comme priorité, le Québec puisque les deux provinces veulent faire passer leurs échanges économiques de 80 à 100 milliards de dollars par an. On est en discussion avec la Chambre de commerce de l’Ontario et la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Combien de membres compte cette structure et quand débutent ses premiers programmes?

On a 14 organismes autour de la table et, à travers eux, près de 2 000 membres. Nos programmes ont commencé dès cette semaine, notamment avec un service de mentorat personnalisé gratuit que faisait déjà la SÉO et qu’on étend à l’échelle de la province. Il s’agit de jumeler des agents de développement économique certifiés à des dirigeants ou cadres supérieurs qui ont vocation à devenir dirigeant pour développer une réflexion stratégique.

Comment comptez-vous aider les femmes d’affaires?

L’aide à l’entrepreneuriat féminin va passer par six ateliers très concrets avec des expertes axés sur les pratiques numériques : comment je développe mon site web, ma boutique en ligne ou campagne marketing sur les réseaux? Ça commencera le 5 février.

En quoi consiste votre service de conciergerie d’entreprise?

C’est un centre de conseil et d’aiguillage pour tous ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreuneriat. Ont-ils le bon profil? Quelle formule de société utiliser? Où obtenir des conseils juridiques? Quelles sont les sources de financement? La conciergerie est aussi une vigie commerciale. Les systèmes d’appel d’offres gouvernementaux peuvent paraître obscurs. On va aider les entrepreneurs à se positionner.

Disposez-vous de données étayées sur l’économie francophone pour bâtir une stratégie?

Non pas vraiment. Il y a des données ici et là, mais il n’existe aucun portrait-robot de l’économie ontarienne, ses points forts et ses enjeux. C’est pour ça qu’on travaille sur la création d’un livre blanc sur l’économie franco-ontarienne que l’on espère publier d’ici fin mars. Ça sera une première base avant de faire quelque chose de plus exhaustif par la suite, en nous appuyant sur Quartier d’affaires.

À quoi va ressembler ce portail Quartier d’affaires, la plateforme des entrepreneurs francophones?

C’est le Linkedin des entrepreneurs en français couplé à un site de rencontre entre les entreprises qui cherchent des services et celles qui en proposent, à l’échelle de la ville, de la région, de la province et au-delà. C’est un gros outil de développement commercial en trois coups de clic pour trouver des clients et des fournisseurs un peu partout dans le monde.

Comment fonctionnera la FGA, une fois la subvention de 250 000 $ utilisée?

Tout comme le font les chambres de commerce, on  va générer des adhésions d’entreprise qui vont financer notre budget en partie. On espère aussi un renouvellement de notre subvention pour le budget 2021-2022.

Est-ce que le fait d’avoir comme interlocuteur un ministre des Finances francophone peut faciliter les choses?

Ça ne peut pas nuire. On se rend compte régulièrement de l’absence de voix francophone autour du gouvernement. La ministre Mulroney a très bien joué la carte de la francophonie économique pour que ça arrive aux oreilles du premier ministre. Alors, si en plus le ministre des Finances parle français, ça ne peut que nous servir. On ne l’a pas encore approché, mais le démarchage politique fait partie de nos missions.

Comment les entrepreneurs francophones peuvent-ils se battre à armes égales dans un écosystème économique et financier unilingue tourné à 99 % vers l’anglais?

On ne veut pas se limiter pas à faire des affaires entre francophones. On veut apporter une vision et un appui aux francophones pour la conquête des marchés provinciaux et mondiaux et en même montrer aux anglophones qu’on peut être une tête de pont pour s’implanter sur certains marchés. Être bilingue apporte un surcroît de croissance et favorise le commerce. On veut aussi démontrer aux autres pays que faire des affaires en Ontario, une place financière proche du marché américain, c’est facile et on peut le faire en français. On a tout pour plaire. »